FMJ Mtl33e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Jakub
Ml 3, 19-20; Ps 97; 2 Th 3, 7-12; Lc 21, 5-19
13 novembre 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Vivre ici-bas comme on vit dans la Jérusalem céleste

 

Une belle fable « Le pays de verre » parle d’une personne qui arrive dans un pays tout en verre. Maisons de verre, oiseaux en verre, personnes semblables à de jolies petites statues en verre. Et rien n’est jamais parti en éclats, parce que tout le monde a appris à s’y comporter avec délicatesse pour ne pas faire le mal. Personne ne cherche plus à mentir, puisque l’on sait que tous peuvent lire dans les pensées. Bien vite le personnage s’habitue à cette nouvelle vie, et quand on le fait revenir à sa vie normale, il souffre et s’exclame : « Mais je ne peux plus vivre dans un pays qui n’est pas en verre! J’ai besoin de gestes et de voix délicates. » Et celui qui dirige cette action lui dit : « Maintenant, ton rôle est de vivre ici comme tu vivais dans le pays en verre. »

Chers frères et sœurs,
Le pays en verre (en cristal comme dit l’Apocalypse) c’est le Ciel, et nous devons commencer à vivre ici-bas comme on vit dans la Jérusalem céleste, parce que le soleil de justice vient chaque jour pour nous éclairer.

Il vient pour que tout soit transparent.
Sa lumière est une guérison, ses rayons sont un remède.

Ce soleil de justice nous est envoyé par grâce, par l’ardente compassion et la miséricorde de notre Dieu, et également grâce à son amour.

Mais pour le soleil de Dieu, dont parle Malachie, rien n’échappe à sa lumière ; aucune tâche, aucune imperfection ne restera dans l’ombre. Nous voilà exposés en plein soleil, au regard de Dieu. C’est notre vie tout entière, notre être tout entier, qui sera exposé au soleil purificateur : « Il brûlera par son amour les uns, guérira les autres ; éclairera tous ceux qui ont besoin de vérité. »

« Tous les arrogants, ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille, le jour qui vient les consumera… Mais pour vous qui craignez mon nom, il apportera la guérison. »

C’est Jésus qui est ce Soleil, cette lumière qui brille, pour éclairer le monde. Le Temple de Jérusalem était magnifique aux temps de Jésus. Restauré par Hérode, agrandi, embelli, couvert de dorures ; mais lui aussi fait parti de ce monde qui passe… Mais la parole de Jésus porte un jugement clair et net. Ce que vous contemplez dit Jésus, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit.
« Mais confiance, j’ai vaincu le monde. »

Saint Paul le dit aussi à sa manière :
« Ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur. »

Et Jésus ajoute quelle doit être notre attitude :
Une attitude de confiance que rien n’ébranle : ni les catastrophes, ni les persécutions.

Car ce qui sera destructeur pour les réalités mondaines sera tout au contraire un achèvement pour ce qui a été bâti sur la foi et l’amour.
La fin de ce monde n’est pas son anéantissement, sa destruction totale, mais une nouvelle création, et l’achèvement par le Seigneur lui-même de tous nos efforts.

Le signe du Temple témoigne silencieusement de cette réalité que Dieu est le maître de l’histoire. Le temple était non seulement la fierté des Juifs par sa beauté grandiose, mais surtout le symbole de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Le sanctuaire était au cœur de la vie d’Israël. Imaginons le choc que produira cette destruction du Sanctuaire, qui adviendra en l’an 70, trente-cinq ans environ après la mort de Jésus. Et ce signe demeure visible encore presque 2000 ans après la destruction. Et comme les pierres de l’ancien Temple témoignent à leurs manières du Seigneur Dieu, aussi notre vie est appelée à donner un témoignage à Jésus par des paroles ou par des actes.

Saint Paul nous dit que dans l’attente du retour du Seigneur, le chrétien est invité à refléter devant les hommes ce qu’il est devant Dieu ; son comportement aura aussi une incidence, bonne ou mauvaise, sur la marche de l’assemblée.

Paul s’adresse avec fermeté à ses frères qui, à Thessalonique, marchaient « dans le désordre » : le terme employé ici signifie, dans le langage militaire, « être hors du rang ». Leur comportement relâché avait un effet néfaste sur celui des autres croyants.
Et Paul, dont la marche imitait si fidèlement le Christ, avait été un exemple donné parmi beaucoup de croyants :
– Il avait voulu « rendre l’évangile exempt de frais », en exerçant un métier.
– Il allait au-delà de ce qui était demandé à un serviteur qui peut vivre de l’Évangile, en ne réclamant pas son droit à recevoir un salaire.
– Il ne cherchait pas à profiter des biens de ses frères, mais recherchait toujours leur bien spirituel.

« … Le travail est l’amour rendu visible. » Écrit Khalil Gibran.

Seigneur guide-nous alors ce dimanche sur la voie de la simplicité, de la transparence, de la confiance et la persévérance.
Que ton soleil flambe, illumine, embrase ; toi sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont.
Que nous vivions ici-bas comme on vit dans la Jérusalem céleste.
Que notre travail rende l’amour visible.
Amen.

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