FMJ MtlLE COEUR IMMACULÉ DE MARIE – B
Frère Antoine-Emmanuel
Is 61, 9-11 ; Ct 1 S 2 ; Lc 2, 41-51
13 juin 2015
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Les femmes qui portent l’Évangile

« Enfant, pourquoi as-tu fait cela ?
Voici, ton père et moi,
nous sommes au supplice en te cherchant » (Lc 2,48).

Marie parle, Marie questionne,
Marie exprime son émotion, sa souffrance,
comme le font toutes les femmes…

Joseph se tait…

« Sa Mère retenait toutes ses choses
dans son cœur » (Lc 2,51).
Joseph, lui, s’en est retourné au travail.

Marie qui exprime son émotion ;
Marie qui porte en son cœur ce dont elle a été témoin.

Marie est vraiment femme.
Elle est même LA Femme par excellence
et LA Mère par excellence.

Il y a dans le film de Mel Gibson
une scène très juste, très significative :
Marie au pied de la croix
qui regarde Jésus et dit :
« L’os de mes os, la chair de ma chair ».

C’est si vrai.
Le corps de Jésus, ce corps tout humain,
parfaitement humain, d’où vient-il ?
Il est le corps formé dans le sein de Marie
quand la promesse de vie portée par la jeune Marie
a été divinement fécondée
pour qu’apparaisse une personne humaine.

Le corps de Jésus non seulement s’est développé
dans le corps de Marie neuf mois durant,
mais il vient du corps de Marie,
comme chacun de nous en notre corps,
nous venons du corps de notre maman,
si du moins nous ne sommes pas nés de manipulations
qui violent cette fécondité naturelle.

Le sang de Marie a nourri le sang de Jésus.
Puis le lait maternel de Marie a nourri le corps de Jésus.

Voilà pourquoi Marie peut dire
en regardant Jésus suspendu à la croix :
l’os de mes os et la chair de ma chair.

Aussi le glaive annoncé par Syméon
traverse-t-il le cœur de Marie
avec une profondeur insoupçonnée,
car le corps du Fils et de la Mère
ne sont pas dissociables,
de même que leurs cœurs
ne sont pas dissociables.

Mais il faut aller plus loin
et entrer dans le Mystère pascal.
Le corps du Ressuscité,
le corps qui se donne à voir
aux témoins de la résurrection,
ce n’est pas un corps issu du néant
dans une sorte de prodige ou de magie.
C’est le corps de Jésus, son corps bien humain,
mais désormais glorifié depuis que son âme
embrasée de la splendeur de la résurrection l’a relevé,
ressuscité, ranimé au matin de Pâques.

Le corps du Christ ressuscité
c’est ce corps indissociable du corps de Marie
désormais investi par la gloire divine.

Aussi quand nous communions au corps du Christ,
quand nous recevons l’hostie en laquelle Jésus S’est anéanti,
c’est le corps du Christ que nous recevons et qui nous reçoit,
mais c’est aussi au corps de Marie que nous communions.

Quel mystère…
Mais il y a plus…

Notre avenir, notre devenir,
c’est d’être rassemblé dans cet unique corps du Christ.
Nous sommes les corps du Christ,
et nous devenons peu à peu ce que nous sommes.
Nous sommes un seul corps,
tous rassemblés en Lui,
dans la belle divinité de nos membres.

Mais cet unique corps bien réel que nous devenons,
ce n’est pas un autre « corps du Christ »
qui viendrait d’on ne sait où,
c’est le même et unique corps de Jésus
glorifié dans l’Amour
qui nous rassemble en Lui.
C’est donc encore et toujours
ce corps issu du corps de Marie.

Impossible de séparer l’Église de Marie.
C’est le corps qui a été façonné en elle,
qu’elle a irrigué de son sang,
qu’elle a nourri de son lait.

Il est grand le mystère de Marie.
Marie la toute humaine,
la très humaine,
la plus humble.
Marie la plus sainte, la toute sainte…

Marie dont le mystère féminin
traverse l’Église, irrigue l’Église, identifie l’Église.

Marie et avec elle tant de femmes
qui font l’Église,
qui irriguent l’Église de leur sang, de leur cœur
et nourrissent l’Église de leur lait, de leur amour.

Non pas des femmes assoiffées de pouvoir
mais des femmes assoiffées de mission,
enflammées d’amour pour l’Évangile.

Je ne peux m’empêcher ici de penser à Madeleine Wisselmann ,
qui priait ici chaque jour ou presque,
trois ou quatre heures devant le Saint-Sacrement
et communiait intensément au Corps et au Sang du Christ.
Sa fragilité, sa santé si éprouvée
n’avaient pas éteint la flamme de sa foi
et son désir d’être missionnaire.

Elle avait tant hésité entre vie consacrée et vie conjugale.
Et elle avait choisi la vie conjugale en vue de la mission,
avec le désir intense de s’en aller en Afrique
pour y porter l’Amour du Christ.

Il y a quelques années, déjà très handicapée,
apprenant que nos Fraternités
avaient l’intention de fonder en Afrique de l’ouest,
elle avait commencé des démarches
pour quitter le Canada et partir avec nous en Afrique.

Une femme qui voulait porter l’Évangile,
pas comme un projet, mais comme un enfant.
Une femme habitée par la mission.

Et, quand il y a quelques jours,
ses enfants lui ont donné la communion
à l’hôpital de Ville LaSalle,
elle n’a pas voulu communier seule.
Elle voulait que ses enfants communient avec elle.
Elle était là encore missionnaire.
Le Christ n’est pas pour moi.
Il est pour nous.
Si je le porte, c’est pour le donner au monde.

Frères et sœurs, bénissons le Seigneur
pour toutes les femmes qui portent l’Évangile
à la manière de Marie.
Elles nous disent qui est l’Église.

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