Vendredi, 11e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Thomas
2 Co 11, 18.21-30 ; Ps 33 ; Mt 6, 19-23
19 juin 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Laisser notre regard nous configurer au Christ

Pourquoi Jésus affirme-t-il
que la lampe du corps, c’est l’œil ?
C’est l’œil qui éclaire le corps, comme une lampe.
Et dans le passage correspondant chez saint Luc,
Jésus interpelle :
« Vois donc si la lumière qui est en toi
n’est pas ténèbres ! » (Lc 11,35)

Il existe donc le danger que mon corps soit éclairé
d’une lumière qui en fait est ténèbres.
Et qu’est-ce qui produit cette lumière
ou ces ténèbres en moi ?
C’est mon œil, c’est la façon dont je regarde.
Comment donc est-ce que j’utilise mon œil ?
Comment est-ce que je regarde ?

Prenons l’exemple de saint Paul,
qui se met à faire l’inventaire
de tous ses mérites aux Corinthiens.
Il écrit même :
« Puisque tant d’autres
ont des motifs d’orgueil purement humains,
je vais donner, moi aussi, mes motifs d’orgueil » (2 Co 11,18).
Paul voudrait-il vraiment devenir orgueilleux ?
Non !
Mais Paul veut faire voir aux Corinthiens
tout l’amour désintéressé qu’il a pour eux.

En effet ces derniers ont été séduits
par la prédication de quelques faux apôtres
– sans doute ils prêchaient l’obligation
pour les païens convertis au Christ
de se faire circoncire comme les Juifs.

Paul reprend alors un à un, à son compte,
les titres dont ces faux apôtres se réclament :
Ils sont Hébreux, ils sont Israélites,
ils sont de la descendance d’Abraham,
ils sont ministres du Christ.
Mais ce qui est intéressant,
c’est que Paul donne un tout autre sens à tous ces titres.
Il insiste sur toutes les épreuves
que lui ont values ces titres :
la fatigue, la prison, les coups,
les dangers, la faim, le froid, etc.

Ainsi pour Paul, ces titres
ne sont pas comme des diplômes,
dont il pourrait se prévaloir auprès des Corinthiens
pour les séduire et gagner leur estime.
Non ! Paul veut montrer
le sens de configuration au Christ
dans son abaissement par amour,
que ces titres ont pour lui.

C’est ainsi que Paul déclare :
« S’il faut des motifs d’orgueil,
c’est dans les signes de ma faiblesse
que je mettrai mon orgueil » (v. 30).

Nous voyons ainsi deux regards différents.
Celui des faux apôtres,
qui utilisent leurs titres pour séduire les Corinthiens.
Et celui de Paul, qui voit dans ces titres
un appel à être configuré au Christ.
Deux regards différents
qui donnent deux lumières différentes sur les corps.
Les faux apôtres chercheront l’aise et la facilité
par leurs séductions.
Paul cherchera le don de soi, le don de son corps,
par amour du Christ et des chrétiens
qui lui sont confiés.

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