FMJ MtlTRIDUUM EUCHARISTIQUE
24e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – B
Frère Michel-Marie
Is 50, 5-9a ; Ps 114 ; Jc 2, 14-18 ; Mc 8, 27-35
13 septembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Un tonnerre d’applaudissements à Jésus

Chers frères et sœurs,
J’aimerais bien, si vous me le permettez,
commencer cette homélie par un tonnerre d’applaudissements.
Un applaudissement comme si vous veniez d’entendre
le meilleur morceau de musique
ou que votre équipe préférée
venait de gagner le match le plus important de son histoire!

Savez-vous pourquoi nous avons applaudi,
ou plutôt savez-vous qui nous avons applaudi ?
Ces applaudissements sont, en fait, pour vous !
Oui frères et sœurs, les héros méritent d’être applaudis
et vous êtes des héros.
Les vainqueurs méritent d’être applaudis et vous avez vaincus.
Non, ce n’est pas une exagération et je vais vous le prouver.

Je vais te prouver cher frère, chère sœur,
que tu te sous-estimes un peu trop
et qu’il faut, en ce jour,
que tu découvres comment Jésus te regarde.

J’ai beaucoup cherché pour faire cette homélie,
mais rien ne me venait.
Je priais en disant : « Seigneur donne-moi de Te faire aimer.
Inspire-moi des paroles qui Te feront connaître ».
Et rien ne venait.
Jusqu’au moment où j’ai compris
que je cherchais dans la mauvaise direction.

Au fait, les Écritures ne nous parlent pas seulement du Christ,
mais elles nous parlent aussi des chrétiens.
Les écritures nous parlent de chacun de vous ici présent.
Et c’est pour cela que j’ai eu vraiment envie d’applaudir.
En lisant les textes, j’avais l’impression de lire ton histoire
et ce qui se révélait devant moi
n’était pas seulement le visage du Christ,
mais aussi celui du chrétien.

Il y a eu tout d’abord cette fois où tu as tenté de tout quitté :
tu t’es senti méprisé,
on t’a bafoué,
on t’a critiqué,
on a dit du mal de toi, dans ton dos…
on ne t’a pas compris.

À toi aussi on a arraché la barbe,
toi aussi on t’a frappé
et on a couvert ton visage d’outrages et de crachats.
On a méprisé ta race, ta couleur, ta culture.
On a méprisé ton travail.
On n’a pas cru en tes compétences.
On ne t’a pas donné une deuxième chance.
Tu as eu honte de ton corps à cause d’eux.
Tu as eu honte de tes racines à cause d’eux.
Tu t’es senti près du gouffre, proche de la mort,
tu as connu la tristesse et le découragement.

Et pourtant tu es là.
N’importe qui d’autre se serait à jamais
enfermé dans l’amertume, la colère et la tristesse.
N’importe qui d’autre se serait révolté contre Dieu
et contre les hommes.
Mais toi, tu es encore là.
Toi, tu as choisi de pardonner… et tu avais le choix.
Toi qui es là aujourd’hui pour Lui,
tu t’es renié toi-même,
tu as porté ta Croix et tu L’as suivi.
Et pour cela, je veux te dire MERCI,
je veux te dire un profond MERCI et j’ai eu envie de t’applaudir.

Il y a aussi le fait que tu caches toujours ce que tu fais.

Il était confus, perdu,
il ne savait pas ce qu’il disait
et toi, tu l’as écouté.
C’était un étranger un inconnu, un déchu
et toi, tu l’as assisté.
Pendant une heure, tu as hoché la tête sans rien comprendre
à ce qu’il te racontait, mais tu voulais simplement
qu’il se sente accueilli,
qu’il comprenne qu’il est aimé.
Et tu l’as longuement, longuement écouté.

Une autre fois, il était sale, il avait beaucoup bu.
Tu voulais vraiment passer ton chemin,
tu avais mille choses à faire
et mille bonnes raisons pour faire semblant ;
faire semblant de ne pas l’avoir vu.
Mais tu n’as pas pu.
Tu t’es quand même arrêté,
tu l’as regardé,
tu lui as souri,
puis tu as sorti un gros billet
et tu lui as rempli la main de ta générosité.

Puis, encore cette fois où il était perdu :
il venait d’arriver, il parlait à peine ta langue.
Tout le monde pensait qu’il était de trop,
que des « comme lui », il y en a plein partout.
Beaucoup voulaient qu’il reparte,
qu’il ne trouve pas de travail ;
qu’il comprenne qu’il faisait fausse route
et qu’il s’en aille.
Mais toi, tu as cru en lui,
tu as vu le beau, l’homme qui était en lui.
Tu l’as aidé ;
tu as traduit ses papiers,
tu l’as invité,
tu as complété les dossiers,
tu as rédigé son CV,
tu as essayé de le faire embaucher…
Toi, tu as la foi et ta foi est vivante.

Ce sont tes œuvres qui montrent à quel point tu as la foi.
Tu as prouvé ta foi par tes œuvres.
Tu as renié ta fatigue, ta paresse, ta peur de manquer…
tu as pris ta croix et tu L’as suivi.
Et pour cela je veux te MERCI.
Je veux te dire un profond MERCI et j’ai eu envie de t’applaudir.

Et pour finir, il y a eu aussi cette fois :
la discussion était chaude,
tout le monde rigolait et ricanait,
on ne savait plus qui parlait et qui écoutait.
De partout des mauvaises blagues fusaient.
Et le menu, c’était Jésus.
Ton cœur battait, tu savais qu’ils allaient te critiquer, te juger.
Mais il fallait absolument Le protéger.
Tu les as regardés,
tu as profondément respiré
et puis tu leur as annoncé :
« Moi je crois que Jésus est le Christ ».

Ils se sont moqués et ils ont continué à rigoler.
Et toi, tu t’es renié toi-même,
tu as pris ta croix et tu L’as suivi.
Et pour cela, je veux te dire MERCI.
Je veux te dire un profond MERCI
et j’ai envie de t’applaudir.

Et je voulais rajouter en bonus une quatrième raison,
peut-être la plus importante :
c’est pour cette fois où tu n’as pas réussi à pardonner,
pour cette fois où, passant à côté d’un pauvre,
tu ne l’as pas regardé.
Et cette fois où tu en avais marre de l’écouter.
Pour quand tu as choisi de dormir au lieu de l’accompagner.
Puis enfin, pour cette fois où tu as préféré ne rien dire
et ne pas avouer que tu le connaissais.
Mais depuis, tu l’as regretté.
Tu as reconnu ta pauvreté ;
tu as été te confesser
et tu as grandi en humilité.
Et c’est peut-être là où tu t’es le plus renié ;
tu as renié l’image parfaite que tu te faisais de toi-même.
C’est peut-être là que tu as porté la Croix la plus lourde,
celle de t’accepter tel que tu es.
C’est probablement à ce moment-là
que tu as suivi le Seigneur de plus près.

Et pour cela, je veux te dire MERCI.
Je veux te dire un profond MERCI
et j’ai eu envie de t’applaudir.

Je sais ce que tu vas me dire :
le seul qui mérite les applaudissements, c’est Jésus.
À Lui seul revient la gloire.
Oui ! Et Lui, Il n’aime rien de plus que de partager sa gloire.

Je sais que tu as fait tout cela avant tout pour imiter Jésus.
Mais en réalité, c’est Lui qui t’imitait.
Il t’a vu être giflé et Il a voulu qu’on Le gifle.
Il t’a vu être méprisé et Il a voulu qu’on Le méprise.
Il t’a vu être rejeté et Il a voulu qu’on Le rejette.
Jésus nous imite dans nos épreuves
pour que nous l’imitions dans ses victoires.
Il nous imite dans notre passion
pour que nous l’imitions dans sa Résurrection.

Alors vous savez quoi,
on va faire un tonnerre d’applaudissements à Jésus !

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