FMJ Mtl30e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Thomas
Jr 31, 7-9 ; Ps 125 ; Hé 5, 1-6 ; Mc 10, 46-52
28 octobre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Qui est Bartimée ?

Un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée,
était assis au bord de la route (Mc 10,46).
Il était mendiant :
il dépendait des inconnus pour sa subsistance,
sans être certain d’avoir quotidiennement
ce qu’il lui fallait pour vivre.
Il était aveugle : il entendait des voix,
du bruit, mais ne voyait pas la lumière.

Qui est Bartimée aujourd’hui ?
Ce sont les pauvres de ce monde, les nécessiteux,
les malades, les opprimés, les blessés par la vie.
Apprendront-ils que Jésus passe ?
Apprendront-ils que Jésus est le Sauveur ?
Leurs appels se frayeront-ils un chemin jusqu’à Jésus ?

Qui est Bartimée ?
Ce sont les nantis de ce monde,
qui ont tout ce qu’il leur faut.
Reconnaîtront-ils leur pauvreté fondamentale ?
Apprendront-ils que Jésus est aussi venu pour eux ?
Sauront-ils crier vers Jésus ?

Qui est Bartimée ?
C’est moi, c’est vous, c’est chacun de nous.
Découvrirons-nous notre besoin vital d’être sauvés ?
Notre foi intellectuelle deviendra-t-elle foi existentielle ?
Saurons-nous nous faire pauvres, humbles, enfants ?

Apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier :
« Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » (v. 48)
Pourquoi se mit-il à crier cela ?
Parce qu’il avait entendu tout le bien
que Jésus faisait aux pauvres, aux malades.

Lorsque nous, frères ou sœurs
passons en habit religieux à côté d’un pauvre dans la rue
– mendiant ou non – le plus souvent nous avons droit
à un large salut : « Bonjour mon frère, ma sœur, mon père ».
Pourquoi cela ?
Fondamentalement parce qu’ils savent
que nous sommes amis de Jésus.

Les pauvres, dans leur corps, dans leur âme ou dans leur esprit
savent bien que Jésus les aime.
Mais où pourront-ils le trouver ?
Lorsque mère Térésa de Calcutta
reçut l’appel de fonder les Sœurs missionnaires de la charité,
c’était aussi pour apporter Jésus
auprès des pauvres de ce monde qui en étaient privés.

Qui apportera Jésus à tous ces assoiffés d’amour et de sens
qui sont si nombreux dans notre monde ?
Et qui leur apprendra que Jésus est bien plus qu’un bienfaiteur
qu’Il est le Sauveur ?

Souvent la route vers Jésus est barrée aux pauvres,
on les faits taire comme les gens
faisaient taire Bartimée sur la route de Jéricho.
Pour que les cris de tous les pauvres, matériels ou spirituels,
puissent lui parvenir, Jésus a besoin de son Église,
Jésus a besoin de nous pour qu’Il puisse les appeler à Lui,
les aimer, les guérir et les sauver.

Parfois, Bartimée met du temps à se manifester.
Ou bien il se cache comme Zachée en haut de son arbre.
Difficile de reconnaître sa pauvreté ou de la montrer
quand apparemment nous avons tout.
Mais les nantis, les riches de ce monde sont pauvres aussi,
puisqu’un jour ils mourront.

Dans la journée de réflexion sur la foi que nous avons vécue hier
ici au sanctuaire, Mgr Lépine – notre archevêque –
nous posait la question de l’indifférence religieuse,
du sommeil de l’âme.

Ceux et celles de notre temps qui vivent dans de telles dispositions
– repus ou tendus seulement vers les richesses matérielles –
ont un Bartimée qui sommeille en eux.
Comment se réveillera-t-il ?
Comment apprendra-t-il que Jésus est là
pour étancher sa soif qu’il ignore encore.
On dit souvent qu’on ne peut pas donner à boire
à un âne qui n’a pas soif.
Mais si cet âne voit d’autres ânes en train de boire,
peut-être sa soif grandira.

D’où la nécessité de la nouvelle évangélisation,
pour montrer à nos contemporains qu’il existe une lumière,
qu’il existe une richesse pour les Bartimées aveugles et mendiants
qui sont en chacun de nous.
Peut-être alors ces Bartimées
se réveilleront chez les nantis, chez les indifférents
et se mettront-ils à crier vers Jésus
d’une manière que nous n’aurons pas prévue.
Là encore, que l’Église, c’est-à-dire nous, sache leur dire :
« Confiance, lève-toi, Il t’appelle ! » (Mc 10,49)

Faites résonner vos louanges et criez tous :
« Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël ! » (Jr 31,7)
« Jésus, Fils de David, aie pitié de moi »

Nous sommes-nous déjà surpris, frères et sœurs,
à lancer de telles prières vers le Seigneur
du fond de nos entrailles ?
Lors d’une épreuve de santé, de la perte d’un être cher,
d’un vide soudain existentiel, d’un combat spirituel ?
Dans l’occident, notre foi est souvent trop intellectuelle.

Ai-je déjà imploré Dieu comme par exemple
une femme follement amoureuse supplie son bien-aimé
de rester auprès d’elle !
Ai-je déjà remis mes cécités, mes pauvretés,
mes radicales impuissances devant Dieu
comme l’a fait Bartimée sans m’embarrasser des convenances ?

Qui est Bartimée ?

Que les pauvres de ce monde,
Bartimées qui désirent après Jésus
puissent Le rencontrer, par son Église, en son Église.
Que les nantis et les indifférents de ce monde,
Bartimées qui souvent s’ignorent,
puissent aussi rencontrer Jésus, par son Église,
et avec L’Église faire Église.

Que vous, que moi, Bartimées d’aujourd’hui
nous sachions rencontrer Jésus avec nos entrailles
pour vraiment l’accueillir dans l’épaisseur de nos vies
comme notre Sauveur.

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