FMJ MtlLE CHRIST ROI DE L’UNIVERS – C
Frère Thomas
2 S 5, 1-3 ; Ps 121 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43
20 novembre 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus, roi de l’univers par la croix

Quel genre de roi est donc Jésus ?
Il y a une inscription sur sa croix :
« Jésus le Nazaréen, roi des Juifs » (Jn 19,19).

Serait-ce donc que les Romains
auraient capturé un chef de rebelles
à leur autorité d’occupant,
qui se serait proclamé roi des Juifs ?

Mais ce ne sont pas les Romains qui ont arrêté Jésus,
ce sont les chefs des prêtres d’Israël.
Et quand ces derniers Le livrent à Pilate pour être crucifié,
il s’étonne : « Crucifierai-je votre roi ? » (Jn 19,15)

Jésus n’est donc pas un roi rebelle,
qui Se serait révolté contre les Romains.
Cela Pilate le comprend quand il demande :
« Qu’a-t-Il donc fait de mal ? » (cf. Jn 18,29)

Cependant Jésus va être châtié comme un roi rebelle,
en étant flagellé, couronné d’épines, puis crucifié.

Lorsque Jésus est suspendu à la croix,
les chefs des prêtres le mettent au défi
de montrer son pouvoir de messie de Dieu.
Ils Le mettent au défi de Se sauver Lui-même
en descendant de sa croix.
Et les soldats qui l’ont crucifié,
ainsi qu’un des malfaiteurs crucifiés avec Lui,
lancent le même défi à Jésus.

Mais Jésus ne descend pas de sa croix.
Il n’utilise pas sa puissance divine
pour Se tirer d’affaire de ce supplice infamant
et pour impressionner tout le monde.
D’ailleurs, si Jésus était descendu de sa croix,
ce n’est pas pour autant que ses adversaires auraient cru en Lui
car c’est son enseignement qui les dérangeait.

Maintenant voilà le deuxième malfaiteur crucifié avec Jésus,
celui que l’on appelle le « bon larron ».
Il fait des reproches au premier malfaiteur concernant ses propos,
puis il reconnaît ses torts qui lui ont mérité la croix.
Et voilà qu’il lance à Jésus cette phrase si pleine de foi :
« Jésus, souviens-Toi de moi
quand Tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23,42).
Il a compris en quoi consistait la royauté du Christ.
Et Jésus ne le fait pas attendre :
« Aujourd’hui, avec Moi, tu seras dans le paradis » (v. 43).

*

Voilà donc la royauté du Christ.
C’est une royauté qui n’est pas de ce monde.
Elle est dans notre monde,
mais elle n’est pas de ce monde.
Jésus n’est pas le chef d’un groupe armé
qui lutterait contre l’occupant romain.
Jésus n’est pas non plus un thaumaturge,
un faiseur de miracle qui utiliserait ses pouvoirs
pour dominer les humains.

Il y a bien des rois sur la terre !
Certains sont tyranniques :
ils utilisent la force et la terreur
pour asseoir leur pouvoir.
D’autres sont justes :
ils cherchent le bien de leur peuple,
comme le roi David.

De nos jours, les chefs d’État ne s’appellent plus roi,
mais plutôt président, premier ministre, chancelier, etc.
Leurs pouvoirs sont encadrés par une constitution.
Et s’il y a des rois, des reines,
leur fonction est d’abord aujourd’hui honorifique,
comme c’est le cas par exemple
dans le Royaume uni, en Belgique ou aux Pays-Bas.

La royauté du Christ a ceci de particulier
qu’elle n’existe que pour être partagée.
Lorsqu’Il en appelle au Royaume du Christ,
le bon larron entre tout de suite dedans.
Dans les béatitudes, les pauvres
et les persécutés pour la justice
sont déclarés heureux par Jésus,
car le Royaume des Cieux est à eux.
C’est encore mieux que la démocratie !
Jésus leur donne son royaume en partage.

D’autre part, Jésus donne un certain nombre de paraboles
sur le Royaume des Cieux.
Elles commencent par
« le royaume des Cieux est semblable à… »
Là encore Jésus nous donne accès à son Royaume.
Il ne le garde pas jalousement pour Lui.

Si Jésus a eu un trône comme roi sur cette terre,
c’était la croix.
Sur la croix, Il était raillé,
humilié par les grands de ce monde,
si bien qu’on ne pouvait pas le confondre
avec un roi de ce monde.

Sur la croix, il a régné par la douceur,
l’humilité et l’attention aux autres,
si bien qu’on ne pouvait pas le confondre
avec un rebelle qu’on aurait maîtrisé.

Sur la croix Jésus a véritablement manifesté sa royauté.
Non pas une royauté de domination, ni de séduction,
mais de don total.

Sur la croix, Jésus fait de chacun, chacune de nous,
des rois, des reines qui ont part à son Royaume.
Toute la vie de Jésus a été tendue
vers ce don total de Lui-même,
vers ce don gratuit et total de son Royaume.

Cependant le Christ est aussi le roi de gloire
qui juge les humains.
Cela peut nous faire peur,
notamment lorsqu’il est question du jugement dernier.
Mais le Christ-Juge est le même que le Christ en croix.
Le jugement, c’est nous qui le prononçons
si nous refusons le Roi crucifié qui nous offre son Royaume :
« La lumière est venue dans le monde
et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière,
car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3,19).

« À chaque fois que vous ne l’avez pas fait
à l’un de ces petits qui sont mes frères,
à Moi non plus vous ne l’avez pas fait » (Mt 25,45).

Saint Paul voit en Jésus Christ
Celui en qui tout fut créé,
dans le Ciel et sur la terre :
les êtres visibles et invisibles.
Il est l’image du Dieu invisible,
le Premier-né, avant toute créature (Col 1,15-16).
Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église :
c’est Lui le commencement,
le Premier-né d’entre les morts,
afin qu’Il ait en tout la primauté (v. 18).

Ainsi la royauté du Christ est cosmique.
Souvent dans l’iconographie,
le Christ est représenté comme le « Pantocrator »,
c’est-à-dire celui qi règne sur tout.
Mais cela ne doit pas nous faire peur.
Le Christ n’est pas roi de l’univers
à la manière des souverains de la terre.
Nous avons vu que son royaume n’était pas de ce monde,
et pour cette raison, son royaume embrasse le monde entier.
Dieu a jugé bon qu’habite en Lui toute plénitude
et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié,
faisant la paix par le sang de sa Croix,
la paix pour tous les êtres
sur la Terre et dans le Ciel (Col 1, 19-20).

Le Christ est Roi de l’univers
parce qu’Il S’offre à tout l’univers.

Son royaume est universel
parce que son royaume est don de Lui-même.

Il est Roi de gloire
parce qu’Il est roi de Paix en Sa croix.

© FMJ – Tous droits réservés.