FMJ MtlPrésentation de la Vierge Marie au Temple de Jérusalem
(Mercredi, 33e Semaine du Temps ordinaire – B)
Frère Thomas
Za 2, 14-18 ; Ct Lc 1 ; Mt 12, 46-50
21 novembre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Donner corps à l’Église

Selon toute une tradition
– qui ne se trouve pas inscrite
dans le canon de l’Écriture Sainte –
la Vierge Marie aurait été offerte,
présentée au Temple de Jérusalem
par ses parents Anne et Joachim
pour rendre grâce à Dieu pour cette enfant
venue après tout un long temps de stérilité.
La petite fille Marie aurait elle-même
gravit les marches du Temple sans se retourner,
comme pour s’offrir elle-même.
Marie se consacre à Dieu,
elle se met à part pour Dieu,
afin de faire pleinement sa volonté :
elle devient alors la Mère du Christ selon la chair.

Mais nous aussi nous pouvons,
en faisant la volonté du Père,
devenir frère, sœur et même mère du Christ :
en nous mettant à part pour faire la volonté de Dieu,
nous offrons notre chair pour donner corps à l’Église,
qui est le corps du Christ.

Si la tradition de la Présentation de la Vierge Marie
n’est pas biblique,
ce qui par contre est biblique,
c’est l’offrande totale d’elle-même
que Marie fit au Seigneur.

Dans l’Histoire biblique,
Marie entre en scène avec l’Annonciation.
Contrairement au prêtre Zacharie
qui a douté à l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste,
Marie a tout de suite accueilli, dans la foi et l’humilité,
l’annonce de l’ange Gabriel.
Elle a tout mis en œuvre pour faire la volonté de Dieu,
Quand l’ange lui annonce qu’elle enfantera un fils,
elle lui demande :
« Comment sera-t-il
puisque je ne connais pas d’homme ? » (Lc 1,34)
Ce n’est pas le « À quoi connaîtrais-je cela,
car ma femme et moi sonnes âgés ? » de Zacharie. (v. 18)

Çà c’est un manque de foi en la puissance de Dieu
qui est capable de faire jaillir la vie
même au cœur de la stérilité et de la vieillesse.
Marie, elle, coopère au dessein de Dieu
en questionnant sur le comment.

Avait-elle fait vœu de virginité
dans son cœur, devant Dieu ?
En tous cas elle était fiancée, promise à un homme,
Joseph, comme toutes les jeunes filles de son âge
dans la société juive de son époque.

Mais au moment de l’annonce de l’ange,
elle n’était pas mariée,
elle ne cohabitait pas avec Joseph.
L’ange Gabriel lui explique :
« L’Esprit Saint viendra sur toi,
la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre
– et encore –
l’être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » (v. 35).

Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur,
qu’il me soit fait selon ta parole » (v. 38).

Marie a accepté d’être mise à part par Dieu,
pour faire sa volonté.
Non pas d’une manière servile ou contrainte,
mais d’une manière libre et joyeuse.
Elle peut alors donner chair au Verbe de Dieu.
Elle devient alors Mère du Christ selon la chair.

L’Évangile que la liturgie a retenu pour cette Fête
est celui où Jésus affirme
que celui qui fait la volonté du Père
est pour Lui un frère, une sœur, une mère.

Pourquoi cela ?
Cette parole de Jésus n’est pas un manque de respect
envers sa Mère et ses frères (c’est à dire ses cousins)
qui cherchent à Lui parler.
Au contraire cette parole honore la Vierge Marie.
Elle est la première qui a eu le cœur
de faire la volonté du Père.
Elle s’est présentée au Seigneur,
elle s’est consacrée,
mise à part pour faire cette volonté.
Voilà donc ce que Jésus attend de nous.

À notre tour donc de nous présenter,
de nous offrir au Seigneur,
pour faire sa volonté.
Pour véritablement faire la volonté du Père,
pour la faire nôtre,
nous ne saurions nous contenter
de quelques actions isolées.

Il faut que cela nous consacre tout entier,
comme la Vierge Marie :
corps, âme, intelligence, cœur.
C’est bien là le sens du commandement de la Torah
que Jésus considère comme le premier :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de toute ton âme, de toute ta force » (Lc 10,27).

Il y a la vie consacrée, le sacerdoce.
Mais il y a aussi le mariage chrétien,
entre un homme et une femme,
dans l’unicité, la fidélité et l’ouverture à la vie.
Il y a tout simplement la vie baptismale :
la prise au sérieux du baptême que nous avons reçu.
Le concile Vatican II a remis en valeur
la vocation baptismale des chrétiens : des laïcs d’abord.
Cela signifie de témoigner de toute une vie de prière,
de charité, de pureté, de pardon.
Cela signifie de parfois se démarquer
de certaines pratiques communes.
Cela signifie de parfois vivre à contre-courant.

Lorsque Marie a conçu Jésus virginalement,
elle a été mise à part.
Être saint, c’est pour toute une part être séparé.
Mais en vue d’une plus grande communion avec Dieu,
et avec tous les humains en profondeur.
C’est à tout cela que nous conduit
de faire en vérité la volonté de Dieu.
C’est ainsi qu’en vérité
nous donnons corps à l’Église par notre personne.
C’est ainsi qu’en vérité, avec la Vierge Marie,
nous devenons frère, sœur et mère du Christ.

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