FMJ MtlJeudi, 1ère Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
1 S 4, 1-11 ; Ps 43 ; Mc 1, 40-45
14 janvier 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Si mon peuple m’écoutait

La première lecture nous a raconté
une défaite d’Israël face aux Philistins ;
plus qu’une défaite : un désastre.
Désastre humain : 30.000 morts.
Désastre religieux : la mort des deux prêtres, fils d’Élie.
Désastre spirituel : la prise de l’Arche par les ennemis.

Pourtant, Israël est le Peuple de Dieu,
le peuple aimé de Dieu, béni par Dieu,
et c’est un peuple qui connaît bien ses traditions religieuses,
un peuple de « pratiquants » !
Malgré tout cela, aujourd’hui, en plein désert…
Pourquoi ?

Regardez ce qui se passe après la première défaite
où Israël a déjà perdu 4.000 hommes :
les archers ont une belle réaction.
Ils se demandent :
« Pourquoi le Seigneur nous a-t-il fait battre
aujourd’hui par les philistins ? » (1 S 4,3)
Ils posent une question juste, vraie, courageuse
et ils reconnaissent que Dieu est maître de l’histoire.

Ils posent la question,
mais ils n’attendent pas la réponse.
Ils n’écoutent pas.
Ils ne cherchent pas dans la Parole de Dieu ;
ils n’attendent pas et tout de suite,
sans écouter le Seigneur,
ils décident d’aller chercher l’Arche de l’Alliance
et de l’amener sur le champ de bataille
pour s’assurer la revanche, la victoire sur les Philistins.

Ce fut le désastre… parce qu’ils n’ont pas écouté Dieu.
Ils se sont au contraire approprié Dieu.
Ils se sont approprié les sacrements.
Dieu et ses sacrements sont dans leurs mains,
pensent-ils, pour réaliser leurs projets.

Pour eux, Dieu est devenu
comme « la colle qui répare tout »
et dont on fait l’usage qu’on veut.
C’est le Dieu « Canadian Tire »1
où on trouve tout pour réparer et embellir sa maison.

Quel contraste avec le lépreux de l’Évangile !
Ce lépreux se jette aux pieds de Jésus et Lui dit :
« Si Tu veux, Tu peux me guérir » (Mc 1,40).
Si tu veux…
Tu n’es pas entre mes mains.
C’est moi qui me mets entre tes mains.
Ma fragilité, ma maladie,
le fait que je sois rejeté des humains,
tout cela ne me donne aucun droit sur toi.

Le lépreux ne s’approprie pas le Seigneur
et c’est pour cela qu’il deviendra
un grand apôtre !

Celui qui, plus encore, ne s’est pas approprié
ni Dieu ni sa grâce, c’est Jésus.
Jésus sur la croix est le lépreux par excellence,
Celui qui porte le péché du monde,
mais aussi Celui qui est devant Dieu son Père
dans une infinie pauvreté de cœur.
Jésus, sur la croix, consent à n’avoir plus rien,
à n’avoir aucun droit,
aucun droit sur Dieu,
aucun pouvoir sur Dieu.

Et c’est ainsi qu’Il nous réconcilie avec le Père.
Pauvre de tout,
pauvre même de Dieu en son humanité défigurée,
Il devient notre salut.
Il est notre salut.

La croix est un désastre,
mais elle est la victoire de l’Amour.

Frères et sœurs, le peuple qui n’a pas écouté la voix de Dieu
s’est enfoncé dans un désastre sans issue.

Et nous ?

Prenons le temps de nous arrêter, d’écouter…
« Ah si mon peuple m’écoutait »
proclame le Seigneur (Ps 80(81),14).
Laissons le Seigneur nous parler
au cœur du désastre de la croix qui est la victoire de l’Amour.
Laissons le Seigneur éclairer de sa lumière
nos épreuves, nos chutes, nos découragements.
Alors nous goûterons la victoire,
la victoire de la foi.
La foi, la vraie foi, celle du lépreux,
est toujours victorieuse.

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