FMJ Mtl28e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Thomas
Sg 7, 7-11 ; Ps 89 ; Hé 4, 12-13 ; Mc 10, 17-30
14 octobre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Que dois-je faire pour avoir la Vie éternelle ?

– « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? »
– « Observe les commandements » réponds Jésus.
– Je les ai déjà observés ; que me manque-t-il ?
Jésus se mit alors à l’aimer. (cf. Mc 10, 17-20)

Cette rencontre de l’homme riche avec Jésus
est souvent présentée comme l’archétype
de l’appel à la vie religieuse ou consacrée.
Et si elle était d’abord un appel à la foi,
s’adressant à tout humain !
Si les richesses de l’homme dans l’Évangile
sont un obstacle à sa réponse à l’appel de Jésus,
les innombrables richesses de nos contemporains
constituent souvent un obstacle à leur foi.
Mais quelles richesses incomparables
nous apporte la foi au Christ :
le Père, le Fils, l’Esprit Saint… et l’Église !

« Une seule chose te manque.
Va, vends tout ce que tu as,
donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ;
puis viens et suis-moi » (v. 21).
De fait en l’appelant à renoncer à ses biens et à le suivre,
Jésus lui adresse un appel particulier,
qu’il n’adresse pas à d’autres personnes.

De nos jours, dans nos pays d’Amérique du Nord
ou d’Europe de l’Ouest, il y a pénurie de personnes
qui s’engagent dans la vocation religieuse ou sacerdotale.
Certains pensent que c’est la perspective du célibat
qui en rebute plus d’un. Peut-être.
Mais plus profondément,
cela ne révèle-t-il pas dans ces pays un manque de foi ?
Un manque de foi en Jésus
qui peut nous rendre profondément heureux
si nous mettons résolument nos pas dans ses pas.

Notre pape Benoît XVI nous a donné une année de la foi
pour renouveler notre foi dans nos pays de vieille chrétienté
où elle s’est essoufflée.
Pour créer des oasis de foi forte et vivante
au milieu des déserts spirituels qui se sont étendus dans nos pays.

Je vous propose donc en ce dimanche,
– le premier de cette année de la foi –
de recevoir cette rencontre de Jésus
avec l’homme riche simplement comme un appel à la foi.

Certains parmi nous sont appelés
par le Seigneur à la vie religieuse ou sacerdotale, d’autres non.
Mais tous nous sommes appelés par Jésus à la foi,
la foi véritable, agissante et profonde.

Ainsi donc, voilà cet homme qui demande à Jésus
ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle.
Jésus refuse d’abord l’appellation « Bon Maître ».
Il dit que Dieu seul est bon.
L’homme ne sait pas encore que Jésus est Dieu.
Il va être appelé à le découvrir par lui-même.
Jésus le renvoie aux commandements de la loi de Moïse,
spécialement ceux du Décalogue
qui concernent l’amour du prochain.
Jésus reste un rabbi juif,
qui donne des conseils à un juif qui vient le trouver.

Mais l’homme n’est pas satisfait.
Il a observé tous ces commandements,
depuis sa jeunesse mais cela ne lui suffit pas.
Il est alors aux portes de la foi.
Par delà les observances extérieures, nécessaires,
par delà les actes de charité prescrits par la loi,
très importants… cet homme a soif de Dieu.
Cet homme découvre – comme le fera un jour saint Augustin –
qu’il a été fait pour Dieu et que son cœur sera sans repos
tant qu’il ne se reposera en Lui.
Cela, Jésus le perçoit,
et c’est pour cela qu’il pose son regard sur lui
et se met à l’aimer.
Il lui lance alors cet appel
à donner ses richesses aux pauvres et à le suivre.

Nous pouvons, frères et sœurs,
accueillir cet appel de Jésus comme s’adressant à chacun de nous.
Pour certains, cela consistera
à renoncer à certaines richesses matérielles.
Pour d’autres, qui ont une famille à charge o
u un engagement réel et généreux dans la société,
cela consistera à renoncer à certains conforts ou plaisirs superflus.
Pour tous, cela consistera à renoncer à toute une part
de notre volonté propre, de notre penser propre,
de notre amour propre.

Les habitants des pays d’Amérique du nord
ou d’Europe de l’Ouest sont très riches.
Non seulement de richesses matérielles,
mais aussi de connaissances scientifiques et techniques.
Ils baignent dans une culture qui évacue Dieu
– même ceux d’entre eux qui vivent dans la précarité matérielle.
Cette culture qui se traduit par exemple
par la réponse du savant Laplace
à l’empereur Napoléon Bonaparte, au début du 19e siècle :
« Dieu… je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse
dans mes découvertes scientifiques. »

Quand nous voyons à la fois
les richesses de notre monde occidental aujourd’hui,
et son manque de foi,
nous pouvons mesurer la pertinence de la parole de Jésus :
« il est plus facile à un chameau de passer
par le trou d’une aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » (v. 25).
« L’homme devint sombre et s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens » (v. 22).

Les richesses matérielles,
ainsi que les connaissances intellectuelles ou techniques
ne sont cependant pas incompatibles avec la foi.
Le roi Salomon, l’auteur du livre de la Sagesse
selon la tradition, était immensément riche.
Cependant il a préféré la sagesse qui vient de Dieu
à toutes ces richesses.
Pour vivre de la foi,
il importe alors de recevoir toutes ces richesses de Dieu
de qui elles viennent.
S’il y a les richesses que nous quittons,
ou dont nous nous détachons, à cause de notre foi en Jésus,
il y a aussi celles que nous recevons,
grâce à notre même foi en Jésus.
Jésus parle du centuple !

Puisque nous sommes dans l’année de la foi,
je vais mentionner les richesses de notre profession de foi,
de notre Credo :

Le Père. Dieu nous a créés par amour, à son image,
pour que nous soyons ses enfants bien-aimés,
saints et immaculés en Sa présence.

Le fils. Dieu, en son Fils Jésus Christ,
a partagé notre humanité, depuis la conception jusqu’à la mort.
Il a pris sur Lui notre mort et nos souffrances
par sa mort sur la Croix.
Il est ressuscité d’entre les morts
afin de nous ressusciter un jour avec Lui.

Le Saint Esprit. Dieu nous a donné son Esprit
pour nous transformer, nous sanctifier, jour après jour,
à la ressemblance de son Fils.

L’Église. Dieu nous a rassemblés dans son Église qui est sainte,
pour que nous constituions ensemble
le corps de son Fils, l’Épouse de son Fils Jésus Christ.

Voulons-nous croire en Dieu,
le Dieu révélé à nous par Jésus Christ ?
Par delà le poids de notre histoire,
de notre éducation, de notre culture,
heureuse ou malheureuse ?
Laissons-nous alors regarder par le regard aimant de Jésus.
Laissons sa Parole vivante, énergique et tranchante
pénétrer nos cœurs.
Nous aurons à nous détacher de bien des richesses
qui sont les nôtres.
Mais gardons courage… le Royaume de Dieu,
la plus grande des richesses,
nous est donnée alors en partage.

© FMJ – Tous droits réservés.