FMJ MtlMercredi, 30e Semaine du temps ordinaire – B
Frère Thomas
Ép 6, 1-9 ; Ps 144 ; Lc 13, 22-30
31 octobre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La porte étroite

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite
pour être sauvés », dit Jésus (Lc 13,24).
Cette parole ne doit pas nous décourager.
Au contraire, elle doit nous stimuler.
Pour entrer dans le Royaume des Cieux,
il faut savoir se faufiler, être malin.
Non pas pour frauder, resquiller
(on ne saurait frauder avec Dieu),
mais pour savoir toucher le Cœur de Dieu.
Pour cela, il importe donc de connaître le Cœur de Dieu,
comme l’ont fait les saints.
Connaissons-nous le Cœur de Dieu ?

Dans l’Évangile que nous venons d’entendre,
il y a ceux et celles qui arrivent au Royaume
quand le maître a déjà fermé la porte.
Cela nous rappelle la parabole
des vierges sages et des vierges folles (cf. Mt 25, 1-13).
Ces dernières arrivent en retard à la salle de noces
car elles étaient parties s’acheter l’huile
qu’elles n’avaient pas emportée.

Que disent alors tous ces gens qui sont arrivés en retard ?
« Seigneur ouvre-nous ! »
Et que répond le Seigneur ?
« Je ne sais pas d’où vous êtes ! »
ou encore « Je ne vous connais pas ».
Alors, si apparemment le Seigneur ne les connaît pas,
ils vont tenter de se faire reconnaître ;
ils vont Lui montrer leur carte d’identité
de bon catholique (en quelque sorte).
« Nous avons mangé et bu en ta présence,
et tu as enseigné sur nos places » (Lc 13,26).

Et dans l’Évangile selon Saint Matthieu,
au chapitre 7 au verset 22 :
« Seigneur, n’est-ce pas en ton nom
que nous avons été prophètes,
en ton nom que nous avons chassé les démons,
et ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? »

Et nous dirions, nous aujourd’hui :
Je suis un bon catholique, j’ai été baptisé,
j’ai fait ma première communion,
je vais à la messe,
je vais à la confesse,
je fais des bonnes œuvres.

Et que répond le Seigneur ?
Cela ne l’émeut pas, Il persiste et signe dans son refus :
« Je ne sais pas d’où vous êtes.
Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal. » (Lc 13,27)
Il est étonnant par exemple comment certaines personnes
peuvent faire valoir leur état de catholique
pour des choses qui n’on rien à voir avec la religion.
Tel par exemple justifier le fait
qu’il/elle ne se conduit pas correctement dans une église
par le fait qu’il est un bon catholique.

Un passant dans la rue qui cherchait un restaurant,
à qui je répondais que je n’en connaissais pas beaucoup
vu mon état de moine,
me disait qu’il respectait ma tenue religieuse :
ce à quoi je répondais :
Et ceux qui n’ont pas de tenue religieuse,
vous ne les respectez pas ?

Dieu ne fonctionne pas ainsi.
Il ne regarde pas à nos pratiques extérieures superficielles,
à nos titres, mais à la droiture de notre cœur et de notre vie.
Les réactions de toutes ces personnes citées plus haut
peuvent être compréhensibles pour toute une part :
elles ont sans doute été marquées par toute une éducation
où l’état extérieur de catholique comptait.
Nous apprenons dans l’Évangile
que ce n’est pas cela qui compte pour Dieu.
Il y a donc là une méconnaissance du Cœur de Dieu.

*

Qu’est-ce donc qu’entrer par la porte étroite ?
C’est d’abord vivre selon la justice et la droiture,
attentifs aux personnes et à Dieu.
Si les vierges dites folles avaient pensé
à prendre suffisamment d’huile pour leurs lampes,
elles ne seraient pas arrivées en retard
au rendez-vous pour les noces.

Cela signifie-t-il que si nous ne sommes pas prêts,
il y a un moment où c’est trop tard ?
Tant que nous sommes sur cette Terre, en tous cas,
il n’est jamais trop tard pour changer, pour nous convertir.
La porte étroite consiste alors à trouver des brèches
pour arriver auprès de Dieu.
Mais il nous faut alors connaître son cœur.
Dieu a horreur de la comédie.
Si nous faisons valoir des mérites superficiels,
nous avons vu que cela ne marche pas.
Nous pouvons faire valoir des mérites plus réels
– si nous en avons –
mais nous risquons là aussi d’être perdants :
même ceux qui font valoir le bien réel qu’ils ont fait,
en chassant des démons ou en opérant des guérisons
perdent leur temps.

Non ! Une chose que nous pouvons faire valoir,
c’est la miséricorde de Dieu.
C’est ce que les saints ont bien compris,
et notamment Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
lorsqu’elle disait qu’elle arriverait au Ciel les mains vides,
sans faire valoir aucun de ses mérites.

C’est ce qu’a compris le Bon Larron crucifié avec Jésus,
qui après avoir reconnu ses torts, se tourne vers Jésus :
« Souviens-toi de moi
quand tu viendras dans ton Royaume ! » (Lc 23,42)

Ah, si les vierges folles l’avaient compris,
elles auraient demandé miséricorde à l’époux
pour leur insouciance.
Il leur aurait dit alors : « Ah ! là je vous reconnais ! »
Et il aurait entrebâillé la porte
pour les faire entrer dans la salle de noces.

Que nous ayons donc à bien connaître
le cœur du Christ notre Dieu.
Il n’a que faire de l’étalage de nos exploits humains ou religieux !
Il attend notre droiture, notre justice.
Il attend surtout que nous connaissions
son Amour et sa Miséricorde
car c’est Lui et pas nous
qui est la source de toute justice véritable !

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