FMJ MtlCOMMÉMORATION DE TOUS LES FIDÈLES DÉFUNTS – B
Frère Antoine-Emmanuel
Job 19,1.23-27a Rm 5,6b-11 Jn 3, 16-17
2 novembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Reçois-les dans ton Royaume !

L’Église nous appelle ce soir
à poser un acte de grand amour.
Nous ne prions pas ce soir tant pour nous-mêmes
ou pour le monde qui nous entoure :
nous prions pour une multitude d’âmes
que nous ne voyons pas
et que nous ne verrons pas aussi longtemps
que durera notre pèlerinage sur cette Terre.

Nous prions pour la multitude des âmes
qui ont connu la mort, la première mort,
qui l’ont vécu sans être dans le refus radical
et définitif de l’Amour de Dieu
auquel peut conduire le péché mortel,
et qui ne sont pas encore non plus
parvenus à la pleine pureté de l’amour
qui leur ferait jouir immédiatement après la mort
de la vision béatifique de Dieu
par la communion parfaite avec le Christ.

Dans sa tendresse infinie,
dans son éternel désir
de nous unir à Lui pour l’éternité,
ces âmes, Dieu les purifie.
Il les purifie pas son Amour.
Il les purifie en suscitant en elles
le désir brûlant de Le rejoindre,
de communier à sa divine béatitude.

Le Seigneur les purifie amoureusement des péchés
qui n’ont pas encore été absous
et des séquelles des péchés qui peuvent demeurer
chez l’homme justifié après la rémission de la faute.

Nombre de saints ont eu une connaissance mystique
de ce passage au feu de l’Amour
que nous appelons Purgatoire.
Passage douloureux pour l’âme,
mais dont la douleur n’a absolument rien à voir
avec la peine de l’Enfer.
« En réalité, un état dont le centre est l’Amour de Dieu
– c’est le Purgatoire –
et un autre dont le centre est la Haine
– c’est l’Enfer –
ne peuvent être comparés » .

Nous savons tous ce que peut-être ici-bas
un moment de purification de notre foi,
de notre espérance, de notre amour.
Ces nuits de l’esprit, ces nuits des sens
dont parle Jean de la Croix.
Ces moments où le Divin Potier fait sécher son œuvre
pour la mener à sa pleine beauté.

Nous savons ce que ces moments nous coûtent
parce que nous nous sentons impuissants,
vulnérables, menacés…
Combien nous avons besoin de l’Église à ces moments-là.
Nous avons besoin de son enseignement
pour ne pas céder à la noirceur ;
nous avons besoin de sa sagesse
pour ne pas céder à la désespérance.
Nous avons besoin plus encore des sacrements
qui, au-delà du sensible et de l’intelligible,
opèrent en profondeur en nos vies.
Mais nous avons aussi – et tellement – besoin
de la prière et de l’amitié de nos frères et sœurs.

Si cela est vrai de nous qui cheminons ici-bas,
c’est encore plus vrai des âmes
qui connaissent la purification de l’Au-delà.
La foi de l’Église et l’expérience mystique des saints
nous disent combien ces âmes
peuvent être aidées et soutenues par notre prière,
par notre amour qui se traduit
en intercession, en suffrage, en offrande.

Pourquoi notre prière est-elle si importante ?
Par nous-mêmes nous n’avons aucune capacité
d’influer sur ce que vivent ces âmes
et jamais nous ne cherchons
une forme de communication directe avec elle hors de Dieu.
Mais lorsque nous laissons jaillir notre grâce baptismale,
et plus encore lorsque nous célébrons l’Eucharistie,
nous exerçons notre sacerdoce royal,
nous prions dans le Christ ;
le Christ prie en nous.
C’est au nom de Jésus
que nous nous tournons
vers le Père pour invoquer
la surabondance de sa miséricorde pour les défunts.
En offrant notre vie avec Jésus sur cet autel,
nous complétons en notre chair
ce qui manque à la Passion du Christ
pour son corps qui est l’Église, (cf. Col 1,24)
et particulièrement pour les âmes en attente
de la pleine effusion de l’Amour.

Ce soir, c’est le Christ total
– la Tête et le corps que nous formons –
qui se tourne vers le Père
qui s’offre au Père pour que de nombreuses âmes
accueillent sans tarder la pleine purification
qui les immergera dans l’Amour
et dans l’attente joyeuse, priante et adorante
de la Résurrection finale.

Dieu, nous l’avons entendu,
a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique
afin que quiconque croit en Lui
ne se perde pas
mais ait la vie éternelle (Jn 3,16).
C’est le don merveilleux de la Pâques de Jésus,
C’est la preuve de l’Amour de Dieu (cf .Rm 5,8)
C’est le débordement de l’Amour trinitaire.
Voilà ce dont nous sommes les serviteurs
pour nos « frères et sœurs défunts
qui ont quitté ce monde,
et dont le Seigneur connaît la droiture ».
Dans un instant, au nom de Jésus,
sur ce Golgotha de la Messe
et dans la victoire de la Résurrection,
nous allons prier le Père :
« Reçois-les dans ton Royaume
où nous espérons être comblés de ta gloire
tous ensemble et pour l’éternité ». (PE n° III)

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