FMJ MtlJeudi, 34e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Dn 6, 12-28 ; Dn 3, 68-74 ; Lc 21, 20-28
28 novembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Tout converge en un Visage

Quand Jésus avait annoncé que viendront des jours
Où, du Temple de Jérusalem,
il ne restera plus pierre sur pierre
les disciples avaient demandé à Jésus :
« Quand cela va-t-il arriver ? »
et : « Quel sera le signe
qui annoncera cette destruction ? » (cf. Lc 21,7)

La réponse vient aujourd’hui :
Le signe sera l’encerclement de Jérusalem
par les légions romaines.
Et Jésus prolonge cette annonce
en révélant la conduite à tenir ce jour-là :
En un mot : partez vite, fuyez,
ne restez surtout pas en ville
comme on fait en général pour se tenir en sécurité…

Les disciples ont dû trembler en entendant cela.
Car on attendait plutôt :
Quand Rome voudra détruire la ville sainte
et le Temple de Dieu,
ne craignez rien,
restez auprès du Temple
et Dieu sera votre bouclier…

Il ne dit pas : le ciel et la terre passeront
mais le Temple de Dieu ne passera pas…
Il dit : Le ciel et la terre passeront,
mes paroles ne passeront pas (Lc 21,33).

Non ! Le Dieu d’Israël
ne va pas protéger son Temple Saint…
Il va laisser Titus et quatre légions romaines
mettre le Temple en miettes
et tout incendier en août de l’an 70.

Que Jésus l’annonce aussi clairement
cette « désertification » de Jérusalem
nous dit que ce n’est pas simplement
une page historique parmi d’autres.
C’est un jugement de Dieu.
C’est une Parole de Dieu.

Le Seigneur nous dit là
que le culte sacrificiel est terminé.
L’adoration liée à un autel, un temple, une ville sainte,
tout cela est terminé.

Non pas que la religion ait pris fin,
mais que la religion a désormais
un nouveau visage qui est celui de Jésus.

La religion, l’adoration, est désormais un visage
un visage défiguré et lumineux,
un visage souffrant et glorieux :le visage de Jésus.

*

Et qu’y a-t-il au terme de cette Religion nouvelle ?
Il y a la rencontre de Jésus.
C’est ce que Jésus annonce
dans la deuxième partie de l’Évangile.

Parmi les prophéties du Premier Testament
sur la glorification du Messie, sur la victoire d’Israël,
sur la fin des Temps,
Jésus a clairement une préférence.
Il y a un texte dans lequel plus qu’en tout autre,
il a reconnu le terme de l’histoire :
la Prophétie du chapitre 7 de Daniel.

C’est un texte qui met en scène
quatre bêtes qui sortent de la mer
et un fils d’humanité qui avance vers Dieu.

Les quatre bêtes toutes monstrueuses
représentent les empires de notre monde
qui sortent de la mer, c’est-à-dire des eaux ténébreuses du mal.
Toutes sont d’une immense puissance, et toutes vont périr.

Puis vient non plus une bête démesurément puissante,
mais un fils d’humanité
qui, lui, est absolument désarmé.
Il ne s’appuie sur aucune puissance mondaine.
Il n’a pour arme que l’innocence
et la confiance envers Dieu de qui il s’approche.

Le texte nous dit qu’il vient sur les nuées du ciel
– ou avec les nuées du ciel –
Lui qui est homme,
vraiment homme puisqu’il est « fils d’humanité »
appartient néanmoins au monde céleste.
Il est de Dieu…

Le texte nous dit aussi qu’il avance.
Le Livre de Daniel ne dit pas qu’il vient vers nous,
mais qu’Il va vers Dieu.
Et de Dieu il reçoit une puissance extraordinaire, divine,
une royauté indestructible.

La suite du texte est alors surprenante
parce que cet homme est identifié à un peuple,
le peuple des saints du Très Haut.
Il est bien un homme, unique, revêtu de la gloire divine,
et son corps est un peuple,
un peuple de saints.
sa gloire n’est donc pas
une gloire jalousement gardée pour soi :
sa gloire est partagée
par une multitude d’hommes et de femmes
qui à travers lui ont été sanctifiés.

Frères et sœurs, voilà le texte
qui fit battre le cœur de Jésus.
Une humanité véritable, innocente et confiante
qui va vers le Père
et avec un peuple sans nombre,
reçoit un règne d’amour qui n’aura pas de fin.

Quand Jésus dit au grand prêtre où mène sa Passion,
Il donne ce texte mais, avec une perspective nouvelle.
« Désormais vous verrez le Fils de l’homme
assis à la droite de la Puissance
venir sur les nuées du Ciel » (Mt 26,64).
Il vient vers le Père… et il vient vers nous.
Et cela, nous le verrons.

Et quand Jésus veut dévoiler ce qui adviendra à la fin du monde,
Il donne ce même texte avec ces mêmes perspectives :
« Alors ils verront le Fils de l’homme
venir dans une nuée » (Lc 21,27).

Voilà le terme : Celui qui vient vers le Père vient vers nous.
L’A-venir est une rencontre avec Jésus dans sa gloire et nous la verrons…

Et Jésus ajoute : « Quand cela commencera à arriver,
redressez-vous, élevez vos têtes :
c’est qu’elle est proche votre délivrance ! » (Lc 21,28)

Le terme de l’histoire, c’est la rencontre de Jésus.
C’est Jésus qui, avec nous et pour nous, reçoit la gloire du Père
et c’est notre délivrance.

En vivant de l’Évangile
nous sommes un peuple en marche vers la délivrance.

Tu peines, tu boîtes sur le chemin
mais ne crains pas : Jésus vient vers toi.
Tu boîtes… mais reste sur le chemin :
Jésus vient vers toi
et ta délivrance est proche !

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