FMJ Mtl2e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Benoît
1 S 3, 3-10.19 ; Ps 39 ; 1 Co 6, 13-15.17-20 ; Jn 1, 35-42
18 janvier 2009
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Dans la joie du Maître

Chers frères et sœurs,
c’était pour Jésus
ce jour-là au bord du Jourdain,
le lendemain de son baptême,
un des plus beaux jours de sa vie.
C’est le jour où commence sa vie publique.
Alors que jusque là, il se tenait au milieu de la foule
sans être connu et sans être reconnu ;
maintenant il désire se faire connaître
et mener à son but
la mission que son Père lui a donnée :
nous apporter la vie éternelle.

« La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent
toi, le seul véritable Dieu
et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17,3).

Notre Seigneur veut se faire connaître,
mais il passe, sans rien dire.
Sans forcer, il attire.
C’est la beauté de son mystère qui incite
André et Jean à le suivre.

Pensons à la jubilation du cœur de Jésus,
à son regard heureux quand il se retourne
et, voyant André et l’autre disciple le suivre,
il reçoit à sa question « Que cherchez-vous? »
la réponse qu’il attendait :
« Rabbi, où demeures-tu ? » (Jn 1, 38)

En effet, nous comprenons facilement la joie
que Jésus a dû éprouver
quand il a reçu du Père cette parole :
« Tu es mon Fils bien-aimé,
en toi j’ai toute ma joie » (Mc 1, 11; Mt 3, 17).
Mais il faut encore ajouter à cette joie, une autre joie,
à savoir qu’il était en train de devenir aussi
la joie de ses premiers disciples,
que sa mission commence
et que l’Esprit-Saint qui est descendu sur lui
travaille déjà dans le cœur d’André et de Jean,
puis de Pierre et des autres.
C’était vraiment un jour merveilleux.

Jésus leur a donc montré où il demeurait.
Ils sont venus et ils sont restés avec lui.
Quel jour heureux, ils ont passé !
Quelle nuit bienheureuse !

Saint-Augustin pose cette question :
« Qui vous dira ce qu’ils ont entendu
de la bouche du Seigneur ?
Mais nous aussi construisons
une demeure dans notre cœur,
élevons une maison
où le Christ puisse venir nous instruire
et s’entretenir avec nous ».

Qui vous dira ce qu’ils ont entendu ?
Ni moi, ni l’effort de notre propre imagination.
Seulement eux-mêmes peuvent vous le dire.
Ne cherchons donc pas dans notre fantaisie
la réponse à la question sur ce qu’ils ont entendu ou vu,
quand ils sont entrés dans l’intimité du cœur de Jésus.

Entrons-y nous-mêmes.
Et si nous voulons savoir
ce qu’ils ont entendu et vu,
demandons-leur.
Ils sont les témoins du Seigneur pour nous.

André d’abord.
De lui nous savons ce qu’il cherche :
« Nous avons trouvé le Messie, le Christ » (Jn 1,41)
dit-il à son frère Simon.
André a été le premier à comprendre
le désir du Christ de se faire connaître.
Et non seulement au début de sa vie avec lui,
mais aussi trois ans plus tard,
quand quelques Grecs venus à Jérusalem
voulaient voir Jésus, c’était André, avec Philippe,
qui leur servit d’intermédiaire. (Cf Jn 12, 20)
L’Agneau lui a été désigné par Jean-Baptiste,
maintenant il le désigne à son frère.

Simon, qui n’était pas alors
parmi les disciples de Jean-Baptiste,
a dû être le premier disciple de Jésus.
Simon ne crut pas d’abord directement
à la parole du Christ,
mais plutôt à la parole de son disciple,
qui était par surcroît son frère.
Imaginez alors quelle foi il avait!

Et parce qu’il a cru à la parole de son frère,
il lui a été permis de rencontrer le regard de Jésus
et d’entendre son nouveau nom :
Pierre, le roc, sur lequel sera fondé la foi de nous tous.
Pierre nous a laissé deux lettres.
Dans la première, il nous parle de cette foi
qui laisse entrevoir la face de Dieu.

« Votre foi plus précieuse que l’or
devienne un sujet de louange
lors de la manifestation de Jésus-Christ.
Sans l’avoir vu vous l’aimez,
sans le voir encore, mais en croyant,
vous tressaillez d’une joie indicible et pleine de gloire
sûrs d’obtenir l’objet de votre foi. :
le salut de vos âmes » (1 P 1, 6-8).

Le troisième disciple, duquel nous pouvons
apprendre ce qui s’est passé ce jour-là
c’est l’apôtre Jean lui-même.
De lui nous avons tout un évangile,
trois lettres et le livre de l’Apocalypse.

Jean avait pénétré au plus profond
de la demeure de Jésus :
« Demeurez dans mon amour
comme moi je demeure
dans l’amour du Père » (Jn 15, 9).

Il est certain que c’est à ce moment,
vers quatre heures de l’après-midi
de ce jour béni
que l’apôtre Jean avait décidé
d’aller jusqu’au bout
de sa rencontre avec Jésus,
de ne plus le quitter,
de rester avec lui, non seulement
pour ce jour-là, mais pour toujours.

Jean avait humblement posé sa tête
contre la poitrine de Jésus
et il ne pouvait plus le quitter.
De la profondeur de l’être de son maître
– Rabbi – il a entendu cette prière :
« Père, ceux que tu m’as donnés,
je veux que là où je suis,
eux aussi soient avec moi,
afin qu’ils contemplent ma gloire
que tu m’as donnée,
parce que tu m’as aimé… » (Jn 17, 24)
« Je leur fais connaître ton nom
pour que l’amour dont tu m’as aimé
soit en eux et moi en eux » (v. 26).

Vous voyez donc :
C’est aujourd’hui non seulement la joie des disciples
que nous découvrons dans l’évangile,
mais également l’indicible joie du Christ
qui se réjouit de leur présence.

*

Frères et sœurs,
Vous êtes venus aujourd’hui
dans la maison de Dieu
pour y trouver la consolation, la joie et la paix
dans la présence du Seigneur.

Vous n’avez plus besoin,
comme les premiers disciples,
de poser la question :
« Maître où demeures-tu ? »
Vous savez depuis longtemps
comment goûte le Seigneur (Cf. Ps 34, 9),
combien sont désirables ses demeures (Cf. Ps 84, 2).
C’est pourquoi vous êtes ici.

Vous êtes partis à la suite du Seigneur
quand il vous a dit : « Venez et voyez »
et chacun et chacune d’entre vous,
au plus profond de son cœur,
avaient déjà pu connaître le secret de sa présence.

La chose la plus importante enfin
que nous enseigne aujourd’hui les disciples
est de suivre Jésus.

Jésus allait et venait et, à ce moment,
il dépendait seulement des disciples
de choisir ce qu’ils allaient faire.
Je peux dire que la pensée
que je pourrais laisser Jésus
passer et disparaître de ma vie,
m’effraie.

Tout découle de cela : il faut le suivre ;
le reste vient avec lui.
Il se fait notre Chemin.
Il faut le suivre,
le persuader qu’il reste avec nous, (Cf. Lc 24, 29)
frapper à la porte de sa demeure, (Cf. Lc 11, 9)
rester avec lui.

Soyons attentifs quand Jésus passe.
Suivons dans l’Esprit ses mouvements,
suivons ses traces (Cf. 1P 2, 21)
et laissons-nous conduire
toujours de plus en plus dans l’intimité de Dieu.

Comment ?
Chaque moment a sa propre valeur
et chaque jour sa propre couleur.
Mais il est toujours possible de rencontrer
le regard du Christ et cela suffit.

Nous pouvons le chercher exclusivement
au milieu des autres choses,
mais nous pouvons aussi le trouver en toute chose.
Passant d’une chose à l’autre,
demeurons avec lui.

Je voudrais terminer frères et sœurs
en vous invitant à la prière
pour l’unité des chrétiens.
Cette année nous est proposé
comme thème pour l’unité des chrétiens
la parole d’Ézéchiel :
Afin qu’ils soient unis dans ta main (Éz 37,17).

Une fois encore alors, et sans exagération,
nous sommes conduits tous ensemble
vers la proximité immédiate de Dieu.
Le Fils et l’Esprit-Saint, nous dit St-Irénée,
sont comme ces deux mains par lesquelles
nous sommes attirés vers le Cœur de Dieu.
Personne ne peut nous arracher de ces mains (Cf. Jn 10, 28s).

Le Christ nous rassemble dans son corps qui est l’Église
et l’Esprit attire à ce corps visible
ce qui n’est pas encore proprement uni à lui.
L’Esprit-Saint est le doigt de Dieu
qui crée,
qui consolide,
qui régit toute chose avec sagesse. (Cf. Sg 7, 24)
D’ailleurs, pour le Christ-Jésus lui-même
l’unité des chrétiens est un fruit de l’Esprit.
Son corps brisé a été ressuscité
par la puissance de l’Esprit-Saint. (Cf. Rm 1, 4)
Prions alors, ensemble avec Jésus,
ne cessons pas de prier
pour notre unité afin que le monde croit.

© FMJ – Tous droits réservés.