FMJ Mtl23e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Antoine-EmmanuelMc 7, 31-37
Is 35, 4-7a ; Ps 145 ; Jc 2, 1-5 ; Mc 7, 31-37
6 septembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

« Ouvre-toi ! »

« Tout ce qu’il fait est admirable » (Mc 7,37)
Tout ce que Jésus fait est admirable !
Voici un homme, un païen de la Décapole
qui était sourd et parlait à peine.
Un homme clos,
un homme isolé.
Aujourd’hui, le voici guéri par Jésus.
Ses oreilles se sont ouvertes
et sa langue s’est déliée.
En un instant sa vie a été transformée.
D’un homme clos,
il est devenu un homme ouvert.

Comment Jésus a-t-il réalisé cela ?
Par un geste et une parole :
Jésus l’a touché de ses mains et de sa salive
et a prononcé sur lui ce merveilleux « Effata »
qui veut dire littéralement : « ouvre-toi grand ».

« Tout ce qu’il fait est admirable :
il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7,37).
Quelle puissance et quel amour
dans les gestes de Jésus, dans ses paroles…

Pensons à tous ses gestes :
quand Jésus touche le lépreux ;
quand il bénit les enfants ;
quand il prend le pain et le vin
et bien d’autres encore.

Ce sont des gestes qui transmettent l’Amour,
qui guérissent,
qui sanctifient.

Les gestes de Dieu sont désormais
des gestes humains avec une proximité,
une familiarité incroyables.

Et les paroles de Jésus…
Des paroles transformantes
comme l’« Effata » d’aujourd’hui,
comme : « tes péchés sont pardonnés » (Mc 2,5),
ou comme : « Ceci est mon corps livré pour vous » (Lc 22,19).

Quelle grâce, quelle bénédiction
pour tous ceux qui ont rencontré Jésus
au jour de sa chair !

Mais maintenant que Jésus en son humanité
a été saisi dans la gloire du Père,
sommes-nous privés des gestes de Jésus ?
Les gestes de Jésus et ses paroles
n’auront été que pour une génération
et sur un territoire de quelques centaines de km2 ?

Non ! Le Père sait
que nous avons besoin, en notre chair,
de gestes et de mots qui disent son Amour.
Nous avons besoin d’être rejoints charnellement par Jésus,
d’être touchés par Lui dans le concret de notre histoire.
C’est pourquoi du cœur de Dieu
a jailli pour nous un don merveilleux.
À chaque génération depuis 2000 ans,
le Père appelle des hommes,
et s’ils répondent oui,
le Père pratique sur eux
une opération du cœur très délicate :
Il implante en eux un don de grâce extraordinaire
qui n’est pas pour eux-mêmes
mais pour tous ceux à qui il les enverra.
Ce sont les prêtres.
Des hommes très ordinaires
à qui Jésus confie ses gestes et ses paroles.

Quand ils agissent comme prêtres,
c’est Jésus en personne
qui agit à travers eux,
exactement comme jadis en Galilée ou en Décapole.

C’est un don d’amour stupéfiant …
Mais parce que c’est un don d’Amour,
il faut qu’il requière la foi
sinon : ce serait un don sous la contrainte.

Ce sont de grands saints
comme Saint François d’Assise
ou Sainte Catherine de Sienne
qui, le cœur brûlé et illuminé par la foi,
qui ont su le mieux reconnaître
le don merveilleux qu’est le prêtre.

Il faut une grande foi
pour croire que le Fils de Dieu,
le Saint, le Pur, le Tout-aimant
se rend présent à nous
à travers l’humanité fragile,
parfois très très fragile d’un prêtre.
Il faut une grande foi,
et il faut que ce soit de l’ordre de la foi.

La foi ouvre nos yeux
sur la beauté inouïe, excessive,
de la grâce indépassable, incomparable du Baptême
que nous portons tous et toutes.

C’est la même foi
qui ouvre nos yeux sur le don de grâce
qu’est le prêtre pour nous.

Pensez… un homme qui devient
comme un sacrement de Jésus,
un homme, qui comme Jésus,
reflète la tendresse paternelle du Père.

Il faut une grande foi !

Plus l’on ramène Dieu
à nos mesures humaines,
plus l’idée même du prêtre
devient insupportable,
plus le prêtre est méprisé et ridiculisé.

Mais quand l’âme s’ouvre au mystère de Dieu,
elle s’ouvre au mystère de l’Incarnation
et elle s’émerveille
devant la Présence divine en tout humain,
devant la présence personnelle du Christ en tout baptisé,
devant la présence personnelle de l’Esprit en tout confirmé.

Et elle s’émerveille devant ce que Dieu a inventé
pour servir cette Présence dans le cœur humain,
à savoir les prêtres.
Les prêtres qui sont des vases d’argiles (2 Co 4,7)
en qui Dieu s’est déposé
pour se communiquer
dans des gestes humains
et des paroles humaines.

C’est un don si grand… et si humble à la fois.
La grandeur d’un prêtre
n’est pas dans ses talents d’orateur ou de leader ;
elle est dans la dépossession de soi
qui laisse à Jésus toute la place
pour se communiquer dans le monde !

*

Frères et sœurs,
cette année en réponse à l’appel du Pape,
nous allons prier pour les prêtres.
Prier pour qu’ils deviennent de saints prêtres
débordant de compassion,
de vie, de joie, de courage pastoral…

De saints prêtres !
Qu’est-ce qu’un saint ?
Une enfant qui avait appris
que les vitraux de son église
représentaient des saints répondait :
Un saint ? C’est une personne
qui laisse passer la lumière !
Un saint prêtre, c’est un homme
qui laisse passer la Lumière excessive
de la grâce déposée en lui.

Frères et sœurs,
Un prêtre est un homme fragile.
C’est notre nature humaine.
C’est un homme éprouvé,
y compris, dans l’Église latine, par le célibat.
C’est un homme sollicité,
parfois jusqu’à l’injustice.
C’est un homme souvent décrié.
C’est aussi un homme tenté,
fortement soumis à la tentation
car le diable fait tout
pour anéantir le canal de grâce et d’Amour
qu’est le prêtre.

Fragile, éprouvé, sollicité, décrié et tenté,
il risque de tomber ;
et cela peut mener aux pires scandales
quand le prêtre entre dans un jeu de pouvoir
et que le pouvoir
le conduit dans l’abus et la violence.

Mais si nous prions pour les prêtres,
si nous les aimons et les soutenons,
le don de grâce qui est en eux se déploiera
et ce sont des sources qui jailliront
dans les déserts de notre monde
assoiffé de Dieu ! (cf Is 35, 4-7)

En cette année sacerdotale,
nous vous invitons à vous joindre à nous
dans cette prière pour les prêtres.
Comment ?
En priant particulièrement pour un prêtre
que vous aurez choisi, ou mieux
que vous aurez reçu dans la prière.
Ce sera un prêtre ami ou ennemi,
un prêtre rayonnant ou un prêtre décevant,
un prêtre proche ou au loin.
Laissez l’Esprit vous le désigner.
Portez-le dans la prière sans même le lui dire.

Prions…

Prions pour les prêtres,
mais prions aussi
pour que le don qu’est le prêtre
soit accueilli par le peuple de Dieu.
Nous savons bien la profondeur des blessures
qui viennent de l’excès de pouvoir
que l’on a donné aux prêtres
ou que des prêtres se sont appropriés.

Nous savons qu’une réconciliation en profondeur
est nécessaire et que le Seigneur veut la donner,
et tout particulièrement au Québec.

Prions avec la certitude
que du sacerdoce blessé,
le Père veut faire et fera
un sacerdoce rayonnant d’amour et de vie !

Par ses prêtres,
Jésus veut prononcer aujourd’hui
sur la Décapole,
sur les villes du monde entier,
un nouvel Effata !
Ouvre-toi !
Ouvre-toi à l’Amour de Jésus
Ouvre-toi aux richesses de son Cœur !

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