FMJ MtlJeudi, 25e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ag 1, 1-8 ; Ps 149 ; Lc 9, 7-9
22 septembre 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Chercher Dieu

On raconte qu’il y avait dans la forêt des Vosges un ermite,
qui, des années durant,
refusait que quiconque vienne se mettre à son école.
Pourtant, il finit par consentir à accueillir un disciple.
Que s’était-il passé ?
Un jeune plein de foi et de désir avait frappé jadis à sa porte.
« Que veux-tu ? » lui demande l’ancien.
« Je veux apprendre à prier » répond le jeune.
Et l’ancien le rejeta sans explication.

Plusieurs années plus tard,
le jeune toujours désireux
de se mettre à l’école de l’ermite,
revint frapper à sa porte.
« Que veux-tu ? »
« Je cherche à devenir saint » répond sincèrement le jeune.
Et l’ancien le renvoie de nouveau sans explication.

Les années passèrent
et le jeune désirait toujours se faire disciple d’un tel maître.
Il finit par revenir.
« Que veux-tu ? » interroge l’ancien.
« Je cherche Dieu. »
Alors l’ancien l’accueillit comme disciple.

Parce qu’il cherchait Dieu.
Il ne cherchait plus un idéal ou une expérience ou même la prière ;
il ne se cherchait plus ;
il cherchait Dieu.
Le Seigneur, par l’épreuve et par le temps, avait purifié son désir.

Le Père Henri Caffarel qui raconte cette histoire,
la commente ainsi :
« Trouver Dieu, tel est l’objectif de la vraie prière ».
Cela la rend irrésistible :
« À l’enfant qui le cherche, le Père ne saurait se dérober.
Au Père qui le cherche, l’enfant a compris enfin
qu’il ne doit plus se dérober. »

*

Et nous frères et sœurs, dans notre prière, que cherchons-nous ?
Qui cherchons-nous ?
Est-ce que tu cherches Dieu ?
N’y a-t-il pas en chacun de nous un Hérode ?
Regardons bien ce que l’Évangile nous dit d’Hérode.
Hérode, comme nous, a beaucoup entendu parler de Jésus.
Et il cherchait à voir Jésus.

Pourquoi Hérode cherchait-il Jésus ?
L’exégète François Bovon répond :
« Le prince voudrait voir et admirer un signe accompli par Jésus
non pour croire, mais pour se sentir confirmé
dans son identité princière. »
Et l’exégète italien Silvano Fausti :
« Hérode se met au centre de tout.
Pour lui, connaître (…) ne vise rien d’autre
que de prendre pouvoir sur les autres . »

Quand Hérode finit par voir Jésus :
il se réjouit à l’extrême… (cf. Lc 23,8)
Mais, s’il a bien vu Jésus, il ne l’a pas reconnu.
Il l’a regardé comme rien,
l’a bafoué et l’a enveloppé d’un habit éclatant (v. 11).
Il l’a déguisé en roi pour le désigner comme roi fantoche.
Mais le roi fantoche était Hérode.
Le Roi véritable est Jésus.

Deux règnes se font face.
Le règne d’Amour de Jésus
qui s’offre au monde depuis le trône de la Croix.
Et le règne de terreur, de violence, de domination d’Hérode
qui veut accaparer toute puissance et tout pouvoir sur le monde.
Jésus a soif de se donner.
Hérode a soif de posséder et de dominer.

Hérode voulait voir Jésus pour l’asservir à son règne.
Et c’est là le reflet du vieil homme en nous.
Le vieil homme prie pour asseoir son règne.
Il ne cherche pas Dieu,
il cherche à se concilier Dieu
ou à le mettre au service de son propre rêve de pouvoir
sur les choses, les personnes, les événements.
En face d’Hérode,
Jésus ne menace pas, ne juge pas, ne condamne pas :
Il se tait.
Il se tait et prend sur lui le mal et la violence.

Frères et sœurs, confions au Seigneur l’Hérode qui est en nous.
Que le Seigneur Lui-même le désarme et le convertisse !
C’est ainsi que nous entrerons dans la vraie quête de Dieu.
Notre prière deviendra le lieu, le moment,
du don de soi.
L’oraison, la lectio, la liturgie
seront un moment privilégié de don de nous-mêmes au Seigneur :
« Seigneur je viens me donner à toi
en te donnant mon temps, mon corps, mon attention,
en te donnant ma volonté. »

D’ailleurs n’est-ce pas là le seul chemin pour trouver Dieu ?
Nous ne pouvons communier à la vie de Dieu qui est Amour
qu’en aimant, qu’en nous donnant.
La prière est une plongée dans le don de soi.

Je me laisse à Dieu, non par mes propres forces,
mais en demandant à l’Esprit de monter en moi, de m’envahir;
et en nous faufilant dans l’offrande de Jésus au Père.

De cette prière-là, l’Eucharistie est le sommet.

© FMJ – Tous droits réservés.