FMJ MtlASCENSION DU SEIGNEUR – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 1, 1-11 ; Ps 46 ; Éph 1, 17-23 ; Mt 28, 16-20
28 mai 2017
Maison de Prière, Mont Saint-Hilaire

La victoire pascale est accomplie

Comme j’aurais aimé être sur le Mont des Oliviers
et voir Jésus dans son Ascension !
Si la manifestation de la gloire de Jésus au Thabor
a été d’une beauté et d’une lumière extraordinaires,
on peut imaginer la splendeur qui se dégageait de l’Ascension
à tel point que les apôtres sont restés le regard fixé vers le ciel.

Beauté immense de Jésus dans son corps de gloire
laissant la lumière jaillir de ses blessures…
Il est le Grand Blessé et le Tout-Puissant.
Saint Luc nous le fait comprendre à la fin de son Évangile
en nous montrant les apôtres qui se prosternent
devant Jésus qui S’élève (cf. Lc 24,52).

Il est littéralement kidnappé dans la gloire divine,
Lui, l’Homme des Douleurs,
l’Infiniment Compatissant ;
Celui qui a pris le fardeau du mal qui nous terrassait.

Il quitte le monde dans la gloire
et Il reviendra dans la gloire
comme les deux anges le font comprendre aux apôtres.

Il quitte le monde au sens où les 40 jours
pendant lesquels Sa présence a été visible, palpable, audible
à bien des reprises, et longuement,
cette période est désormais achevée.
La foi a été semée dans le cœur des apôtres,
des saintes femmes et des disciples,
et ils sont désormais prêts à recevoir le Feu de l’Esprit
et à goûter la nouvelle présence de Jésus.
Présence constante désormais,
présence qui s’offre à nous, nous envahit, nous saisit,
mais dans la foi, dans l’obscurité lumineuse de la foi.

Toutefois avant cela, il fallait que les apôtres
voient la gloire de Jésus.
Il fallait qu’ils comprennent
que tout pouvoir a été donné à Jésus
au Ciel et sur la Terre.
Il est désormais, comme Paul l’écrit aux Éphésiens,
bien au-dessus de toute autorité,
Puissance, souveraineté et de tout autre nom
qui puisse être nommé,
non seulement dans ce monde,
mais encore dans le monde à venir (Éph 1,21).

Le démon régnait sur le cœur de l’homme
depuis qu’Ève lui avait ouvert la porte de son cœur
accordant davantage de crédit à ses mensonges
qu’à la Parole de Dieu.

Le péché régnait, nous piégeant sans cesse
par la triple convoitise :
la convoitise de la chair, la convoitise des yeux
et la confiance orgueilleuse dans les biens (1 Jn 2,16).

La mort régnait puisque même les âmes des justes
se trouvaient enfermées dans le séjour des morts
sans issue vers le Ciel.

Sur tout cela, Jésus a reçu tout pouvoir.
Il a mis fin à la toute-puissance
du démon, du péché et de la mort.

« Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair » (Lc 10,18),
proclame Jésus voyant déjà s’accomplir la victoire
qu’Il remporterait par la Croix.
La blessure la plus profonde, la cassure d’avec Dieu,
la faute originelle a perdu son caractère inguérissable.
Parce que Jésus par sa mort, par son abandon sur la Croix
en a payé le prix.
C’est une victoire immense !
Une victoire où resplendit la totale gratuité de l’Amour.

Le Père, nous dit Paul en reprenant le Psaume 109,
a tout mis sous les pieds de Jésus (cf. Éph 1,22).

Mais alors comment comprendre les drames de l’histoire ?
Le Devoir rapporte cette fin de semaine le drame du Sud Soudan
où des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants
sont dans une famine tragique,
et cette famine est calculée, voulue…
Elle est une arme dans des conflits de pouvoir.

Jésus où est ton Règne ? Ta Souveraineté ?

Comment comprendre cela ?
Le drame est là : la victoire est acquise,
mais elle n’est pas accueillie.
C’est comme si on avait trouvé un traitement
pour guérir le cœur de l’homme,
que ce traitement était disponible, gratuit,
mais qu’on ne voulait pas le prendre.
L’humanité préfère sa maladie de cœur
parce qu’elle ne veut pas
recevoir le traitement de la main de Dieu.
Et des millions d’humains en souffrent.

Et pourtant le traitement est là.
La victoire est offerte.
À nous donc, les premiers, de l’accueillir pleinement
pour l’annoncer, pour la partager au monde.
Alors l’emprise de Satan reculera,
les âmes lui échapperont,
et la communion que Dieu veut nous donner
se tissera entre nous.

Comment recevoir cette victoire ?
Comment lui ouvrir le champ
de notre existence, de notre cœur ?
Le moyen le plus puissant
pour actualiser la victoire de Jésus,
c’est l’Eucharistie.

Quand nous célébrons l’Eucharistie,
ce n’est pas une cérémonie du souvenir
où on se rappelle quelque chose qui s’est passé
pour ne pas l’oublier.
C’est cela, certes, mais c’est infiniment plus que cela :
en chaque Eucharistie, ce sont les événements même
de la Passion, de la crucifixion, de l’abandon
et de la mort de Jésus qui sont rendus présents.
C’est Jésus qui offre au Père le Sacrifice de Sa vie,
de Son cœur, de Son être.
Et le Père qui accueille ce Sacrifice d’amour.

Et cela, c’est la victoire sur les forces du mal.
Alors, ce que nous demandons au Père au nom de Jésus
nous est accordé.
La victoire pascale s’accomplit
là où nous l’avons demandée avec une foi humble et confiante,
en n’ayant d’autres motivations que la volonté de Dieu.

Je voudrais terminer en priant avec vous la prière de Paul :

Que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ,
le Père à qui appartient la gloire,
nous donne un esprit de sagesse
qui nous révèle Jésus et son Mystère pascal.
Qu’Il nous fasse vraiment connaître le cœur de Jésus
débordant de tendresse et d’amour.
Qu’Il ouvre notre cœur à la lumière du Christ
pour que nous sachions quelle espérance nous donne son appel,
afin que nous sachions quelle est la richesse de Sa gloire,
la richesse de l’héritage qu’Il nous fait partager
avec les saintes et les saints (cf. Éph 1, 17-18).

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