FMJ MtlJeudi, 31e Semaine du temps ordinaire – B
(Bse Élisabeth de la Trinité, carmélite à Dijon, 1906)
Frère Thomas
Ph 3, 3-8 ; Ps 104 ; Lc 15, 1-10
8 novembre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Et les 99 autres, où sont-elles ?

Es-ce que nous agirions ainsi, comme ce berger ?
Laisserions-nous 99 brebis sans surveillance
pour aller chercher celle qui s’est perdue ?
Ou bien déploierions-nous autant d’effort
pour retrouver une pièce quand il nous en reste neuf ?

Dieu a une façon d’agir qui nous déconcerte.
D’où cela Lui vient-il ?
Dieu a un plan de salut universel,
pour tous les humains.
Et Jésus veut nous faire partager les dispositions de son cœur,
pour qu’en Église nous ayons à cœur d’annoncer
la Bonne Nouvelle de son amour.

Les pharisiens et les scribes récriminaient contre Jésus
parce qu’Il faisait bon accueil aux pécheurs.
Les pécheurs, ce sont ceux
qui ne suivent pas les commandements de la Loi.
Faudrait-il les ignorer, ne rien avoir de commun avec eux ?

S’ils ne suivent pas les commandements
– du moins certains commandements, apparemment –
il y a peut-être une raison.
Peut-être ne les connaissent-ils pas,
ne les ont-ils pas appris ?
Ou bien s’ils les connaissent,
ils ont été blessés par l’attitude de personnes religieuses
qui les observent d’une manière hypocrite ?
Ou encore n’ont-ils pas les capacités humaines
pour observer tous les commandements ?

Lorsque Jésus sera mis en croix, la situation sera renversée.
Ceux qui lui avaient reproché de fréquenter les pécheurs,
le feront condamner à mort comme pécheur,
comme blasphémateur contre la Loi.

Les prétendus justes deviendront à leur tour des pécheurs,
puisque contre toute justice humaine digne de ce nom,
ils feront mettre à mort Jésus.
Et du haut de la croix, Jésus priera :
« Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Voilà donc la raison profonde
pour laquelle Jésus fréquente des pécheurs.
Il espère leur conversion :
s’ils pèchent aujourd’hui, c’est par ignorance –
s’ils savaient, s’ils savaient combien Dieu les aime,
ils ne pécheraient pas.

C’est la raison aussi pour laquelle
Jésus se plaît en notre compagnie,
malgré tous les péchés
que nous pouvons encore commettre :
Il espère notre conversion
parce que nous ne connaissons pas encore pleinement
l’amour de Dieu.
C’est là le cœur de notre Dieu, universel,
qui veut que tous les humains,
quelle que soit leur origine,
quelle que soit leur culture, leur religion, leur histoire,
quel que soit leur péché,
soient sauvés.

Les pharisiens et les scribes ne comprennent pas
l’attitude de Jésus envers les publicains et les pécheurs.
Pour eux ces gens-là sont infréquentables.
Il importe que nous comprenions, nous,
l’attitude de Jésus,
car c’est elle qui est à la base de la mission,
de l’évangélisation.

L’Église parle de plus en plus de Nouvelle évangélisation,
car dans nos pays de vieille chrétienté,
il y a de plus en plus de personnes
qui ne croient pas comme nous,
qui ne pensent pas conne nous,
qui ne vivent pas comme nous.

Nous pouvons les considérer
comme des pécheurs infréquentables.
Dans ce cas nous n’aurons rien de commun avec eux.
Ou pire : Aux non-chrétiens, aux non-pratiquants
– la contemplation du Mystère du Christ, dans la prière,
et la présence auprès des pauvres
que nous ne pouvons pas éviter
puisqu’ils vivent dans le même monde que nous –
nous leur cacherons notre foi chrétienne,
nous leur cacherons notre pratique religieuse.

La Nouvelle évangélisation,
c’est d’abord la confrontation en vérité et dans la charité,
avec ceux qui ne sont pas conne nous.
La confrontation, puis l’annonce de l’Évangile,
dans la liberté des consciences.
C’est ce qu’a fait Jésus.
C’est ce que nous sommes appelés à faire à sa suite,
mais en Église.

Si nous le faisons, c’est dans la mesure
où nous en avons reçu la mission
du Seigneur Jésus Lui-même,
puis de nos responsables d’Église.

Que chacun donc, à la place qui est la sienne,
prenne part à la Nouvelle Évangélisation.
Le synode des évêques sur ce sujet,
qui s’est tenu à Rome il y a peu de temps,
retient dans sa déclaration finale
deux axes importants pour la Nouvelle évangélisation :
la contemplation du Mystère du Christ,
la prière et la présence auprès des pauvres.

Que nous sachions donc contempler,
dans notre prière, le Christ miséricordieux
pour ensuite porter sa miséricorde, son amour
– unis à l’Église, à la place qui est la nôtre –
auprès des pauvres qui ne le connaissent pas.

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