FMJ MtlMardi, 22e Semaine du Temps ordinaire – B
St Gilles, ermite et abbé dans le Gard au 6e s.
Frère Benoît
(première homélie à St-Gervais)
1 Th 5, 106.9-11 ; Ps 26 ; Lc 4, 31-37
1er septembre 2009
Saint Gervais, Paris

Viens Seigneur Jésus

Jésus quitte Nazareth
et par une vallée en fleurs bien connue,
il descend à Capharnaüm.
Après son discours inaugural
à la synagogue de Nazareth,
on s’attend peut-être
à le voir partir parmi les païens :
car en effet, poussé par l’Esprit,
il interprète son envoi
comme une mission universelle
qui déborde les territoires judaïques !

Mais il ne se dirige pas d’abord là,
en Sidon où en Syrie par exemple.
Plusieurs mois encore il va parcourir
les villages et les villes de la Galilée et de la Judée.
Nous sommes au chapitre 4 de St Luc
et ce n’est qu’au 8e chapitre
que nous allons voir Jésus
passer sur l’autre rive du lac de Génésareth.

C’est donc en Galilée à Capharnaüm qu’il vient,
et où il veut, en plein cœur de la synagogue des élus,
rencontrer l’homme dépossédé de sa liberté,
de sa capacité de s’adresser à Dieu librement,
pleinement et sans crainte,
car il est enchaîné par le mal et possédé par un autre,
par un esprit du mal,
par un esprit qui possède pour détruire.

Or Jésus vient en son domaine.
Il vient reprendre sa seigneurie
sur ce qui lui appartient.
Il vient chercher sa créature,
l’homme, sa propre image, son fils et son frère !
Il vient en Israël et il vient en Église,
prendre possession, s’approprier,
rendre son propre bien à lui-même
par un acte de libération.

Quelle est la réaction de cet homme
à la venue du Seigneur, à sa présence ?
On peut constater que la présence de Jésus
suscite en lui un effroi,
la peur d’être perdu,
ou la peur de perdre quelque tranquillité.

Sa voix monte,
comme pour étouffer la contradiction qui naît en lui :
le Saint, le Saint de Dieu vient me perdre !

En effet, frères et sœurs,
combien de fois cela nous arrive
et même dans la prière,
au moment où la grâce, la sainteté de Dieu,
réclame sa juste place en nos vies.
Je me rappelle ce que disait cet été, au Canada,
le prédicateur de notre retraite, le P. Michel Vigneau :
c’était la belle histoire
d’un couple récemment converti au christianisme,
grâce à une expérience forte
de Renouveau dans l’Esprit Saint.
Ils disaient : « C’est vraiment terrible cher Père,
cette présence de Dieu :
on ne peut même plus pécher en paix ! »

Mais il y a plus dans notre Évangile.
Et c’est ce qui nous semble peut-être
le plus difficile à voir :
c’est que chez cet homme
ce changement de propriétaire,
ne lui a fait aucun mal.
Quand le Seigneur viendra
est-ce que ce sera comme un ouragan ?
Comme un tremblement de terre ?
Comme un feu dévorant ?
Viens-tu donc, Seigneur,
comme un voleur dans la nuit ?

Oui et non.
Son Jour est un jour du Jugement.
Mais sa venue est comme l’aurore.
Ne vous laissez pas effrayer !
Vous n’êtes pas dans les ténèbres,
vous êtes tous des fils de la Lumière !
Des fils du jour,
alors le jour ne vous surprendra pas
comme un voleur !

Chaque jour nous attendons ta venue Seigneur
en proclamant ta Résurrection !
Nous n’avons pas à crier d’effroi
mais nous chantons :
Saint, Saint, Saint
le Seigneur, Dieu de l’univers.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
En son Nom prendre possession de son bien !

Oui, la venue du Seigneur est comme l’aurore,
sa sainteté est notre joie,
sa gloire, la masse éternelle de sa gloire
fond sur nous et en nous en joie,
en paix au-delà de nos tranquillités,
en libération dont a fait l’expérience
ce frère de la synagogue de Capharnaüm.

Que notre chant et notre désir
monte donc maintenant,
quand c’est le vrai maître de nos vies qui vient !
Oui, viens Seigneur,
prends-moi,
possède-moi,
possède ton image,
l’homme qui t’appartient !
Libère-moi et nourris-moi,
toi qui m’avais fait pour toi !
Toi Jésus, que ta venue soit bénie. Amen.

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