FMJ MtlSt Pio de Pietrelcina, prêtre capucin, † 1968 – B
(Mercredi, 25e semaine du Temps ordinaire)
Frère Antoine-Emmanuel
Esd 9, 5-9 ; Ct Tb 13 ; Lc 9, 1-6
23 septembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Que brillent nos yeux !

« Ne prenez rien pour le chemin »… Rien !
« Ni bâton, ni besace, ni pain, ni argent, ni deux tuniques (Lc 9,3). »
« Rien pour le chemin »…

Par provocation, par défi à la Providence ?
Non !
Simplement par cohérence,
car Jésus envoie les Douze proclamer
que Dieu règne.
Et cet envoi n’a de sens
que si les Douze vivent de la Bonne Nouvelle
qu’ils annoncent !

Si Dieu règne,
pourquoi se préoccuper du lendemain ? (cf. Mt 6, 31)
Pourquoi ?
L’heure est venue au contraire
de laisser le Père régner,
de laisser son Amour régner
sur le plus concret de notre vie !
« Cherchez d’abord son Royaume et sa justice,
et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33).

Qui sont-ils ces jeunes apôtres
qui partent deux par deux ?
Ce sont des porteurs de la Bonne Nouvelle !
Des porteurs de la joie de Dieu
qui triomphe de tout mal.

Oui nos fautes nous submergent,
nos péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel (Esd 9, 6).
Oui nous sommes gravement coupables.
Oui c’est à cause de nos fautes
que nous avons connu menaces, déportations,
pillages, humiliations (cf. v. 7).

Mais voici que tout-à-coup – à la plénitude des temps –
la pitié du Seigneur notre Dieu
nous a permis d’en réchapper
et de fixer notre demeure dans sa Terre Sainte,
c’est-à-dire dans son Amour.
Et, pour reprendre les termes merveilleux du livre d’Esdras :
Notre Dieu a fait briller nos yeux (v. 8).

Si la libération de l’esclavage de Babylone
a fait briller les yeux d’Esdras et de ses compagnons,
qu’en sera-t-il quand nous comprendrons
la démesure d’amour avec laquelle Dieu
nous a libérés du péché par le Sang de Jésus ?
Nos yeux brilleront d’une lumière incroyable !!

Comme ils devaient briller les yeux de Jésus
quand il annonçait le Règne du Père,
le triomphe de son Amour miséricordieux !
Car lui seul est descendu du Ciel (Jn 6,51)
et connaît le Père (Mt 11,27),
lui seul connaît l’Amour dont nous sommes aimés !
Lui qui est venu au nom du Père
non pas pour juger le monde
mais pour que le monde soit sauvé (Jn 3,17).

Comme ils devaient briller les yeux des apôtres
au lendemain de la Pentecôte
quand ils ont commencé à comprendre
la largeur, la hauteur,
la profondeur de l’Amour de Dieu (cf. Rm 8,39).
qui s’est manifesté pour eux
et pour le monde entier sur la Croix !

Et nous frères et sœurs,
que brillent nos yeux…
Qu’ils brillent de joie
parce que même si nos péchés
se sont amoncelés jusqu’au ciel,
Jésus en a pris le poids, tout le poids
pour nous ouvrir le Ciel,
pour nous conduire dans les bras du Père.
Pour que nos yeux brillent d’une Lumière éternelle,
Jésus a consenti à fermer les yeux sur la croix
entrant dans les plus épaisses ténèbres.

Cela, Padre Pio en était non seulement convaincu,
mais imprégné et même blessé,
blessé d’amour jusque dans son corps.

Il proclamait la miséricorde,
lui qui répétait souvent :
« Tes péchés aussi nombreux qu’ils soient,
sont limités,
mais la miséricorde de Dieu, elle, est illimitée. »

Padre Pio a saisi jusqu’au plus profond de lui
l’enjeu inimaginable
qui se joue dans chaque confession.
Confesser, pour Padre Pio,
c’était arracher les âmes à Satan
pour les donner à Dieu.
C’était arracher les âmes à une vie médiocre
pour les lancer dans la voie de la sainteté .

Pour lui, confesser était quelque chose d’épuisant
parce qu’il avait un amour véritable pour les pécheurs
et voulait les sauver.
D’où sa dureté vis-à-vis de ceux
qui ne s’étaient pas préparé
et qui voulaient se justifier,
c’est-à-dire qui ne voulaient pas changer.

Il disait : « Si vous saviez combien coûte une âme !
Les âmes ne sont pas données en cadeau,
elles s’achètent… ».
Car le prix d’une âme, c’est le Sang de Jésus,
c’est sa croix.
Et Padre Pio s’unissait à la Passion de Jésus,
pour le salut de tous.

Il est pour les prêtres
un modèle inouï de sainteté pastorale
tant il s’offrait pour le salut des pécheurs.
Il était le serviteur de la sainteté de tous,
au point que des causes de béatification sont ouvertes
pour plusieurs de ceux qui ont été ses disciples.

Qu’il nous aide ce soir à célébrer l’Eucharistie
avec la même ferveur qui brûlait son cœur.

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1 D’après le témoignage du Père G. Amorth