FMJ Mtl32e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Thomas
2M 7, 1-2.9-14; Ps 16; 2Th 2, 16-3,5; Lc 20, 27-38
6 Novembre 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

L’anticipation de notre résurrection

Voilà que Jésus est harcelé de questions par les notables juifs depuis qu’il est entré dans Jérusalem pour la fête de la pâque. Pour cette pâque dont il fera sa pâque, en y vivant sa mort et sa résurrection. Dans le passage que nous venons d’entendre, ce sont les Sadducéens  qui inventent une histoire pour tourner en ridicule la foi en la résurrection. Cela peut nous rappeler bien des tentatives qui ont pu être faites pour moquer la foi chrétienne qui est la nôtre. Certains d’entre nous ont pu même avoir été l’objet de telles moqueries, de telles dérisions, en raison de leur foi chrétienne.

Il est d’abord intéressant et remarquable de constater comment Jésus garde la tête haute et se défend, par sa parole, au cours de toutes ces questions pièges qui lui sont posées, au cours de tous ces affronts qui lui sont faits. Il le fait tout en respectant ses interlocuteurs, en cherchant d’abord à les éclairer.

Voilà donc des Sadducéens qui l’interrogent sur la résurrection. Les Sadducéens étaient des juifs proches des grands prêtres du Temple, qui ne s’en tenaient qu’à la Loi de Moïse. Contrairement par exemple aux pharisiens, ils n’acceptaient pas des croyances plus récentes telles que la résurrection des morts. C’est donc par rapport à la résurrection des morts qu’ils vont s’en prendre à Jésus. Ils avaient déjà un différend avec les pharisiens par rapport à la résurrection, mais c’est sur Jésus qu’ils vont le focaliser. La résurrection est au cœur du message de Jésus. Il y a la résurrection à la fois des temps, partagée par bon nombre d’Israélites à l’époque de Jésus. Mais il y a surtout la résurrection de Jésus lui-même. Et Jésus dira à Marthe, la sœur de Lazare, «Je suis la résurrection de la vie ».

La première chose que Jésus  répond aux Sadducéens, c’est qu’on ne se marie pas à la résurrection. Ainsi le problème posé par eux avec la femme aux sept maris successifs n’a pas de sens. Jésus ne méprise pas le mariage. Ailleurs dans l’Évangile il en dira l’exigence et la sainteté. Mais il dit tout le caractère relatif du mariage. Le mariage est lié au caractère mortel de la vie humaine en ce monde. Son but premier est de permettre à l’humanité en ce monde de se perpétuer, par la procréation. La résurrection permet un élargissement de l’amitié, de l’affection fraternelle et de la fécondité, sans être limité par aucune relation exclusive.

Ainsi le célibat consacré est une anticipation de cet état de ressuscité. C’est ce qu’a vécu Jésus. C’est qu’ont vécu un grand nombre d’hommes et de femmes à la suite du Christ, depuis les premiers siècles du christianisme. En répondants aux sadducéens, Jésus nous enseigne donc sur le célibat consacré, qui puise fondamentalement ses racines dans la résurrection.

Puis Jésus interpelle les Sadducéens sur le sens de l’appellation « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob ».  Si Dieu se nomme ainsi  devant Moïse au buisson ardent, ce n’est pas que les patriarches cités seraient des morts. Le scepticisme des Sadducéens sur la résurrection risque d’être aussi une incrédulité par rapport à la vie du monde à venir. Comme ces Sadducéens ressemblent à bon nombre de nos contemporains, tentés par la croyance que tout s’arrêterait avec la mort. Quelle joie de croire que la mort n’est qu’un passage vers une autre vie, qui débouche sur la résurrection des corps à la fin des temps. Il ne s’agit pas là d’un conte de fée pour nous consoler de la perte d’êtres chers. Il s’agit d’une réalité dont ceux qui accompagnent des mourants peuvent faire l’expérience d’une manière toute spéciale.

Nous avons prié le 2 novembre dernier, comme chaque année, pour les défunts. Et à chaque eucharistie l’Église nous fait prier pour les défunts. Il y a un lien entre l’eucharistie et la résurrection. Dans le discours sur le pain de vie, au chapitre sixième de l’Évangile selon St Jean, Jésus affirme : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». C’est là un des textes que la liturgie de l’Église nous donne pour les messes des défunts. En communiant au corps et au sang du Christ, nous communions à sa vie de ressuscité, nous avons sa vie de ressuscité en nous. St Paul, dans le chapitre 8 de l’épitre aux Romains, nous parle du rôle de l’Esprit Saint dans notre résurrection : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous». Nous voyons ainsi que notre résurrection est l’œuvre de Dieu-Trinité. L’eucharistie est un lieu privilégié où cette œuvre commence à se faire.

C’est pourquoi l’Église a toujours insisté sur la participation de ses fidèles à l’eucharistie, car c’est la vitalité de leur foi en la résurrection qui est en jeu. Et le dimanche est le jour du Seigneur, le jour de sa résurrection. En ce jour-là l’eucharistie revêt une importance toute particulière.

La foi en la résurrection est la force des martyrs. Nous voyons dans la première lecture comment les martyrs d’Israël n’ont pas cédé, ni à la corruption ni à la violence, devant le roi Antiochus Épiphane qui voulait leur faire transgresser la Loi de Moïse. Durant les 2000 ans de l’Histoire du christianisme, nous voyons tant et tant d’hommes et de femmes de tous âges, de toutes nations et de toutes conditions, refuser de renier leur attachement au Christ. Ils ont puisé leur force de supporter moqueries, railleries, vexations, mauvais traitements, emprisonnements, tortures et mise à mort, dans leur foi en la résurrection.

Heureux sommes-nous de croire, à la suite du Christ, en la résurrection de la chair. La vie en ce monde, avec ses beautés mais aussi avec ses limites, est un passage vers une vie plus belle. Le célibat consacré en est un signe. L’eucharistie en est l’anticipation. Le martyre en est une éloquente manifestation.

 

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