FMJ MtlMercredi, 2e Semaine de Carême – C
Frère Antoine-Emmanuel
Jr 18, 18-20 ; Ps 30 ; Mt 20, 17-28
24 février 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

L’Eucharistie source de force et de joie

Les chefs des nations tiennent les peuples sous leur pouvoir ;
les grands tiennent les gens sous leur domination (cf. Mt 20,25).
Et les apôtres de Jésus, eux-mêmes,
convoitent les premières places.
Et cela jusqu’à se chicaner entre eux
pour savoir qui est le plus grand.

C’est là la maladie du cœur humain.
Maladie qui touche particulièrement l’homme
nous dit le Livre de la Genèse (cf. Gn 3,16).
Maladie qui est à l’origine de toutes les guerres
entre les nations, entre les ethnies,
et jusque dans les paroisses et les communautés.
Et jusque dans nos propres cœurs, n’est-ce pas ?

Qu’il nous est difficile de rester pauvres devant les autres,
devant les situations, les événements de la vie
et devant Dieu Lui-même…

Regardez comment les chefs religieux au temps de Jérémie
sont incapables d’être pauvres et écoutants en face du prophète :
« Allons donc le démolir en le diffamant;
ne prêtons aucune attention à ses paroles » (Jr 18,18).

Oui, combien nous pouvons nous démolir les uns les autres
simplement pour dominer.

Mais que répond Jésus à Jacques et Jean
lorsque ceux-ci demandent de siéger
à la droite et à la gauche de Jésus
et donc de partager, avant les autres et plus que les autres,
son autorité royale ?
Aucun rejet de la part de Jésus.
Aucun mépris, aucune malédiction.

Car Jésus, divin Médecin, est venu justement
pour prendre soin de ce cœur humain malade.

Il en prend soin en révélant une nouvelle route,
une route de lumière qui conduit dans la véritable gloire :
« si quelqu’un veut être grand parmi vous,
qu’il soit votre serviteur
et si quelqu’un veut être le premier,
qu’il soit votre esclave » (Mt 20,27).

C’est un véritable renversement :
ce qui est de l’ordre de la domination
et de la gloire humaine s’effondre
tandis que le service, l’amour, le don de soi
sont chemins de joie et d’éternité.

Déjà Anne, la mère de Samuel, l’a chanté :
« Les repus s’embauchent pour du pain
et les affamés se reposent.
Le Seigneur abaisse et Il relève ;
Il tire le pauvre du tas d’ordure
pour le faire asseoir avec les princes » (1 Sa 2, 5..8).

Ézéchiel à son tour proclame cet oracle de la part du Seigneur :
« Qu’on ôte le turban, qu’on enlève la couronne :
les choses ne seront plus ce qu’elles étaient ;
qu’on élève ce qui est bas,
qu’on abaisse ce qui est élevé » (Éz 21,31).

Et Marie reconnait que ce renversement est définitivement venu
avec l’Incarnation du Fils de Dieu en son sein virginal :
« Le Seigneur a jeté les puissants à bas de leurs trônes
et il a élevé les humbles » (Lc 1,52).

Car Jésus n’est pas venu simplement
pour nous donner un exemple ;
Il a rendu possible ce chemin de renversement.
Quiconque s’attache à Lui
peut prendre le chemin de l’abaissement, de l’amour, du service.
Quiconque laisse le cœur de Jésus battre en soi
prend goût au service et trouve sa joie dans le don de soi.

Et cela peut aller loin
car Jésus nous dit aujourd’hui
que Lui, le Fils de l’Homme, est venu
pour servir et donner sa vie
pour la libération de la multitude (cf. Mt 20,28).
Dès lors, si nous vivons de Jésus, unis à Lui,
alors nous pouvons vivre notre vie elle-même comme service :
je découvre que je suis au monde pour servir.
Je suis au monde, j’existe, pour unir ma vie,
ma souffrance et jusqu’à ma mort,
pour collaborer à l’œuvre du divin Rédempteur.

Voilà ce que nous commençons à vivre
chaque fois que dans les plus petites choses du quotidien,
nous choisissons la dernière place ou au moins la seconde place ;
chaque fois que nous cherchons non à être servis, mais à servir.

Puisons en cette Eucharistie
la force et la joie pour prendre ce chemin
de la douce et belle humilité du Christ.

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