FMJ Mtl33e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Thomas
Dn 12, 1-3 ; Ps 15 ; Hé 10, 11-14.18 ; Mc 13, 24-32
18 novembre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Seul le Père le sait

Il y a la détresse, les catastrophes cosmiques,
les tribulations de toutes sortes.
Cela fait du bruit.
On dirait qu’il n’y a que cela !
Puis il y a le figuier qui bourgeonne, qui fleurit.
Cela ne fait pas de bruit.
Il faut un regard éveillé pour le remarquer.
Et finalement, il y a l’Avènement du Christ dans la gloire
pour inaugurer une Terre nouvelle, un ciel nouveau.
La liturgie de l’Église nous aide
à désirer et à préparer cela.

Ce sera un temps de détresse
comme il n’y en a jamais eu
depuis que les nations existent (cf. Dn 12,1 ; Mc 13,19)
dit le livre de Daniel.
C’est un fait que, souvent, beaucoup de gens
trouvent que leur époque
est la pire de l’histoire de l’humanité.
Chaque époque a son lot de détresses, de catastrophes
chacune de nos vies aussi.

Nous pouvons nous plaindre de tous ces malheurs.
Et quand nous lisons ou écoutons les média,
c’est souvent difficile de trouver des bonnes nouvelles.
Les catastrophes ont ceci de particulier
qu’elles font du bruit : difficile de ne pas en parler.

Mais comment allons-nous en parler ?
Il y a un regard chrétien sur toutes les tribulations,
catastrophes, guerres et souffrances de toutes sortes.
Ce ne saurait être un regard qui se voilerait la face,
qui refuserait de regarder la dure réalité en face.

Mais ce regard chrétien a en plus
la compassion et l’espérance.
Compassion, parce qu’il refuse d’endurcir
son cœur face au mal.
Espérance, parce qu’il voit au-delà du mal.

Un chrétien, devant la tribulation,
se doit de veiller à ne pas hurler avec les loups.
S’il y a de la corruption dans le monde,
nous attendons et bâtissons, nous, avec le Christ
un monde qui ne connaîtra plus la corruption.
S’il y a des guerres dans le monde,
nous attendons et bâtissons, nous,
avec le Christ un monde de paix.
Comment cela ?

Que la comparaison du figuier vous instruise, dit Jésus.
Dès que ses branches deviennent tendres
et que sortent les feuilles,
vous savez que l’été est proche (Mc 13,28).

Quel contraste soudain dans les paroles de Jésus
avec les catastrophes qui précèdent,
où même le soleil s’obscurcira et les étoiles tomberont du ciel.

C’est là que nous comprenons
que quelque chose d’autre est en train d’advenir
en même temps qu’arrivent les catastrophes.
Jésus nous le dit :
« On verra le Fils de l’Homme venir sur les nuées
avec grande puissance (…).
Il enverra les anges
pour rassembler les élus des quatre coins du monde (v. 26).

Et le prophète Daniel :
en ce temps-là viendra le salut de ton peuple,
de tous ceux dont le nom
se trouvera dans le livre de Dieu (Dn 12,1).
Mais tout cela pour l’instant est discret :
un mur qui tombe fait plus de bruit que de l’herbe qui pousse.
Mais ce qui reste au bout du compte,
c’est l’herbe et non plus le mur.

C’est avec les yeux de la foi
que nous pouvons percevoir
toutes ces réalités grandir dès maintenant.

Certes, ce n’est pas encore la Parousie,
le Christ n’est pas encore sur les nuées
avec grande puissance.
Quand cela arrivera-t-il ?
Inutile d’épiloguer sur la date de la fin du monde.
Tous ceux et celles qui essaient de prédire une date
en sont pour leur frais, car Jésus Lui-même nous dit :
« Quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît,
pas même les anges dans le Ciel, pas même le Fils,
mais seulement le Père » (Mc 13,32).

Si le Père qui aime le Fils et Lui a tout donné,
ne Lui a cependant pas révélé le jour et l’heure de la Parousie
c’est que l’important n’est pas là.
L’important pour nous est de percevoir aujourd’hui la Parousie
qui se prépare, avec les yeux de notre foi,
tel un figuier qui bourgeonne à l’approche de l’été.
Comment pouvons-nous percevoir cela ?

La Lettre aux Hébreux nous parle
de la liturgie du Temple de Jérusalem,
dans l’ancienne Alliance,
avec notamment la figure du grand prêtre.
Elle en parle pour mettre en valeur
la figure de Jésus Christ nouveau grand-prêtre,
qui s’est offert Lui-même en sacrifice
pour tous les péchés des humains, une fois pour toute.

C’est en Jésus Christ
que nous célébrons la liturgie nouvelle, en Église.
L’Eucharistie, la messe que nous célébrons
dimanche après dimanche, jour après jours,
est la communion à cet unique sacrifice du Christ.

C’est cette liturgie célébrée en Église,
pour rendre gloire au Père par le Fils dans l’Esprit Saint,
qui nous permet de percevoir dès ce monde
dans lequel nous vivons,
les cieux nouveaux et la Terre nouvelle en germe.

Par la liturgie de l’Église,
et par notre prière qui en jaillit
nous comprenons que le Ciel et la Terre passeront
mais que les paroles du Christ ne passeront pas.

Par la liturgie, issue de la liturgie du peuple d’Israël,
nous regardons au-delà des épreuves,
des tribulations, des catastrophes.
Nous y discernons des feuilles d’un figuier
qui bourgeonnent.
Nous sommes tous d’une génération
qui a vu arriver de la détresse.
Mais qu’aucun d’entre nous ne se laisse prendre
ni par la peur, ni par la haine ni par le désespoir.
Le Christ est le grand prêtre
qui par sa vie offerte sur la croix
nous fait entrer dans la foi, dans l’amour, dans l’espérance.

Heureux sommes-nous
si nous célébrons l’Eucharistie avec tout notre être !

Alors les catastrophes humaines et cosmiques
ne nous atteindront pas dans notre cœur profond.
Nous verrons déjà germer sur cette Terre
les Cieux nouveaux et la Terre nouvelle.

Alors la venue en gloire du Christ
qui arrivera en son temps
ne nous surprendra pas.

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