FMJ MtlLE SACRÉ CŒUR DE JÉSUS – C
Frère Antoine-Emmanuel
Éz 34, 11-16 ; Ps 22 Rm 5, 5-11 ; Lc 15, 3-7
3 juin 2016
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Au petit matin sur ce rivage tout neuf

La fête du Sacré Cœur est comme une invitation
à venir coller notre oreille sur la poitrine de Jésus
et à écouter son Cœur qui bat.

Ce Cœur tout humain et tout divin bat.
Il bat pour toi.
Il ne bat pas pour Lui-même,
mais il bat pour toi et pour tout humain
comme il bat pour le Père.

Un cœur qui bat
et un cœur transpercé, blessé,
immensément blessé.
Blessé par la lance,
mais d’abord blessé par nos lâchetés,
par l’abandon de ses amis, de ses proches, de son peuple.

Blessure mortelle qui a éteint ce cœur humain.
Blessure glorieuse parce que la Résurrection
a éternisé cette blessure d’amour,
la transformant en un geyser
de tendresse et de miséricorde.

Blessure vénérée par les lèvres de Marie
qui a contemplé la profondeur de cette plaie
et qui, la première, a cru
à la gloire qui allait faire de cette blessure
la porte du Cœur de Dieu pour chacun de nous.

Aujourd’hui, avec Marie,
nous contemplons ce divin Cœur.
Nous le contemplons dans la lumière de l’Évangile.

Qu’avons-nous entendu ?
Le récit d’un berger passionné par une seule brebis égarée.
Un berger qui cherche cette brebis
non pas jusqu’au soir et à la nuit ;
non pas jusqu’à ce qu’il ait parcouru
toutes les collines connues,
mais jusqu’à ce qu’il la trouve.

En allant, s’il faut, au-delà de la mort.
En allant, s’il le faut, au-delà des vallées connues.

Et nous le voyons marcher inlassablement,
crier inlassablement,
chercher inlassablement,
jusqu’à ce qu’il la trouve.

Mais quel contraste entre cette folle équipée,
ce marathon de l’Amour,
ces kilomètres au-delà des nuits,
et l’Évangile du Cœur transpercé
qui nous montre Jésus arrêté, lié, cloué,
immobilisé sur le bois inerte de la croix.

D’un côté, une course sans fin ;
de l’autre, un corps fixé au bois
par de lourds clous de métal.

L’évangile de la brebis perdue
est-il vraiment l’évangile du Cœur transpercé ?
Oui !
Oui, parce que Jésus sur la Croix
est plus que nulle part ailleurs,
ce Berger passionné qui parcourt les vallées
en quête de la brebis rebelle.

La Passion et la mort de Jésus
sont un grand exode,
un départ, un voyage, une route sans fin :
Jésus crucifié est le Fils de Dieu
qui S’en va dans les vallées et les gouffres du péché,
qui descend dans les abîmes du rejet de Dieu
pour y chercher et y libérer
la brebis égarée qu’est notre humanité
dissolue dans le péché.

Nous le voyons immobilisé,
comme vaincu par le péché de l’humanité,
sous les sarcasmes des juifs et des païens
qui pensent honorer Dieu
en éteignant la passion du Nazaréen.

Mais Celui qui honore Dieu,
Celui qui Le glorifie,
c’est Jésus, c’est Jésus crucifié
qui prend sur Lui le péché dans lequel Il descend,
visitant par Amour les profondeurs des ténèbres.

L’Amour descend dans notre non-amour.
Le Cœur battant d’Amour
fait route vers les cœurs malades
que le démon a séduit et enchâssé dans le refus d’aimer.

Le Cœur du Crucifié, par sa blessure immense,
déverse pour toujours son Amour sur le monde
pour faire revivre nos cœurs.

Pour que nos cœurs se mettent à battre
de l’amour vrai,
de l’amour fou,
jusqu’à devenir ce vide d’amour
qui est notre ressemblance au divin Cœur.

*

Frères et sœurs,
qu’ils sont impressionnants ces flots d’Amour
qui descendent en cascade du Cœur blessé de notre Dieu.

Des flots puissants par leur extrême humilité.
Des flots qui donnent Vie ;
des flots qui du Cœur ici brisé,
descendent vers l’avenue
pour tout baigner de Sa Miséricorde.

Voilà le flot dont nous sommes les serviteurs
et les adorateurs trois jours durant.
Nous nous laissons inonder nous-mêmes
pour être les porteurs d’eau
qui rejoindront les cœurs assoiffés,
les cœurs desséchés peut-être même des âmes mortes.

C’est à travers toi, à travers moi
que Jésus part à la recherche d’une brebis perdue
jusqu’à ce qu’Il la retrouve.

Écoute bien.
Tu entendras que ton cœur bat
d’un battement nouveau.
C’est le Cœur de Jésus qui bat en toi !

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