FMJ MtlJeudi, 9e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Thomas
2 Tm 2, 8-15 ; Ps 24 ; Mc 12, 28-34
2 juin 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

S’approcher et entrer dans le Royaume de Dieu

Si ce scribe n’est pas loin du royaume de Dieu,
que lui manque-t-il pour qu’il soit pleinement
dans le Royaume de Dieu ?

Il y a entre ce scribe et Jésus un bel échange,
plein de transparence, de vérité et de respect mutuel.
En disant que selon Lui
les deux plus grands commandements de la Loi
sont l’amour de Dieu et l’amour du Prochain,
Jésus exprime une position partagée
par beaucoup de rabbis juifs de son époque.
Ce doit être aussi la position de ce scribe,
car il acquiesce tout de suite.
Mais il ajoute quelque chose de nouveau
qui vient vraiment de Lui :
« Observer ces deux commandements
vaut mieux que toutes les offrandes
et tous les sacrifices » (Mc 12,33).

Or, nous savons toute la place
que tiennent les sacrifices
dans le judaïsme au temps de Jésus.
D’ailleurs, une grande partie de la Torah
traite du rituel des sacrifices, du mobilier
ou matériel du Temple destiné aux sacrifices,
et des prêtres, ministres des sacrifices.
Ce n’est donc, à priori, pas évident
de relativiser la pratique de ces sacrifices,
comme le fait le scribe.

Ce que dit le scribe ressemble
aux Paroles que l’on retrouve chez le prophète Osée :
« C’est l’amour qui Me plaît
et non les sacrifices ;
la connaissance de Dieu
plutôt que les holocaustes » (Os 6,6).
Et Jésus cite ce même passage
lorsque des pharisiens Lui reprochent
de manger avec des pécheurs
à l’occasion de l’appel de Matthieu.

David, dans le psaume 50,
après son péché, prie ainsi :
« Tu ne prends aucun plaisir au sacrifice;
un holocauste, Tu n’en veux pas.
Le sacrifice à Dieu, c’est mon esprit brisé ;
d’un cœur brisé, broyé, Dieu,
Tu n’as point de mépris » (v. 18-19).

Et le prophète Isaïe :
« Que m’importent vos innombrables sacrifices,
Je suis rassasié des holocaustes (…)
Vous avez beau multiplier les prières,
Moi, Je n’écoute pas.
Vos mains sont pleines de sang :
lavez-vous, purifiez-vous » (Is 1, 11.15-16).

Notre scribe est donc bien
dans la lignée des prophètes et des psalmistes d’Israël.
Que lui manque-t-il ?
Il lui manque de reconnaître en Jésus
Celui qui accomplit toute la Loi, la Torah de Moïse.

Combien de notables Juifs en Israël
devaient ainsi être profondément touchés
par l’enseignement de Jésus,
mais sans oser faire le pas d’être ses disciples,
par peur des chefs des prêtres
et des Anciens qui étaient très hostiles à Jésus.

Nous avons l’exemple de Nicodème,
qui est venu trouver Jésus de nuit,
donc sans que ses pairs pharisiens le voient.
Il a fait preuve de plus de courage
en défendant plus tard Jésus devant les pharisiens
lorsqu’il a demandé si la loi jugeait un homme
sans d’abord l’entendre.
Puis, il a fait preuve d’encore plus de courage
en venant apporter les aromates
pour oindre le corps de Jésus mis au tombeau.
Ainsi, nous voyons comment Nicodème
s’approche pas à pas du Royaume de Dieu.

Notre scribe, lui, s’est approché du Royaume de Dieu,
mais il lui manque un pas, un pas décisif,
un acte de foi en la personne de Jésus.
Avoir foi en Jésus, ce n’est pas seulement
être d’accord avec son enseignement,
Cela signifie surtout s’abandonner à sa Personne.
Cela peut prendre du temps
pour faire un véritable acte de foi.
Regardons le temps que cela a pu nous prendre à nous-mêmes
pour poser un tel acte de foi en Jésus.

Et ne soyons pas étonnés si
durant le Parvis que nous allons vivre,
où bon nombre d’entre nous
iront à la rencontre des passants,
beaucoup de ces personnes rencontrées
n’iront pas plus loin qu’un temps d’arrêt sur le Parvis,
ou même dans l’église, dans un climat fraternel et bienveillant.
Des graines seront ainsi semées pour que plus tard,
elles fassent le pas pour entrer pleinement
dans le Royaume de Dieu.

D’autres feront ce pas.
Sachons le voir et nous en émerveiller.

Et nous-mêmes, par nos petites Pâques quotidiennes,
ne restons pas seulement proches du Royaume de Dieu
dans une certaine médiocrité, mais entrons-y pleinement.

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