FMJ MtlLA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR – A
Frère Antoine-Emmanuel
Dn 7, 9-10.13-14 ; 2 P 1, 16-19 ; Ps 96 ; Mt 17, 1-9
6 août 2017
Maison de Prière, St-Hilaire

Une invitation à la danse

Moïse et tout le peuple d’Israël avait marché pendant trois mois.
Trois longs mois dans le désert,
jusqu’au jour où ils arrivèrent en face de la Montagne, de l’Horeb.
Et Moïse monta vers Dieu (Ex 19,3).
Sur la montagne, il reçut la Parole, la Loi, les Commandements.
« Voici, Je vais arriver jusqu’à toi dans l’épaisseur de la nuée,
afin que le peuple entende quand Je parlerai avec toi
et qu’en toi aussi, il mette sa foi à jamais » (19,9).
Le Mont Sinaï n’était qu’une fumée (…)
et toute la montagne tremblait violemment (19,18).
Moïse parlait et Dieu lui répondait
par la voix du tonnerre (19,19).

Moïse est monté et remonté.
Il était seul avec Dieu, pour recevoir la Parole.
Seul… même le jour où avec les anciens
ils virent le Dieu d’Israël,
ils contemplèrent Dieu, mangèrent et burent (Ex 24, 10..11).
Mais, Moïse seul s’approchera du Seigneur … (24,2).

Élie, lui aussi, monta seul sur la montagne.
Pour lui aussi, ce fut un long cheminement :
40 jours et 40 nuits en plein désert,
avec le cœur démoli, privé de toutes ses forces.
« Sois et tiens-toi sur la Montagne,
devant le Seigneur » (1 R 19,11).
« Le Seigneur va passer… »
Le Seigneur, cette fois,
n’était ni dans le vent fort et puissant
qui fracassait les rochers,
ni dans le tremblement de terre,
ni dans le feu…
mais dans une voix de fin silence… (19,12).

*

Ils sont bouleversants ces moments
où Dieu nous conduit, nous appelle, sur la montagne.
Le Seigneur descendit sur le Mont Sinaï,
au somment de la Montagne,
et le Seigneur appela Moïse au sommet de la montagne.
Moïse y monta (Ex 19,21).

*

Rappelez-vous de toutes les occasions de votre vie
où le Seigneur vous a appelés au sommet de la montagne…
les départs et les nouveaux départs dans notre vie.
Parfois, dans un tremblement de terre intérieur
parce qu’il fallait accueillir un nouveau mode de vie.
Parfois, dans une voix de fin silence
parce que le Seigneur venait consoler notre âme exténuée
et nous remettre en route sur le chemin du dur devoir.

Aujourd’hui, le Seigneur nous appelle à nouveau
sur « la montagne sainte » comme dit l’apôtre Pierre.
Et il appelle « montagne sainte » non pas le Sinaï,
mais une petite montagne de Galilée, le Thabor,
bien semblable à notre Mont St-Hilaire.
La sainteté de la montagne n’est pas la sainteté d’un lieu,
mais la sainteté de Celui qui va Se dévoiler à nous.

Cette fois ce n’est plus un seul homme
qui part vers le sommet : ils sont trois.
Non … ils sont quatre à monter.
Jésus monte avec eux.
Jésus leur montre le chemin de la Montagne sainte.
Ils montent ensemble.
Ce n’est plus l’ascension du Sinaï ni même du Carmel,
mais c’est le Thabor,
la Montagne de la Communion.
Thérèse d’Avila parle du Château intérieur,
et Jean de la Croix du Carmel.
Chiara Lubich parle du château extérieur,
et nous allons monter sur le Thabor.

Ils montent donc, tous les trois, tous les quatre.
Montée exigeante sous le soleil,
au point qu’en haut, ils n’ont plus guère de forces.
Ils étaient écrasés de sommeil, dit Saint Luc (Lc 9,32).

Cette fois, Dieu ne parle plus à travers le tonnerre
ni par la seule voix de fin silence :
Il parle, mieux, Il Se dévoile à travers son Fils.
La Gloire Se met à resplendir à travers la chair de Jésus.
L’humanité de Jésus se révèle d’une richesse,
d’une splendeur, d’une beauté extraordinaires.

Mais Il n’est pas seul.
Il y a là, Moïse et Élie
qui, comme Abraham, attendaient Son jour
et sont aujourd’hui saisis dans Sa Gloire.
Et c’est une sainte conversation
où tous les trois parlent de l’exode de Jésus,
de la sortie de soi qui mine la personne humaine,
à Sa Gloire (Jésus en tête).

Sainte conversation qui est bénédiction
certes pour Moïse et Élie,
mais pour Jésus aussi,
conforté, réconforté, en son humanité,
pour continuer sur le chemin du grand dévoilement de l’Amour
qui va Le mettre en croix
et Le conduire jusqu’à l’anti-communion,
l’abandon de Dieu qu’Il a connu pour nous,
pour nous en délivrer.
C’est son grand exode vers nous
pour que nous puissions vivre
notre grand exode vers Dieu
et les uns vers les autres.

Communion, donc, des 3 et des 4 qui montent.
Communion des 3 en sainte conversation
au sommet de la montagne,
Et communion tout en vertical
quand la voix du Père Se fait entendre.
Non plus donner la Loi par Moïse,
et le chemin du silence par Élie,
mais pour nous conduire au-delà des mots et du silence
à la « grâce et la vérité » qui sont en Jésus :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-Le » (Mc 2,7).
Mon Fils bien-aimé !
C’est une déclaration d’Amour immense…
Tout l’Amour du Père repose dans le Fils,
et cet Amour nous appelle… « écoutez-Le ».
Mettez-vous en Lui à l’école de l’amour et de la communion.
Jésus est le centre, le foyer, le cœur de toute communion
du Premier comme du Nouveau Testament.

Le Père et le Fils nous invitent à la danse…
Ils nous appellent au sommet de la Montagne.
Ils nous invitent à la communion.
Et Pierre ne savait pas ce qu’il disait
quand il voulait faire trois tentes,
car il n’y aurait qu’une seule tente,
celle de la communion.
Et qui en est l’artisan ?
Celui qui Se voile et qui dévoile,
Celui dont la nuée dit la présence : l’Esprit Saint.
Le sommet de la Montagne du Thabor est en feu,
mais ce n’est pas le feu du Sinaï…
C’est le feu de l’Esprit, l’Amour de communion,
ce même Feu que l’on voyait de loin
quand saint François et sainte Claire
se rencontraient sur la montagne.

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