FMJ MtlSamedi, 7e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Jc 5, 13-20 ; Ps 140 ; Mc 10, 13-16
1er mars 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Un petit exercice d’écologie humaine

Croyez-vous en Dieu créateur du ciel et de la terre,
de l’univers visible et invisible ?
Oui ! Moi aussi…

Alors nous croyons en une « création »
qui a un Auteur, un Créateur, qui est Dieu.

Dès lors nous reconnaissons qu’il existe une nature,
et donc un ordre de la nature,
un langage de la nature.
La nature elle-même nous dit quelque chose.
Elle parle.

Qu’est-ce alors que l’écologie ?
L’écologie c’est « écouter le langage de la nature
et y répondre avec cohérence »

Et qu’est-ce que l’écologie humaine ?
C’est écouter le langage de notre nature humaine
et y répondre avec cohérence.

« Car l’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi.
L’homme est esprit et volonté, mais il est aussi nature.
Et sa volonté est juste quand il respecte la nature,
quand il l’écoute,
quand il s’accepte lui-même pour ce qu’il est,
qu’il accepte qu’il ne s’est pas créé de soi. »
C’est même ainsi « que se réalise la véritable liberté humaine »

Vous voyez notre travail d’écologie humaine ?
Il s’agit d’écouter notre nature,
de lire notre nature,
et d’y répondre avec cohérence.

Et parce que nous croyons
que la nature est œuvre du Créateur, œuvre de Dieu,
la nature est une Parole de Dieu…
Et il s’agit de l’écouter, d’y obéir.

Vous voyez que les chrétiens
comme tous ceux qui croient en un Créateur,
ont un rôle particulier à jouer
pour cette écoute du langage de la Création.
Ne serait-ce que pour discerner
ce qui est ordonné et désordonné vis-à-vis de la nature.

Nous autres chrétiens, nous bénéficions en plus
d’une possibilité d’écoute d’une profondeur inouïe.
Parce que l’Incarnation – de l’Annonciation à la Pentecôte – ,
et même de la Première alliance à la Pentecôte,
n’a pas changé la nature humaine,
mais elle en a révélée une valeur insoupçonnée,
une dignité, une grandeur extraordinaire.

Une chose est de dire qu’une route est belle ;
autre chose est de dire que cette route
peut te mener en Dieu, peut te conduire jusqu’en éternité…

Nous avons cette belle mission d’écouter
le langage de la nature humaine
et de témoigner d’une réponse cohérente avec cette nature.

Et quand nous parlons de la nature humaine,
nous parlons de la personne,
mais inséparablement du mariage et de la communion,
mais aussi de la relation à l’environnement
et de la relation avec Dieu.

C’est tout cela l’écologie de la personne humaine.

Alors qu’est-ce qu’une nouvelle écologie humaine ?
C’est une nouvelle écoute de la nature
et une nouvelle réponse cohérente !

De quelle nouveauté s’agit-il ?
D’abord de la nouveauté de l’écoute de la Parole de Dieu
parce que la Parole de Dieu est toujours nouvelle.
C’est aussi la nouveauté de la Tradition de l’Église :
il suffit de penser à la théologie du corps de Jean-Paul II.
C’est également l’écoute des leçons de l’histoire :
l’histoire nous enseigne beaucoup.
C’est enfin la nouveauté des avancées scientifiques, techniques,
médicales, philosophiques…

Tout cela en vue d’une réponse cohérente
qui permette à l’humanité de cheminer vers l’horizon
de l’Écologie humaine qui peut se résumer dans la prière de Jésus :
« Que tous soient un comme Nous sommes un » (Jn 17,22).

*

Faisons alors un petit exercice d’écologie humaine.
Que nous dit le Seigneur à travers la Première lecture
et l’Évangile d’aujourd’hui ?

Saint Jacques nous parle aujourd’hui du malade.
Nous allons donc lire ensemble cette réalité de notre nature
qu’est la maladie.

Quelle réponse cohérente
Jacques nous invite-il à donner à la maladie ?
Il nous parle de prière.
Il nous parle de frères qui viennent prendre soin du malade.
Il nous parle de moyens, en l’occurrence de l’huile.

Bien sûr, il y a le labeur de la médecine…
Mais le malade a aussi besoin de prière,
il a besoin de frères,
et il a besoin de la création.

Dans quel but ?
Jacques parle de la guérison,
mais aussi du pardon, et du Salut.

Regardons simplement ce fait d’écologie humaine.
Le malade nous appelle à prier,
à nous tourner vers Dieu.
Le malade nous appelle à nous rassembler,
à sortir de nous-mêmes pour aimer.
Le malade nous appelle à prendre conscience
des bienfaits de la nature.

Vous voyez comme l’écologie de la personne humaine
ne dit pas que le malade ou le mourant
est un poids pour la société…
Au contraire…

Regardons de la même façon l’Évangile.
Là nous sommes face à une autre réalité de la nature humaine :
l’enfant.
Ici aussi il faut écouter la nature
et y répondre avec cohérence.

Quelle lecture font les disciples
encore privés de la grâce de Pentecôte ?
Pour eux, en face du Christ,
l’enfant est inutile et gênant.
Quelle lecture font les mamans qui amènent leurs enfants à Jésus ?
Elles ont à cœur le devenir de leur enfant
et voient que ce devenir dépend d’un toucher de Dieu.
Quelle lecture fait Jésus ?
Jésus voit l’urgence de les laisser venir à lui,
pour qu’ils reçoivent la tendresse de Jésus
et la bénédiction de Jésus
par des gestes très sensibles, corporels.
Et Jésus voit en eux des modèles de l’accueil du Royaume.

Voilà le regard écologique :
l’enfant n’est pas inutile et gênant :
il éveille la tendresse
et il montre le chemin de Dieu.

Ces deux textes ne parlent pas explicitement des pauvres.
Je vous invite à écouter, dans cette même approche écologique,
d’autres textes de l’écriture qui parlent des pauvres.

Gardons simplement au cœur cette lumière :
c’est le malade, c’est l’enfant, c’est le pauvre
qui nous introduisent dans la véritable écologie humaine.

Plus notre cœur s’ouvrira à eux,
plus notre vie sera écologiquement cohérente…

Seigneur, apprends-nous à écouter la nature
que tu as amoureusement façonnée
et que tu as choisi d’épouser
pour la guérir et la conduire en toi.
Que notre écoute soit obéissante.
Qu’elle se traduise dans des choix de vie
qui témoignent de cette nouvelle écologie
où tu nous rassembles dans l’unité de ton Amour.
Amen.

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