Mercredi, 3e Semaine du Temps ordinaire – B
Saint Thomas d’Aquin, prêtre dominicain, docteur de l’Église † 1274
Frère Thomas
Hé 10, 11-18 ; Ps 109 ; Mc 4, 1-20
28 janvier 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Les paraboles, Parole de Dieu qui s’adresse à notre cœur

Je me souviens lorsque j’étais à Bruxelles (en Belgique), j’appréciais beaucoup les homélies ou enseignements
du Cardinal Godfried Danneels,
qui a été archevêque de Bruxelles entre 1979 et 2009.
Ce que j’appréciais, c’était leur simplicité et leur profondeur,
ainsi que les images concrètes parlantes
dont elles étaient émaillées.

Un seul exemple : pour lui nous enregistrons souvent l’Évangile
comme sur une bande magnétique
qui n’enregistre pas les premières paroles prononcées
parce que la partie qui enregistre
ne commence pas tout de suite sur le rouleau.
Ainsi les premières paroles de Jésus :
« Convertissez-vous, croyez à l’Évangile » (Mc 1,15)
ne sont souvent pas enregistrées.
C’est là la puissance des paraboles :
par les images concrètes qu’elles emploient,
elles permettent à la fois de retenir et d’élargir notre vision.

Les paraboles ne sont cependant pas
des plats tout prêts qui nous sont apportés.
Elles appellent notre engagement libre et responsable.
Elles invitent à nous ouvrir, à chercher, à creuser.
Tous ne veulent pas ainsi creuser.

Je me souviens d’une personne qui ne comprenait pas
à quoi les moines pouvaient bien servir.
Une image m’est alors venue : des pompistes !
Les moines sont comme des pompistes
qui servent de l’essence aux automobilistes.
Son épouse a tout de suite compris le sens de cette image.
Mais lui se fâchait encore plus :
« Des pompistes ! Mais ce sont là des gens simples ! »

« À ceux qui sont dehors,
tout se présente sous l’énigme des paraboles. »
Et Jésus cite le prophète Isaïe :
« Ils pourront bien regarder de tous leurs yeux,
mais ils ne verront pas ;
ils pourront bien écouter de toutes leurs oreilles,
mais ils ne comprendront pas ;
sinon ils se convertiraient et recevraient le pardon » (Mc 4,12).

La Parole de Dieu nous interpelle.
Devant elle aucune neutralité n’est possible.
Ou bien je l’accueille
et je décide de la laisser éclairer ma vie.
Ou bien je la refuse
et je me révolte par ma colère ou par ma fuite.

La Parabole, c’est lorsque la Parole de Dieu
se laisse voir et toucher.
Elle nous parvient toujours par l’ouïe, par les oreilles,
et elle ne s’adresse plus à notre raison raisonnante
mais à notre cœur.
Plus moyen de biaiser, plus moyen de tricher,
de détourner les appels de Dieu
par des raisonnements, des sophismes.

Le semeur est sorti pour semer.
Sa semence est tombée au bord du chemin,
sur un sol pierreux, dans les ronces et sur de la bonne terre.
Où donc la semence a-t-elle produit du fruit ?

Cette Parole en soi est déjà limpide.
Si mon cœur est ouvert, je verrai bien vite,
je comprendrai que le terrain où la semence est semée
c’est précisément la terre de mon cœur.
Comme je voudrais alors que la terre de mon cœur
devienne de la bonne terre.
Comme je m’engagerai alors pour qu’à partir de mon cœur
la Parole de Dieu porte beaucoup de fruit.

Si mon cœur est fermé j’aurai beau regarder,
je ne verrai rien.
J’aurai beau écouter,
je ne comprendrai rien.
La Parole de Dieu se cache parfois,
elle se fait mystérieuse.
Et lorsque la Parole de Dieu
se fait chair en Jésus Christ,
voilà qu’elle est présente
d’une façon plus cachée encore.
Jésus est par sa vie une vivante parabole.
Jésus ne demande pas d’adhérer intellectuellement à sa Parole.
Il ne demande même pas de s’y soumettre.
Jésus attend d’abord que nous accueillions sa personne.
Dieu Se cache dans sa Parole,
pour susciter notre désir de Lui,
pour nous inviter à Le chercher sans relâche.
Puisqu’Il a inscrit sa Loi dans nos cœurs,
nos cœurs sont capables de Le chercher et de Le trouver.

Si nos cœurs sont fermés,
car trop attachés à nos lois, nos coutumes, nos idées humaines,
nous serons allergiques à la Parole de Dieu
et surtout aux paraboles, où Dieu se met à nu devant nous.
Mais si nos cœurs s’ouvrent, alors heureux sommes-nous !
Les paraboles nous révèleront
les richesses des merveilles de l’amour de Dieu.

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