FMJ MtlSOLENNITÉ DE SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU
Frère Thomas
Nb 6, 22-27; Ps 67; Ga 4, 4-7; Lc 2, 16-21
1er Janvier 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Dieu nous fait Sa mère pour nous faire Ses enfants

Dans la bénédiction des fils d’Aaron, on demande au Seigneur de « faire briller son visage » (Nb 6,22-27). Comme cela est étonnant, car dans la Première Alliance YHWH est un Dieu qu’on ne voit pas. Lorsque Moïse demande à Dieu de voir sa gloire, Dieu lui répond que l’homme ne peut pas Le voir et vivre. Il consent simplement à faire passer sa gloire et à couvrir Moïse de sa main, car la face de Dieu on ne peut la voir.
Et pourtant la bénédiction se retrouve dans le psaume 66 : « Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, faisant luire sur nous sa face ! »
C’est donc une bénédiction qui est appelée plusieurs fois sur le peuple. Nous pouvons dire qu’avec l’Incarnation cette bénédiction s’est réalisée, puisque Dieu a pris un visage pour nous. « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage ». Il l’a réalisé et continue à le réaliser dans le visage de Jésus christ, Verbe de Dieu fait chair. « Que le seigneur tourne vers toi son visage ». – Il le fait par sa sollicitude à notre égard.

Parmi les humains, la personne qui a reçu cette bénédiction entre toutes c’est Marie, devenue mère de Dieu, et qui a la première tenu dans ses bras et fait face au Dieu éternel fait petit enfant.
Voilà la fête que nous célébrons en ce premier janvier : Sainte Marie, mère de Dieu. C’est là une des harmoniques de la Nativité, du mystère du Verbe fait chair. Marie ne donne pas naissance à un être issu d’elle et de Joseph, ni même issu d’elle et du Père. Jésus n’est pas un demi-dieu, comme Hercule, dans la mythologie grecque, issu de Zeus et d’une femme mortelle. Jésus est le Verbe de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu – comme le dit le Credo. Il préexiste donc à Marie, et Marie ne fait qu’accueillir en elle un être dont elle n’est pas l’origine.
Ce qui est ici étonnant et admirable, c’est que Dieu – Dieu en la deuxième personne de la Trinité – ait bien voulu avoir une mère. Et il n’a pas fait semblant d’avoir une mère. Il a vraiment été porté en son sein durant neuf mois, Il est né – nourrisson vagissant -, il a été dépendant de tous les soins de sa mère et de son père Joseph, comme tous les nourrissons du monde.
Nous pouvons dire que le Verbe, la Parole de Dieu, en ayant Marie pour mère, a consenti à se faire non-parole : littéralement « infans », « qui ne parle pas. »
« Quand vint la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, soumis à la loi » (Ga 4, 4-7). Jusqu’ici Dieu venait en parlant à ses serviteurs, aux patriarches, à Moïse, aux juges, aux rois, aux prophètes. Comme Dieu est Parole, c’est par sa parole qu’il se manifestait. Il ne faisait pas rayonner son visage. Il ne s’est montré que de dos à Moïse.

Voilà qu’il consent à avoir une mère. Il n’a absolument pas besoin d’avoir une mère, Lui par qui tout a été fait. Il se laisse porter, cajoler, caresser, nourrir, habiller, soigner, Lui qui soutient tout l’univers.
Il y consent pour que son visage brille, qu’il s’illumine…pour Marie, pour Joseph, pour les bergers, pour les mages… pour nous tous.

Mais si Marie est mère de Dieu, ne le sommes-nous pas nous tous d’après la parole même de Jésus, si nous faisons la volonté du Père ?
Ainsi, lorsque nous faisons la volonté du Père, le visage du Seigneur brille, il s’illumine pour nous. Voilà qu’à notre tour nous avons une relation toute renouvelée à Dieu.
Mais pourquoi Dieu est-il descendu jusqu’à avoir une femme pour mère, jusqu’à avoir chacun chacune d’entre nous pour mère ?

Dieu veut faire de nous ses fils et ses filles adoptifs. Toute l’Écriture le dit, et l’Epître aux Galates nous le redit à sa manière : « Dieu a envoyé l’Esprit de son fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie : « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! »
Mais en raison de notre peur de Dieu, en raison de notre peur de Dieu comme maître, et aussi comme Père, en raison du mur que notre péché avait mis entre Dieu et nous… Dieu a voulu se faire notre enfant.
Pour faire de nous ses fils et ses filles, Dieu a d’abord voulu faire de nous sa mère. Pour faire rayonner sur nous son visage d’amour et de tendresse, Dieu a d’abord voulu se déposer dans nos bras comme un petit enfant. Pour nous dire à quel point Il nous aime, Dieu a d’abord voulu se faire sans parole, mendiant, par ses vagissements de nourrisson, de notre amour.

C’est Marie qui est aux premières loges pour recevoir ce mystère de l’abaissement de Dieu. Elle a été mère de Dieu selon la chair, et aussi selon l’Esprit. Elle a accueilli les bergers qui glorifiaient et louaient Dieu de s’être fait petit enfant. Elle retenait tous les événements, les méditant dans son cœur. Elle a donné à l’enfant le nom de Jésus, car par sa venue entre nos mains, Il nous sauve de notre inimitié avec Dieu, Il nous sauve de notre suffisance.

Sainte Marie, mère de Dieu, prie pour nous, afin que nous soyons à notre tour mère de Dieu, et qu’ainsi nous sachions devenir enfants de Dieu.

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