FMJ Mtl31e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Antoine-Emmanuel
Dt 6, 2-6 ; Ps 17 ; Hé 7, 23-28 ; Mc 12, 28-34
4 novembre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

De quel amour j’aime ta loi !

Tu aimeras de tout ton cœur,
de toute ton âme,
de toute ton intelligence
et de toute ta force (Mc 12,30).
En un mot : de tout toi-même.
Tout ce que tu es, mets-le dans l’Amour.
Jette tout ton être dans le mouvement de l’Amour.

Frères et sœurs, qui vit cela ?
Qui aime de tout son être ?
Dieu !
Dieu est amour écrit Jean
dans sa première lettre (1 Jn 4,8).
Tout l’être de Dieu est amour.

L’islam dit que
« Dieu S’est prescrit à Lui-même la miséricorde ».
C’est magnifique… et c’est trop peu !
Car Il aurait pu Se prescrire autre chose,
ou Il pourrait aujourd’hui Se prescrire autre chose.
Non ! Dieu est amour.
C’est son Être.
Et Dieu est fidèle à son Être.
Ce fut d’ailleurs sa toute première révélation à Moïse :
Je suis qui Je serai.
Je suis là et Je serai là (cf. Ex 3,14).

Dieu est fidèle.
Fidèle à ce qu’Il est.
Nous sommes changeants, instables, inconstants.
« Dieu est constant, immuable, toujours le même,
fidèle, parfaitement juste.
D’où il suit que nous devons nécessairement
accepter ses Paroles, et avoir en Lui
une foi et une confiance entières » (CEC 2086).

À Celui qui est Amour ;
à Celui qui nous a créés par amour
et en vue de l’amour ;
à Lui et à nul autre,
je donnerai toute ma confiance.
Pourquoi aller me fier à toutes sortes de modes de pensée
qui finissent par nous lacérer intérieurement ?
Notre foi est une réponse intelligente
à l’infinie fidélité de Dieu.

Nous n’avons pas la vie en nous-mêmes,
nous la recevons de Dieu.
Seul Dieu a la Vie en Lui-même.
C’est en Lui, en Lui seul que nous mettons notre confiance
pour ne pas être entraînés par toutes sortes de courants,
mais surtout pour vivre de la plénitude de vie
dont le désir est inscrit en nous.

*

Allons plus loin :
« Dieu est tout puissant, clément,
infiniment porté à faire le bien :
qui pourrait ne pas mettre en Lui
toutes ses espérances ? (CEC 2086)

Lorsqu’on a découvert la puissance de l’amour de Dieu,
cette puissance qui a traversé le mal,
qui a vaincu la mort ;
cette puissance qui agit en libérant,
en déliant, en guérissant ;
cette volonté inextinguible d’aimer ;
cette volonté passionnée infatigable de nous sauver,
de nous remettre toujours debout,
de nous rassembler dans l’Amour,
de nous rassemble en Lui,
qui ne mettrait pas en Dieu toutes ses espérances ?

Pourquoi dilapider notre espérance
en attendant la vie de ce qui passe, de ce qui déçoit ?
« En toi Seigneur, j’ai mis mon espérance,
jamais je ne serai déçu par la miséricorde ! » (Te Deum)

*

Frères et sœurs, …et qui pourrait ne pas aimer Dieu
en contemplant les trésors de bonté, de tendresse
qu’Il a répandus sur nous ? (CEC 2086)

Lorsque l’on fait « arrêt sur image »
et que l’on se met à regarder vers Dieu,
à contempler le déploiement d’amour
que constituent la création, la révélation et le Salut,
l’Amour de Dieu nous saisit.
Un amour d’émerveillement et de gratitude.
Un amour qui est le don de nous-mêmes à Dieu.

Tu m’as pensé, Tu m’as désiré,
Tu m’as donné vie par amour.
Je veux Te remettre ma vie,
je veux la mettre entre tes mains.
Et à chaque fois que je tomberai dans l’oubli de Toi,
je veux me laisser repêcher par ta miséricorde,
pour être plus encore à Toi.

Mettre en Dieu notre confiance.
Attendre de Lui la Vie.
Nous offrir à Lui.
Cela s’appelle foi, espérance et charité,
et c’est cela que le Seigneur désire de nous.
C’est cela aimer Dieu de tout notre être.

*

Frères et sœurs, si Dieu nous prescrit aujourd’hui
de L’aimer de tout notre être
ce n’est pas un commandement artificiel,
injuste, coercitif ou autoritaire. Non !

Dieu nous commande de devenir ce qu’Il est
puisqu’Il est Amour !
Son commandement est un appel clair
qui dégage notre liberté de toutes sortes d’esclavages.
C’est un cri d’amour qui vient chercher notre amour,
car l’amour n’est pas une denrée rare en nous :
l’amour nous habite tous,
au plus profond de notre être,
parce que Dieu nous a créés à son image.

Dieu, par son commandement,
vient chercher, vient dégager l’amour,
qu’Il a Lui-même mis au fond de nous.
Et cela, Il le fait au prix de la croix
en S’offrant Lui-même
comme nous l’a dit la lettre aux Hébreux (Hé 7,27).
Jésus est descendu au plus profond de notre être
pour trancher les liens du péché
et nous ouvrir l’Amour éternel qui s’appelle le Ciel.

Les commandements de Dieu
ne sont plus extérieurs à nous,
ils nous sont intérieurs.
La loi de l’amour est inscrite en nous (cf. Jr 31,33) :
c’est Jésus qui, de l’intérieur, nous appelle à la conversion,
à la vie, à la miséricorde, à la vérité, à la joie,
et l’Église relaye sa voix pour que nous ne nous perdions pas.

Si nous obéissons, nous sommes déliés
parce que Jésus nous délie.
Si nous refusons l’obéissance à Dieu,
nous nous enfargeons dans la névrose spirituelle
qui fait tellement de dégâts aujourd’hui.

De l’intérieur, Jésus nous appelle et nous entraîne
à une forme nouvelle d’amour
qui unit l’amour pour Dieu et l’amour du prochain,
car les deux commandements sont semblables (cf. Mt 22,39).
Ils sont semblables parce que
c’est un seul et même mouvement
qui nous entraîne au don de soi.

Frères et sœurs, en venant à l’église ce matin
pour l’Eucharistie dominicale,
nous avons fait un très bel acte d’obéissance au Seigneur.
Avoir écouté la Parole de Dieu, c’est aimer le Bon Dieu.
Nous offrir au Père dans un instant, avec Jésus,
c’est encore aimer le Bon Dieu.
Et recevoir spirituellement
et, pour beaucoup sacramentellement,
la Sainte Communion, c’est encore aimer le Bon Dieu.

Et le plus grand amour, ce sera de vivre de cette communion
cet après-midi, ce soir et toute la semaine ;
ce sera d’obéir au commandement de l’amour
dans chaque situation qui se présentera.
Voilà la belle œuvre commune de l’Esprit Saint
et de nous au quotidien !

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