FMJ MtlNOTRE DAME DU ROSAIRE
Frère Thomas
Ac 1, 12-14 ; Ct Lc 1, 46…55 ; Lc 1, 26-38
7 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La puissance du chapelet

Prions-nous le Rosaire, le chapelet ?
En tous cas, nous ne pouvons pas l’ignorer.
C’est un trésor de la prière chrétienne.
Avant d’être des formules de prière à réciter,
il est la contemplation des merveilles de la vie de Jésus
mise à la portée de tout un chacun.

Au Moyen-âge, en Europe,
seuls les prêtres et les moines de chœur,
qui connaissaient le latin,
étaient capables de prier les psaumes.
Pour les autres, les frères et sœurs convers, et les laïcs,
le chapelet a été mis en place,
afin qu’ils puissent eux aussi prier
une prière chrétienne significative.

De nos jours, les psaumes étant édités et priés
dans les langues parlées des divers pays,
le chapelet ne saurait être assimilé
à la prière des personnes peu cultivées.
Les psaumes, la Liturgie des heures, comme le chapelet,
sont accessibles à tous.

Le Saint pape Jean-Paul II
– lui-même homme d’une grande culture –
priait chaque jour le Rosaire.
Et il a même écrit une lettre apostolique
vers la fin de son pontificat,
encourageant tous les fidèles à prier le Rosaire.

La prière à Marie du chapelet
commence par la salutation
de l’Ange Gabriel à l’Annonciation :
« Je te salue, Comblée-de-grâce,
le Seigneur est avec toi.
» (Lc 1,28)
Nous laissons ainsi Marie nous prendre par la main,
comme notre maman du Ciel,
pour contempler, pour repasser avec Elle les merveilles,
les mystères, joyeux, douloureux, glorieux
et lumineux de la vie de Jésus.
Comme la récitation du chapelet est scandée
par une prière répétitive et simple,
notre intelligence se trouve ainsi fixée
et notre cœur libre de s’épancher à l’intérieur de nous,
pour repasser avec Elle les merveilles de Dieu,
les merveilles de nos vies,
ainsi que les demandes que nous adressons au Seigneur.
Ce n’est pas là du rabâchage,
contre lequel Jésus nous met en garde dans notre prière.
Il s’agit plutôt d’un écrin pour mettre en valeur
la prière de notre cœur.

S’ajoute à cela un aspect corporel,
avec les grains de chapelet.
Nous prions ainsi avec notre corps,
avec notre toucher et aussi notre vue.
Un jour une religieuse priait le chapelet
dans un autobus de Montréal,
en le tenant dans une de ses mains.
Cela a permis à une femme musulmane
de l’identifier comme chrétienne,
et de l’inviter aussitôt à s’asseoir à côté d’elle.
Le chapelet peut ainsi revêtir aussi
un aspect de témoignage de notre foi.

Beaucoup de traditions religieuses ont aussi leurs chapelets,
avec des formules de prière simples qui leur sont propres,
pour soutenir la prière intérieure de leurs fidèles :
ainsi en est-il pour les musulmans, ou pour les bouddhistes.
Le chapelet chrétien, le rosaire,
revêt donc aussi un aspect de lien
dans le dialogue interreligieux.

La vierge Marie était là avec les apôtres,
et les saintes femmes,
lorsqu’ils étaient en prière dans le cénacle, avant la Pentecôte.
Son soutien devait être bien significatif.
En effet, Marie avait une intelligence
des mystères de Jésus Christ d’une façon toute particulière.
Lorsque l’Ange Gabriel lui annonce
qu’elle va concevoir et enfanter le Fils de Dieu,
elle ne s’en juge pas indigne
et elle ne le reçoit pas non plus avec incrédulité.
Elle demande simplement : « Comment cela se fera-t-il,
puisque je suis vierge ?
» (Lc 1,34)

Si nous prions le Rosaire, le chapelet,
Marie nous soutient de sa tendresse maternelle.
Même si nous avons parfois l’impression
que nous disons le chapelet d’une façon bien distraite,
le soutien de Marie nous maintient unis au Christ.

Le chapelet, c’est une prière
pour les citadins que nous sommes,
qui peut se glisser dans nos allées et venues
dans les rues, dans les transports en communs,
dans nos files d’attentes.
Par le chapelet, nous pouvons – avec la vierge Marie –
porter Jésus dans la ville,
et apporter la ville et nos vies à Jésus.

Et le chapelet est un allié naturel
de l’adoration du Saint Sacrement,
car faisons-nous autre chose qu’adorer Jésus
lorsque nous méditons les mystères de Sa vie ?
C’est comme si, avec le chapelet,
nous transportions un peu
de l’adoration du Saint Sacrement
dans tous les recoins de la ville où nous passons.

La mémoire de Notre Dame du Rosaire
est associée, à l’origine, à la victoire en 1571
des armées des souverains chrétiens
sur les Turcs musulmans, à Lépante.
Nous pouvons à présent porter,
avec la prière du Rosaire, du chapelet,
la paix entre chrétiens et musulmans
qui est aujourd’hui bien en souffrance !

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