FMJ MtlJeudi, 29e Semaine du temps ordinaire – B
Frère Thomas
Ép 3, 14-21 ; Ps 32 ; Lc 12, 49-53
25 octobre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Faux combat et fausse paix

Voilà un passage de l’Évangile bien étonnant !
Jésus, le Prince de la Paix,
qui proclame « heureux les doux,
heureux les artisans de paix »,
nous dit aujourd’hui que précisément,
il n’est pas venu apporter la paix dans le monde,
mais la division.
Comment pouvons-nous comprendre cela ?
Il y a une fausse paix et un faux combat.
Et de même, il y une véritable paix et un véritable combat.

Lorsque Jésus affirme
ne pas être venu apporter la paix sur la Terre,
c’est de la fausse paix dont Il parle.
Cette paix faite de compromis, d’équilibre de rapport de forces.
L’Europe par exemple – du moins l’Europe occidentale –
des siècles durant a été ensanglantée par toutes sortes de conflits,
et les deux guerres mondiales en ont été comme le paroxysme.
Voilà que depuis maintenant presque 70 ans
elle ne connaît plus de conflits armés,
grâce notamment à tout le travail de l’Union européenne.
Nous pouvons en rendre grâce à Dieu !

De même que pour notre pays, le Canada,
les habitants de tous ces pays
connaissent-ils la paix véritable pour autant ?
Devant la dislocation du tissu familial
et tous les conflits interpersonnels qui en résultent,
devant la consommation de la drogue,
devant le nombre des suicides,
devant l’explosion du trafic d’être humains
dans la prostitution et la pornographie
(véritables esclavages des temps modernes),
devant l’exploitation des pays pauvres par les pays riches,
nous pouvons douter de la réalité de la paix.
Tout cela, la culture de nos pays,
basée sur la liberté individuelle à tout prix,
est incapable de l’enrayer.

De même qu’il y a une fausse paix,
il y a aussi un faux combat.
C’est le combat qui se tourne contre l’autre,
pour le réduire à l’impuissance.
Si ce n’est pas par la violence physique,
ce sera par la violence verbale par diverses intrigues
visant à le discréditer aux yeux du grand nombre.
Ce combat est bien présent dans les démocraties :
pensons par exemple
à l’extraordinaire pouvoir des médias, des lobbys,
qui très souvent usent de violence émotionnelle
pour faire triompher une cause ou des personnes,
ou pour en discréditer d’autres.
Ce combat n’est jamais gagné,
car ceux qui aujourd’hui sont victimes
seront demain, tôt ou tard, agresseur,
par esprit naturel de revanche.

*

Lorsque Jésus affirme être venu mettre la division,
il parle d’un autre combat.
Ce n’est pas un combat contre des personnes
mais contre des esprits.
C’est le combat contre le mensonge,
contre la convoitise, contre la haine.
C’est le combat contre le mal pour la vérité,
pour la sobriété, pour l’amour, pour le bien.

C’est un combat beaucoup plus efficace que le précédent,
car il s’attaque à la racine des maux.
C’est un véritable combat, qui n’est pas gagné d’avance,
qui demande bien des efforts et des renoncements.
C’est un combat spirituel,
dont le premier champ de bataille
est le cœur de chacun d’entre nous.

C’est un combat dans lequel nous ne sommes pas seuls,
puisque Jésus, le Fils de Dieu fait homme,
l’a vaincu avant nous et pour nous.
Et toute l’Église, spécialement les saints,
est engagée avec nous dans ce combat.
C’est un combat qui n’a pas peur de l’intériorité :
il en a même un besoin impérieux,
alors que l’autre combat fuit l’intériorité.
Il a peur de la vérité qui pourrait démasquer
ses machinations et ses intrigues.

C’est pour cela que marcher à la suite de Jésus
produit toute une division.
Non pas parce que les chrétiens
manqueraient de respect envers les autres
– ou s’il arrive à des chrétiens de manquer de respect
envers ceux qui ne le sont pas,
et cela s’est malheureusement souvent produit
dans l’Histoire de l’Église, c’est qu’eux mêmes
sont entrés dans ce premier combat,
contre des personnes et par conséquent non spirituel.

Donc entrer dans le combat spirituel avec Jésus,
parce que nous sommes consumés avec Lui
du Feu de son Amour pour tous les humains,
produit de l’inimitié de bien des personnes contre nous.
Tout simplement parce que les ténèbres
ne supportent pas la lumière,
le mensonge ne supporte pas la vérité,
la superficialité ne supporte pas l’intériorité.

Cette division peut passer dans nos propres familles.
Combien d’entre nous recevons des critiques de nos proches,
parce que nous allons à la messe,
parce que nous prions,
parce que nous prenons au sérieux la foi de l’Église.

Ceux qui nous adressent de telles critiques
sont parfois de bonnes personnes avec toute une droiture.
Mais elles baignent dans toute une culture
qui dénigre ce combat spirituel auquel Jésus nous appelle.
Et ce qui est merveilleux,
c’est que ce combat spirituel
engendre une paix véritable, profonde et durable,
même au milieu des contradictions
ou des épreuves de toutes sortes.
Simplement parce qu’il s’attaque aux racines du mal.

Si nous sommes malades, nous pouvons tenir
avec des remèdes de fortune qui nous soulagent pour un moment,
mais ne nous enlèvent pas notre maladie.
Mais si nous allons voir un médecin compétent,
il nous prescrira une médication adéquate,
qui finira par faire disparaître notre maladie.

Notre médecin, c’est Jésus.
En nous faisant entrer dans le Feu de son Amour,
Il nous fait entrer dans son combat spirituel.
Il nous délivre ainsi des faux combats
qui ne résolvent pas les problèmes,
et nous fait entrer dans sa paix,
paix véritable dans toutes les dimensions de notre vie.
Paix avec des persécutions mais paix durable et profonde.

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