sanct - smSamedi, 25e Semaine du Temps ordinaire – A
10e Anniversaire de Fondation à Montréal
Mgr André Rivest, évêque de Chicoutimi
Qo 11, 9 – 12, 8 ; Ps 89 ; Lc 9, 43-45
27 septembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Apprendre à voir au-delà des apparences

Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles,
elles restaient voilées pour eux,
si bien qu’ils n’en saisissaient pas le sens… (Lc 9,45)
Comme on dit : Jésus vient de les perdre !
Ses paroles passent tout droit.
C’est comme s’il n’avait rien dit.
Pourtant, c’est la deuxième fois en peu de temps
qu’il leur annonce sa mort.
Et, il insiste : « Mettez-vous bien en tête
ce que je vous dis là :
le Fils de l’Homme va être livré aux mains des hommes (9,44).
Il y a quelques jours, il leur avait pourtant dit clairement :
Le Fils de l’homme doit souffrir beaucoup,
être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes,
être tué et, le troisième jour, ressusciter (9, 22).

Ils sont tellement subjugués par ce que dit et fait Jésus :
la multiplication des pains, (cf. Jn 6, 1-15)
sa transfiguration sur le mont Thabor, (cf. Mc 9, 2-10)
la libération d’un enfant
que le démon rendait épileptique,
que tout le monde était dans l’admiration
devant tout ce que faisait Jésus (9,43),
remarque saint Luc au début de l’Évangile
qui vient d’être proclamé.

*

Comme cela nous arrive trop souvent :
nous nous laissons prendre au piège
de ce qui nous saute aux yeux et nous éblouit.
Cela dresse comme un écran
devant ce qui est plus fondamental,
devant ce qui est essentiel.
La beauté d’une personne
ne réside pas dans son apparence,
dans la richesse de ses vêtements.
Elle réside dans ce qu’elle est,
dans ses richesses de cœur.
Devant le corps torturé de Jésus sur la croix,
devant son visage défiguré par la souffrance,
le centurion romain ne pourra s’empêcher de s’exclamer :
Vraiment cet homme était Fils de Dieu (Mc 15, 39) !
Tout païen qu’il était, il a vu au-delà des apparences.

Cela nous renvoie directement à la Première Lecture,
tirée de l’Ecclésiaste.
Ce livre se termine comme il a commencé,
par les mêmes paroles :
Vanité des vanités, tout est vanité (Ec 1,2).
En les écoutants, on ne peut pas
ne pas penser à l’illustre Bossuet,
l’évêque de Meaux, en France.
Ces paroles de l’Ecclésiaste
– Vanité des vanités, tout est vanité –
lui ont servi d’inspiration pour son célèbre éloge funèbre
donné à l’occasion de la mort de la Duchesse d’Orléans,
Henriette d’Angleterre (+ 1670).
Derrière le voile dressé par ce qui avait été vide,
futile et fragile dans la vie de cette femme de la Cour,
Bossuet a voulu, avec ses qualités exceptionnelles d’orateur,
faire apparaître que l’essentiel de la vie sur terre
se trouvait non pas dans ce qui est éphémère,
mais plutôt dans ce qui est immortel.

Dans le passage de l’Ecclésiaste
que nous venons d’entendre,
l’auteur commence par parler de la joie d’être jeune,
mais il rappelle aussitôt avec prudence
que la vie terrestre est courte :
Souviens-toi de ton Créateur, aux jours de ta jeunesse…
au jour où se courbent les hommes vigoureux ;
où les femmes, l’une après l’autre, cessent de moudre…
lorsque l’homme s’en va vers sa maison d’éternité,
et que les pleureurs sont déjà au coin de la rue… (Ec 12, 1-4)

Voilà un rappel, il faut l’avouer,
un peu brusque de notre destinée sur la terre.
Nous y sommes des pèlerins,
des gens de passage en route vers l’au-delà.
Dieu merci, et c’est là notre espérance,
nous sommes destinés à un bonheur éternel auprès de Dieu.

*

Nous sommes rassemblés
autour des moines et moniales des FMJ.
Ils sont des nôtres depuis dix ans déjà.
L’année de la vie consacrée qui va débuter bientôt
nous permettra de rendre grâce
pour le don de Dieu à l’Église et au monde
que représentent les personnes de vie consacrée.
Ces hommes et ces femmes aux mille visages
sont regroupés dans diverses familles religieuses ;
ils sont au milieu de nous comme des sœurs et des frères ;
ils marchent avec nous ;
ils donnent leur vie au Seigneur pour nous.
Leur prière et leur engagement
sont une contribution essentielle
dans la construction d’un monde meilleur.

Il y a 10 ans – déjà ! – le diocèse de Montréal,
à la demande du cardinal Jean-Claude Turcotte
(que nous accompagnons de notre prière),
accueillait les Fraternités Monastiques de Jérusalem.
Vous avez pris plaisir hier à vous souvenir des préparatifs
de cette 1ère fondation en terre d’Amérique
autour d’un groupe merveilleux de laïcs
et la contribution plus que généreuse
des Pères du Saint-Sacrement.

Des paroles de notre regretté Frère Pierre-Marie
me reviennent à l’esprit :
« Si Dieu le veut, nous nous joindrons à vous
pour vous aider humblement
à brasser la cendre encore chaude de la foi
afin que l’Esprit Saint
rallume le feu de l’Évangile en terre québécoise. »

Et, dans son souci de répondre à l’appel de Dieu
exprimé par la demande du cardinal Turcotte,
il me répétait souvent les paroles du psalmiste :
Si le Seigneur ne bâtit la maison,
en vain peinent les maçons (Ps 126,1).
Du haut du Ciel, il doit se réjouir
de constater que sa décision et celle de sœur Marie
d’établir leurs frères et leurs sœurs à Montréal, était la bonne.

Je suis personnellement fier de pouvoir affirmer
qu’avec la venue des moines et des moniales de Jérusalem,
c’est un vent de fraîcheur,
celui de l’Esprit Saint capable de faire toutes choses nouvelle,
qui a soufflé et qui continue de souffler
sur l’Église de Montréal
et sur l’Église du Québec et du Canada.

En pensant à vous, chères sœurs et chers frères de Jérusalem,
en m’émerveillant avec les gens
que vous côtoyez sur le Plateau Mont-Royal,
à Montréal et partout ailleurs au Québec,
je réalise comment elle est vraie
cette réflexion que l’on retrouve
dans la lettre de la Congrégation
pour les Instituts de vie consacrée
et les Sociétés de vie apostolique
en vue de l’année de la vie consacrée :
« Lorsque les consacrés-es
donnent raison de la joie qui les habite,
ils deviennent un splendide témoignage,
une annonce efficace, une compagnie et une proximité
pour les femmes et les hommes…
qui cherchent l’Église comme la maison paternelle. »
On croirait entendre le pape François
qui se réjouit de votre présence :
« Partout où il y a les consacrés, il y a toujours de la joie ! »

Pour vos dix ans de témoignage
de la joie de l’Évangile parmi nous : ALLELUIA !

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