FMJ MtlVendredi, 26e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Jean-Christophe
Jb 38, 12-21 ; 40, 3-5 ; Ps 138 ; Lc 10, 13-16
3 octobre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La sainteté, un écart fertile

Chorazin, Bethsaïde, Capharnaüm :
trois villes privilégiées par Jésus
qui ont vu ses miracles sans se convertir,
qui ont profité de sa bonté
sans ouvrir leur cœur,
et qui n’ont pas su
reconnaître le temps de sa visite (Lc 19,44).

Jésus ne cache pas son étonnement douloureux
devant ces occasions manquées,
cet aveuglement endurci.
Aurait-il dû faire des miracles plus éclatants encore ?

Mais souvenons-nous de la parabole
du pauvre Lazare et du mauvais riche
dans laquelle ce dernier
tourmenté dans le feu de l’Hadès,
supplie Abraham :
« Si quelqu’un de chez les morts
va les trouver, ils se repentiront. » (Lc 16,30)
Et Abraham de répondre :
« Du moment qu’ils n’écoutent pas
Moïse et les Prophètes,
même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts,
ils ne seront pas convaincus » (16,31).

Si même la résurrection d’un mort
n’est pas un appel convaincant pour se convertir,
on ne voit pas quel miracle
pourrait être un signe plus efficace.

Quel déchirement dans le cœur de Jésus,
Lui qui percevait, dans le mystère de sa Personne,
quelle offre inouïe Dieu faisait aux hommes,
quel amour Dieu leur manifestait.

Mais Jésus accepte
l’impuissance apparente de ses œuvres,
pourtant hors du commun.

On comprend sans peine
qu’il ait pu facilement s’émerveiller
de la foi toute droite d’un officier romain,
de la gratitude d’un lépreux samaritain,
de l’audace de la cananéenne.
Quelques-uns ont fait le pas
d’une adhésion totale à Lui.
Mais la grande majorité
est restée dans l’insouciance
d’une vie qui n’a même pas besoin
de la miséricorde de Dieu
tant elle ignore son péché, sa ténèbre.

On peut se dire que le temps
n’est finalement pas changé depuis 2000 ans.
Quel signe pourra donc convertir nos villes modernes,
les faire sortir de l’insouciance
dans laquelle les enferment
le confort, la richesse, la réussite ?
Jésus y répond par cette phrase :
« Qui vous écoute m’écoute » (Lc 10,16).

Ce n’est pas un miracle qui va convertir la ville,
c’est la sainteté des disciples du Christ.
Ceux qui laissent le Christ vivre en eux,
parler à travers eux,
sont la réponse de Dieu à l’incroyance du monde.

Ce qui fera signe, ce n’est pas du sensationnel ;
c’est un cœur de disciple
qui se laisse totalement habiter par le Christ.

Ce qui fera signe,
ce n’est pas la résurrection d’un mort,
c’est la joie du disciple
qui fait route avec le Ressuscité.

Ce qui fera signe,
c’est si je cours comme Zachée
vers l’endroit où Jésus passe ;
si je présente à Jésus ma main desséchée ;
si je reste paisible sur un chemin d’humilité ;
si je vends tout pour suivre Jésus,
pour acheter la perle rare de son Amour.

La sainteté met à part,
non pour prendre une distance,
mais pour que l’écart qu’elle suscite d’elle-même
soit un écart fertile,
un juste rapport au monde et à Dieu
qui libère la vie véritable,
un avant-goût du Ciel.

Notre Évangile, frères et sœurs,
nous appelle donc à choisir la sainteté
comme programme de vie.
Si tel est notre choix,
la croix du Christ n’aura pas été vaine.
Elle portera son fruit d’éternité
dans notre vie aujourd’hui.
Que le Seigneur en soit béni.

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