FMJ Mtl6e DIMANCHE DE PÂQUES – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 8, 5-8.14-17 ; Ps 65 ; 1 P 3, 15-18 ; Jn 14, 15-21
21 mai 2017
Maison de Prière, Mont Saint-Hilaire

Pour une plus grande joie

Nous faisons mémoire encore aujourd’hui
des 40 journées où Jésus ressuscité
S’est manifesté aux apôtres,
où Il les a consolés, réconfortés, enseignés…
C’est cela que Jésus fait pour nous aujourd’hui.
Il est le Bon Pasteur qui connaît nos cœurs
et qui ne nous laisse pas orphelins.

Que nous enseigne donc Jésus en ce dimanche.
Retenons un enseignement :
Il nous annonce la venue de l’Esprit de Vérité.
« Esprit de Vérité »…
L’Esprit est littéralement « souffle ».
La vérité, en grec, signifie le dévoilement de ce qui est.
L’Esprit de Vérité est donc ce Souffle puissant
qui vient en nous, dévoiler ce qui reste voilé.
Il nous dévoile la bonté de Dieu.
Il nous dévoile aussi ce que nous sommes,
nos misères, et surtout le trésor divin qui nous habite.
Il nous dévoile aussi le vrai visage des autres.

Ce n’est pas un dévoilement indiscret ;
c’est le dévoilement de l’Amour.
Tout ce que l’Esprit nous enseigne
nous mène à l’Amour.
S’Il nous montre notre faiblesse,
c’est pour que nous apprenions
à nous aimer, pauvres que nous sommes ;
pour que nous découvrions la beauté cachée de notre fragilité,
pour que nous mettions notre fragilité au service de l’Amour.

S’Il nous dévoile notre péché,
c’est pour nous en libérer,
pour libérer la source de l’Amour qui est en nous.
Et s’Il nous dévoile nos richesses,
c’est pour que nous puissions les donner
tout en croissant dans l’amour.

L’Esprit de Vérité est véritablement l’Esprit d’Amour.
Il est l’Esprit qui travaille non seulement en chacun de nous,
mais entre nous.
Il n’est pas seulement facteur de communion,
Il est la communion. C’est son Être !
L’Esprit de Vérité est le lien, le liant, qui nous unit,
qui nous unit à partir de l’intérieur,
nous menant dans l’intériorité réciproque
dont nous parle Jésus :
« Lui en Moi et Moi en lui » (cf. Jn 14,20).
Il dépose en nous l’empathie
et plus que l’empathie :
la capacité de souffrir pour l’autre,
de perdre notre vie pour que les autres fleurissent et portent fruit.

L’Esprit de Vérité est le printemps de nos relations humaines.
Il est Esprit de Vie.
C’est par son œuvre que se réalise
ce que dit Jésus dans l’Évangile :
« Vous Me verrez vivant et vous vivrez aussi » (Jn 14,19).
Nous devenons des « vivants »,
car le Christ a souffert pour nos péchés
(avons-nous entendu dans la 2e lecture)
une seule fois, Lui, le Juste, pour les injustes
afin de nous introduire devant Dieu ;
Il a été mis à mort dans la chair,
mais vivifié dans l’Esprit (1 Pi 3,18).

Vivifiés dans l’Esprit, nous le sommes à notre tour,
grâce à Jésus, en Jésus…
Nous devenons de véritables « bons vivants »,
non pas qui profitent de la vie,
mais qui vivent pleinement la vie comme don de Dieu
que nous voulons faire fructifier
pour le Royaume.

C’est cela que désirait Philippe
pour les habitants de Samarie : leur porter la Vie.
Quand on a découvert la Vie,
on ne peut pas ne pas la partager… c’est impossible.
Si la Vie est en nous, elle déborde !

Et voilà donc Philippe qui s’en va vers un peuple
qui lui était étranger et que l’on méprisait violemment.
Mais l’Amour était en lui plus fort
que tous les préjugés et les peurs…
Il arrive dans une ville de Samarie et là,
il proclamait le Christ (Ac 8,5).

Quel fut le fruit de cette proclamation
et des signes qui l’accompagnaient ?
Et il y eut dans cette ville une grande joie (v. 8).

Il a suffi d’en chrétien enflammé d’amour,
pour répandre la joie dans toute une ville !
Quel appel pour nous !
Appel à nous laisser vivifier et enflammer par l’Esprit
pour devenir ensemble une contagion de joie dans nos milieux.

Une grande joie, mais le Seigneur ne voulait pas en rester là !
Les habitants de Samarie avaient reçu le Baptême ;
ils avaient goûté la joie de l’Évangile,
la joie de la victoire de Jésus Seigneur et Sauveur,
mais ils n’avaient pas encore reçu l’Esprit Saint.

On pourrait dire d’eux ce que Jésus dit aux Douze
la veille de sa Passion :
L’Esprit demeure « auprès de vous »,
et Il sera « en vous ».
Une chose est de percevoir l’œuvre de l’Esprit,
de bénéficier de sa présence auprès de nous,
une autre d’être littéralement habités par l’Esprit.

C’est cela que Pierre et Jean, venus exprès de Jérusalem,
sont venus offrir aux habitants de Samarie :
Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains,
et ils reçurent l’Esprit Saint (Ac 8,17).

C’est ce que nous avons vécu nous-mêmes
le jour de notre Confirmation,
mais c’est souvent un don qui dort.
Combien de fois, nous mettons des limites
à l’action de l’Esprit Saint.
Nous L’accueillons comme un passager
que l’on fait asseoir au banc de derrière dans la voiture,
au lieu de Lui laisser le volant
par peur qu’Il conduise trop vite,
par peur qu’Il nous conduise dans le plus grand Amour.

Car c’est vrai que l’Esprit,
pour nous mener plus loin dans l’amour,
nous dépouille, nous dérange,
nous décentre de nous-mêmes.
Mais quelle belle œuvre Il peut et aime faire.

Notre vraie identité, notre vraie personnalité,
pour ne pas dire notre vrai mystère,
n’est pas défiguré par l’Esprit Saint, il est dévoilé.

Demandons à l’Esprit de Vérité de descendre sur nous
et sur toute l’Église pour que dans nos milieux,
il y ait « une grande joie ».

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