FMJ MtlMercredi, 27e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ga 2, 1-2.7-14 ; Ps 116 ; Lc 11, 1-4
8 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Quelle familiarité !

Quelle familiarité : le Dieu Saint,
le Créateur qui donne la vie, la croissance et l’être ;
le Tout-Puissant à qui appartient le jugement ;
Celui qui est l’au-delà de tout ;
Celui dont nul ne peut saisir le mystère,
nous l’appelons Père (Lc 11,2).

Simplement Père.
Tout bonnement Père.
Rien de plus.
Pas de titres, pas de protocole… Père
Simplement Père.

Et celui qui nous apprend à parler ainsi
n’est pas un révolté ou un fraudeur.
C’est le Fils unique du Père Lui-même,
Dieu né de Dieu.

Il vient nous prendre chacun, chacune là où nous sommes,
et Il nous emmène dans cette relation toute simple,
toute franche, toute filiale avec le Père des Cieux.

C’est cela la prière du « Notre Père » :
c’est Jésus qui nous prend par la main
et nous emmène dans cette confiance toute filiale.

Jésus nous découvre le visage du Père
et nous nous mettons à dire avec Lui :
« Père, que ton nom soit sanctifié. » (Lc 11,2)
C’est-à-dire : Père, fais connaître à tous les humains qui Tu es.
Que personne ne soit privé
de la joie de Te connaître et de T’aimer.

Puis, Jésus nous découvre la tendresse du Père
et nous nous mettons à dire avec Lui :
« Père, que ton Règne vienne » (id.),
c’est-à-dire : Père, fais que ton Amour règne sur notre terre.
Que personne ne soit privé de ta grâce.
Que personne ne soit privé
du débordement d’amour qui jaillit de ton cœur.

Puis, Jésus nous rend le Père si proche, si proche,
que nous osons Lui demander le pain de chaque jour.
Nous osons Lui demander ce qui nous fait vivre.
Aussi pécheurs, et donc ennemis de Dieu
que nous puissions être,
nous demandons au Père tout ce qui nous fait vivre.
Et pas pour nous seuls :
pour le grand « nous » de toute l’humanité
parce que Jésus nous dévoile l’immensité du cœur du Père.

Puis, Jésus nous prend encore une fois par la main
pour demander le plus beau, le plus fou, le plus merveilleux :
le pardon !

Jésus nous révèle que l’amour du Père
ne se ferme jamais en face de nos misères,
de nos refus, de nos égoïsmes.
La source du Pardon est éternelle
et le Père a hâte de la déverser en nous
qui en avons tous un immense besoin.
Qui d’entre nous n’a pas besoin de la miséricorde de Dieu ?

La gratuité de l’Amour de Dieu s’offre à nous
pour que nous puissions aimer et pardonner à notre tour.
« Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés ! » (Lc 11, 4)
Le Père nous pardonne
pour que nous puissions pardonner.

Et où Jésus nous conduit-Il ultimement ?
« Ne nous fais pas entrer dans l’épreuve » (id.)
c’est-à-dire : Père, ne nous laisse pas entrer dans la tentation.
Père nous sommes si faibles,
et sans cesse menacés de céder aux tentations
de pouvoir, de convoitise, de domination,
d’orgueil, de tristesse, de désespoir, d’égoïsme, de jugement.
Père, veille sur nous.
Que les tentations qui viennent sans cesse
deviennent des occasions pour grandir en Toi,
pour Te redire notre confiance, notre fidélité, notre amour filial.
Chaque tentation peut devenir l’occasion
de nous serrer tout près de Toi.
Parce que nous comptons non sur nos pauvres forces,
mais sur ton éternelle tendresse.

*

Quelle familiarité !
Jésus nous apprend à ne rien cacher au Père…
Inutile de jouer un rôle !
Inutile de cacher nos misères !
Inutile de nous draper de nos petits mérites !
Père.
Simplement Père…

Comme on comprend la fougue de l’apôtre Paul
quand des chrétiens voulaient revenir à une logique de mérites
où l’amour de Dieu s’achète à coup de bonnes œuvres…

Non ! Le visage de Dieu ne se découvre pas
par le chemin de la peur.
« Devant ta face, plénitude de joie…
À ta droite délices éternelles… » (Ps 15(16),11)
C’est sur le chemin de la pauvreté du cœur que Jésus nous conduit,
et Il le fait en chaque messe.

Nous arrivons à la messe riches de nos péchés
et nous donnons au Père cette mauvaise richesse,
nous la jetons dans son pardon.

Nous arrivons à la messe riches de nos bonnes œuvres
et nous donnons au Père cette richesse
lorsque nous Lui remettons tout avec Jésus :
« Par Lui, avec Lui, et en Lui… »

Et le cœur ainsi appauvri, c’est-à-dire libéré,
nous pouvons dire « notre Père ».
Et nous le dirons tout à l’heure.

Ce qui compte, c’est de ne garder aucun trésor en nos cœurs
pour que la Croix de Jésus soit notre unique trésor,
notre unique fierté.
Alors, c’est dans un éclat de joie que nous dirons « Notre Père ».
Alors, c’est déjà la Résurrection qui bourgeonne en nous
et porte son premier fruit !

Prier le Notre Père, c’est dire avec Jésus et avec tous les humains :
Père, je voudrais que tous Te connaissent.
Père, je voudrais que tous vivent de Toi.
Père, je voudrais que tous reçoivent tout de Toi.
Père, je voudrais que tous se plongent dans ton pardon.
Père, je voudrais que personne ne s’éloigne de Toi.
Amen.

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