FMJ MtlVendredi après l’Épiphanie – C
Frère Antoine-Emmanuel
1 Jn 5, 5-13 ; Ps 147 ; Lc 5, 12-16
8 janvier 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Miséricorde !

Qui d’entre nous n’est pas lépreux ?

Lépreux du cœur.
La lèpre du cœur, ce sont toutes ces maladies intérieures
qui nous séparent des autres ;
Toutes ces maladies qui empêchent
la vraie communion,
l’amour réciproque.

Lèpre du pouvoir convoité ;
lèpre de la sensualité désordonnée ;
lèpre de l’argent désiré.

Lèpre qui nous rend semblables
au lépreux del’Évangile,
à cet homme qui, un jour,
a choisi de s’en remettre totalement à Jésus.

Qu’importe les interdictions :
il entre dans la ville
et se jette par terre aux pieds de Jésus.
« Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier » (Lc 5,12).
Si tu veux… Il suffit que Tu le veuilles,
parce qu’en Toi réside la puissance de l’Amour de Dieu :
l’Amour qui guérit,
l’Amour qui restaure,
l’Amour qui ressuscite les morts.

Regardez la dignité, la grandeur de cet homme…
Il est beau dans cette démarche
où il attend tout de Jésus.
Il est beau dans sa confiance,
beau dans son humilité,
beau dans son attente
et beau dans sa guérison.

Parce qu’un jour il a décidé de plonger en Dieu,
de plonger dans le Cœur de Jésus.

*

Frères et sœurs, cette dignité sera la nôtre
quand nous vivrons le pèlerinage de la miséricorde.

Tu es grand quand tu te mets à l’écoute de Dieu
et que tu cherches à comprendre
ce qu’est sa Miséricorde,
ce débordement d’Amour qui prend soin de notre faiblesse.
C’est ce que nous pourrions vivre dans le hall du Sanctuaire.
Nous laisserons la Parole de l’Église
nous dévoiler les trésors du Cœur du Christ.

Puis, ce sera le moment de la décision.
Oui, je veux pousser la porte du Cœur de Jésus.
Oui, je veux avoir recours – sérieusement –
à ses trésors de grâce.

Alors, nous monterons, lentement, paisiblement,
debout ou à genoux,
l’escalier de la Miséricorde.
À chaque marche, nous pourrons redire le oui de notre cœur.
Nous monterons les marches pour descendre dans notre cœur ;
pour laisser descendre en nous la Parole de Dieu.

Puis, comme le lépreux s’est approché de Jésus,
nous nous approcherons de la porte.
Comme le lépreux a poussé la porte du Cœur ouvert de Jésus,
nous pousserons – personnellement – la porte de la Miséricorde
pour entrer dans le Cœur du Christ ;
pour entrer dans cette réalité absolument neuve
qu’est la tendresse de Dieu.

Nous ouvrirons la porte pour entrer dans le Cœur du Christ,
et nous y entrerons.
C’est un passage coûteux !
Cela nous coûte de laisser tomber
toute forme d’autosuffisance.

C’est un passage coûteux
parce que le Seigneur vient alors nous dépouiller :
nous dépouiller de nos tristesses ;
nous dépouiller de nos peurs ;
nous dépouiller de nos péchés.

Ce sera la plongée dans le Cœur de Jésus
qu’est le Sacrement du Pardon.

Jésus, je passe ta porte
pour que Tu passes ma porte,
pour que Tu viennes faire en moi le hold-up de l’amour :
ce sera l’heure du Grand pardon,
d’autant plus grand que nous dirons oui
à la grâce jubilaire,
à l’indulgence du Père.

Un des plus beaux trésors de l’Église
et un des plus défigurés dans l’histoire.
Cette grâce étonnante où Dieu, avec soin,
avec grand soin,
vient nous guérir ce que le péché a abîmé en nous.

Avec le Sacrement du pardon, le péché n’est plus,
absolument plus, puisque Jésus l’a pris sur Lui
dans son Mystère pascal.
Cependant, les conséquences demeurent
sous formes de mauvaises habitudes, de blessures
et c’est cela que le Seigneur visite
quand nous ouvrons la porte de notre cœur à son indulgence.

Que vivre alors ?
Ce sera comme spontané :
nous mettre à l’écoute de la Parole ;
nous arrêter pour méditer les merveilles de Dieu,
les trésors de Sa miséricorde.
Puis, le don est si beau, que nous voudrons contempler,
adorer et recevoir le Donateur :
Jésus, Jésus-Eucharistie.

Il m’a fait miséricorde.
Je veux Le recevoir.
Je veux qu’Il vive en moi.
Je veux vivre de cette même miséricorde.
Et cela, c’est l’Eucharistie.

Nous devenons des vases sacrés
qui portent au monde la miséricorde divine.
La miséricorde va se réveiller en nous
et elle prendra la forme très concrète
des œuvres de miséricorde
que nous verrons illustrées dans l’escalier de la Mission,
l’escalier qui nous mène,
qui nous envoie
vers les frères,
vers les périphéries,
vers la ville…

Parce que Jésus aura prononcé sur nous
la même parole qu’Il a prononcée sur le lépreux :
« Je le veux, sois purifié ! » (Lc 5,13)

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