sanct - smVendredi, 34e Semaine du Temps Ordinaire – B
P. Paul-André Cournoyer
Dn 7, 2-14 ; Dn 3, 75-81 ; Lc 21, 29-33
27 novembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Le Royaume de Dieu est proche

Voyez, regardez, vision, tout est dans le regard, dans la façon de voir. Les lectures de la
Parole de Dieu nous invitent ce soir à réfléchir sur le sens du regard, de la vision dans
notre propre vie de tous les jours. Trop souvent nous regardons sans voir. Nous
constatons, nous prenons plus ou moins conscience de ce que nous observons. Et
pourtant, ce jour n’est pas si loin, où nous serons dans la pleine vision de Celui en qui
nous croyons. Nous voulons voir Dieu.

Daniel, homme de prière nous livre le fruit de ses visions. Il regarde, il voit une mer
agitée par la tempête sous le souffle des quatre vents du ciel. Nous pouvons nous
souvenir que dans le livre de la Genèse, l’Esprit de Dieu couvre les eaux de l’océan d’où,
sous l’effet de la Parole créatrice de Dieu, germeront les êtres du monde.
Et aujourd’hui dans son rêve, par antithèse, l’apparition des empires du Mal sera
provoquée par le souffle des quatre vents mauvais de la cosmogonie. Daniel n’invente
rien, il prend conscience de ce qui se passe autour de lui, dans son univers. De ces vents
émergeront des bêtes monstrueuses, un lion aux ailes d’aigle, un ours ayant pour mission
de dévorer, un léopard avec quatre ailes d’oiseaux et une quatrième encore plus
monstrueuse que les trois autres presque indescriptible. Elles symbolisent des États-dieux
contre Dieu.

Nous pouvons nous aussi regarder notre monde actuel et identifier des empires, des
banques, des gouvernements, des politiques qui n’ont comme ambition que de dévorer les
plus faibles, les plus démunis, les exploiter, se croire plus forts que Dieu et même être
contre Dieu, de faire mourir Dieu. Ils se croient tout permis pour exploiter les autres, ils
n’ont pas besoin de Dieu pour réussir leur vie. Mais attention ! Jésus nous dit et j’y crois :
« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas (Lc 21,33) ». Pourquoi miser
sur l’éphémère, sur ce qui sera détruit un jour et pour toujours ? Daniel regardait encore
et il vit le monde avenir. Un vieillard prit place (Dn 7,9), d’une grande sagesse, aux
cheveux blanc comme la neige, son trône étincelant d’un feu éclatant, qui ne se consume
pas, et des centaines de millions se tenaient devant lui. La bête la plus monstrueuse fut
tuée et son cadavre jeté au feu qui détruit éternellement. Et c’est là qu’apparu le Fils de
l’Homme à qui lui fut donné domination, gloire et royauté (ça nous fait sûrement penser
au Christ-Roi que nous venons de fêter dimanche dernier), tous les peuples, toutes les
nations, et toutes les langues le serviront. Sa domination est une domination éternelle,
qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite (Dn 7, 14).

Nous pouvons maintenant croire que Dieu est plus fort que toutes les forces du mal, et
qu’un jour, et il n’est pas si loin, où nous verrons de nos yeux de chair transformés la
victoire du bien triomphant du mal qui sera détruit pour toujours. Notre délivrance est
proche !
« Voyez le figuier et tous les autres arbres… dès qu’ils bourgeonnent, vous n’avez qu’à
les regarder pour savoir que l’été est déjà proche (Lc 21, 29-30) ». Je constate que
présentement de plus en plus de personnes cherchent à vivre une spiritualité, une vie
intérieure, à réaliser qu’ils ont un coeur qui a besoin d’être nourri, d’être habité, d’en
prendre soin. Je constate de ces bourgeons dans l’Église à travers les nouvelles
communautés dont la Fraternité monastique de Jérusalem et bien d’autres.

Cette semaine, moi aussi j’a eu une vision. Comme je descendais du métro, je vis une
foule de gens tout recueillie, en silence, et je me suis dit : ils ressemblent à des moines et
moniales se rendant à leurs occupations, comme s’ils sortaient d’un temps d’oraison,
d’attente, debout ou assis. Certains avaient les yeux fermés : ou bien ils dormaient ou
bien ils étaient recueillis dans le Seigneur (j’ose espérer).

La vie de contemplation peut se vivre là où est notre coeur. Le royaume de Dieu est tout
proche n’est-ce pas ? Nous nous laissons facilement distraire par tout ce qui arrive autour
de nous et comme il est difficile d’être conscient du Royaume, de ce que cela demande à
mon coeur et à mes relations avec les autres dans ma vie ! Qu’est-ce que je fais ou qu’estce
que je peux faire au quotidien pour découvrir comment établir le Royaume de Dieu
dans ma vie ? Les forces du mal sont pourtant encore bien présentes autour de nous. Qui
les anéantira ? Sans le Christ nous ne pouvons rien faire, mais il compte sur nous pour
opérer son salut. Il respecte notre liberté.

« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas (Lc 21,33) ». Ne misons pas
sur le matériel qui sera détruit. Misons sur notre relation à Dieu par son Fils Jésus dans
l’Esprit-Saint. Saint-Paul nous dit : Puis ce sera la fin, lorsque le Christ remettra le
royaume à Dieu le Père et que toute puissance et toute domination (qui s’oppose à Dieu)
aura été détruite. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses
pieds… Car il lui a tout soumis… Mais lorsque tout lui aura été soumis, le Fils lui-même
se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous (1 Co 15, 24-
28) » Jésus nous redit ce soir que le temps de notre rédemption et de notre libération est
proche.

Entre l’avènement du Christ à l’aube de l’ère chrétienne dans l’humble grotte de
Bethléem et celui, dans la gloire, à la plénitude des temps, saint-Bernard de Clairvaux en
place un troisième : celui où le Christ continue à venir en chacun dans la discrétion du
Bien-Aimé attendant son bon vouloir pour entrer dans sa vie. 1
Misons sur la Parole de Dieu, son eucharistie et la charité fraternelle à quelques jours de
notre entrée dans l’Avent. Qu’il en soit ainsi.

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1 www.homelies.fr du vendredi 27 novembre 2009