FMJ MtlPREMIER DIMANCHE DE L’AVENT – A
Frère Jakub
Is 2, 1-5; Ps 122; Rm 13, 11-14a; Mt 24, 37-44
27 novembre 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Pour rien au monde, nous ne voudrions le manquer.

Le Sommeil, Se réveiller, Veiller !
Voici trois mots qui apparaissent dans la liturgie du premier dimanche de l’Avent.
Au premier jour de ce temps nouveau.
Devant le mystère du sommeil de l’homme, la Bible a réfléchi :
comme tout élément d’une vie à la fois créé par Dieu
et si souvent en butte au péché, le sommeil a une valeur ambiguë.
Sa valeur est toute relative et le réveil procure la joie.
La veille capte les énergies pour les empêcher de tomber dans l’amollissement.
Ainsi les thèmes du sommeil, du réveil et de la vigilance,
tellement médité en ce temps de l’Avent sont-ils étroitement liés.
Le sommeil, comme il suspend l’exercice de la volonté humaine,
constitue une occasion particulièrement favorable à l’action divine.
Mais, s’il n’est pas maintenu dans de sages limites,
il devient un signe de lâcheté et de paresse.
Il faudra souvent le réduire pour mieux s’acquitter du service de Dieu.

La Bible n’apprécie guère l’insomnie :
n’est-elle pas, le plus souvent, provoquée par des soucis matériels qui,
en accaparent l’attention, éloigne du vrai Dieu ?
Comme a écrit Charles Peguy dans Le mystère des Saints Innocents
« Je n’aime pas celui qui ne dort pas, dit Dieu.
Le sommeil est l’ami de l’homme.
Le sommeil est l’ami de Dieu.
Le sommeil est peut-être ma plus belle création.
Et moi-même je me suis reposé le septième jour.
Celui qui a le cœur pur dort
Et celui qui dort a le cœur pur. »
Et l’épouse du Cantique des cantiques annonce
« Je dors, mais mon cœur veille. » (Ct 5, 2)

*

Mais à un certain moment il faut se réveiller et le réveil procure la joie !
« Il ne convient pas de dormir toute la nuit
Car la Parole de Dieu est en demeure chez nous et y veille ! »
disait Clément d’Alexandrie.
Et l’Apôtre Paul nous avertit de sortir de notre sommeil,
d’aller à la rencontre de la lumière qui pointe à l’horizon.
« C’est le grand secret d’être infatigable comme un enfant.
D’avoir comme un enfant cette force dans les jarrets.
Ces jarrets neufs, ces âmes neuves.
Et de recommencer tous les matins, toujours neuf,
Comme la jeune, comme la neuve Espérance. »
Ajoute encore Charles Peguy.

*

Et encore un mot fort pour ce temps de l’Avent – Veillez !
La maman qui attend son bébé,
la fiancée qui guette à la fenêtre,
sont partagées entre l’impatience et la joie du désir.
Le temps de l’Avent est celui de guetter.
Où je dors, où je veille, mon cœur est près du Seigneur
et il répète Marana tha, Viens Seigneur Jésus !
Nous surveillons avec l’attention de l’amour et du désir l’Époux qui doit venir.
Pour rien au monde, nous ne voudrions le manquer.
Attendons-nous le Seigneur avec une telle soif ?
Il est bon que, chaque année,
l’Avent nous rappelle de désirer le Bien-Aimé.

Comment concrètement vivre cette veille ?
Tout d’abord en veillant dans la foi par la prière.
Tout ce qui cultivera en nous l’esprit d’adoration
est propice à nous maintenir éveillé
ou à nous réveiller pour être attentif à Dieu qui descend à nous.
L’Avent est le temps du Seigneur qui descend jusqu’à nous,
mais il est aussi le temps d’un mouvement réciproque :
« Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob… » (Is 2,3)
Il est urgent aussi de rejeter les œuvres des ténèbres,
de revêtir les armes de la lumière.
Il est temps de changer de comportement,
il est temps de laisser derrière nous tout ce qui nous éloigne de Dieu,
tout ce qui nous empêche de vivre pleinement ce commandement d’amour.
« Même une petite flamme qui vacille soulève le lourd manteau de la nuit »
disait saint Jean-Paul II aux jeunes de Toronto.
Alors chacun de nous, chacune de nous à une grande responsabilité de témoigner
de cette Lumière qui vient au monde
Jésus Christ Fils de l’homme.
« Marchons alors à la lumière du Seigneur » comme s’exclame le livre d’Isaïe. (Is 2,5)
Paul et Jésus nous invitent dès aujourd’hui
à vivre en enfants de Dieu,
en enfants de lumière.
Un proverbe africain dit :
« Le meilleur jour de la fête, c’est la veille ».
Or nous entrons aujourd’hui dans le temps de l’Avent, le temps de la veille,
le temps de l’attente pour l’Église.
Qu’il soit pour nous un temps de grâce et de joie.
Maranatha. Viens, Seigneur Jésus.

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