FMJ Mtl19e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Thomas
1 Rois 19, 9a; 11-13 ; Ps 84 (85) ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33
13 août 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La communion qui jaillit de l’abandon à Jésus

Le prophète Élie rencontre Dieu dans le murmure d’une brise légère.
Il rencontre Dieu au cœur de l’épreuve de se sentir abandonné de Lui.

Saint Paul a dans le cœur une grande tristesse,
en raison de la résistance de juifs, ses frères de race, à l’Évangile.
Il se sent abandonné par eux sans toutefois renier ce qu’ils ont de glorieux.

Les disciples de Jésus sont sur une barque battue par les vagues,
alors que Jésus renvoit les foules.
Ils se sentent abandonnés par leur maître
et ne le reconnaissent pas quand il vient à eux.
Pourtant Pierre parvient à marcher sur les eaux
quand il s’abandonne à Jésus qui l’appelle.

Dans les trois cas de figure, nous voyons la communion qui naît de l’abandon.
Et nous pouvons préciser, avec Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari,
la communion qui naît de l’ouverture à Jésus abandonné.
Lorsqu’Élie a rencontré Dieu dans le murmure d’une brise légère,
il fuyait la reine Jézabel.
Il avait montré devant tout Israël
la puissance de Dieu avec le sacrifice au mont Carmel.
Mais il avait par la suite mis à mort les prophètes de Baal.
Ainsi la reine Jézabel avait juré de le mettre à mort à son tour.
Élie fuyait donc la reine Jézabel,
mais il était pris par un esprit de découragement.
Il a même demandé la mort au Seigneur.
Le Seigneur est venu le réconforter par un ange et de la nourriture.

Élie est allé ainsi jusqu’au mont Horeb,
la montagne où Moïse avait reçu les tables de la Loi.
Dieu a alors usé d’une pédagogie pour se faire reconnaître.
Après un ouragan, un tremblement de terre et un feu,
c’est dans le murmure d’une brise légère qu’Élie a reconnu le Seigneur.
Il se croyait abandonné du Seigneur,
Dieu s’est révélé à lui dans la douceur, par delà les miracles fracassants.
Dieu s’est révélé à lui dans la douceur, pour lui confier une nouvelle mission.

Jésus, le nouvel Élie, s’écriera un jour, du haut de sa croix :
«Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?»
et Dieu le ressuscitera d’entre les morts dans le silence et la douceur de la nuit.

Saint Paul a dans le cœur une grande tristesse
en raison des Juifs qui n’accueillent pas l’Évangile.
Il souhaiterait même être anathème, séparé du Christ pour eux.
Paul souhaiterait tant que les Juifs, ses frères de race,
puissent connaître Jésus comme lui le connaît.
Il se sent abandonné par eux.
Et nous savons, dans la lecture des Actes des apôtres,
combien les notables juifs ont persécuté Paul,
que ce soit dans les villes de la diaspora, ou à Jérusalem.
Cependant il n’y a pas la moindre haine chez Paul.
Paul garde un profond respect envers les Juifs, même s’ils le persécutent;
«Ils ont les patriarches et c’est de leur race que le Christ est né.»

L’antisémitisme qui s’est développé au cours de l’Histoire
et qui s’appuie sur les persécutions des premiers chrétiens par des Juifs,
n’a ainsi pas de fondement.
Paul ressemble à Jésus,
abandonné par son peuple au supplice de la croix des Romains,
qui s’est écrié «Père pardonne-leur,
ils ne savent pas ce qu’ils font.»

Les disciples de Jésus sont dans leur barque.
Jésus vient de les obliger à le précéder sur l’autre rive
pendant que lui renvoi la foule.
Jésus vient en effet de multiplier les pains
et cela lui prend du temps de renvoyer les foules
qui voulaient faire de lui leur roi.
Les disciples devaient se sentir quelque peu abandonnés par leur maître.
Ce sentiment devait être d’autant plus grand
que leur barque était battue par les vagues.

Quand Jésus vient à eux marchant sur les eaux,
les disciples ne le reconnaissent pas.
Lorsque Jésus leur parle, Pierre s’abandonne à Lui,
il fait un acte de foi en sa personne.
«Si c’est bien toi, Seigneur,
ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux.»

Voilà donc un acte de foi
qui jaillit du premier sentiment d’abandon des disciples.
Et Pierre marche sur les eaux, en allant vers Jésus.
Il marche pendant un temps, mais le sentiment d’abandon le reprend
en voyant la force du vent et il s’enfonce.
Jésus le prend par la main en lui disant :
«Pourquoi as-tu douté homme de peu de foi?»

S’il y a l’abandon des disciples, qui débouche sur la foi de Pierre,
il y a aussi l’abandon de Jésus.
Combien Jésus a dû ressentir l’abandon de ses disciples,
quand ils n’étaient pas capables de le reconnaître
venant vers eux après la multiplication des pains.
Comme Jésus a dû souffrir du manque de foi de ses disciples.
Comme Jésus doit souffrir de nos manques de foi.
Mais il ne nous en veut pas,
car par nos manques de foi nous nous enfonçons.
Il vient nous tirer par la main en nous disant :
«Homme, femme, de peu de foi, pourquoi as-tu douté?»

Jésus sera abandonné par nos manques de foi, par nos peurs,
lorsqu’il sera cloué sur la croix.
Il sera même apparemment abandonné de Dieu.
Mais de cet abandon jailliront la vie,
le pardon et l’unité entre ceux et celles qui leur foi en lui.

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