FMJ MtlNOËL – MESSE SOLENNELLE
Frère Jakub
Is 52, 7-10; Ps 97; He 1, 1-6; Jn 1, 1-18
25 Décembre 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

 

Adorer Dieu caché sous les apparences d’un enfant

Chers frères et sœurs,
En venant ici dans cette église,
nous voulons nous rassembler autour de Celui
qui nous invite à Sa fête.
Et l’Évangile de saint Jean nous invite
en cette belle fête de Noël,
à contempler plus profondément ce grand mystère de l’Incarnation :
Dieu est tellement grand qu’Il a pu devenir un enfant.
L’homme est tellement grand que Dieu a pu se faire homme
sans l’écraser, sans le déformer.

Dieu s’est fait homme,
comme l’exprime magnifiquement la préface de Noël :
« Dans le mystère de la Nativité,
Celui qui par nature est invisible
se rend visible à nos yeux.
engendré avant le temps,
il entre dans le temps. »
Si Dieu se met ainsi à hauteur d’homme, dans un amour infini,
nous découvrons, émerveillés que nous devenons capables de Dieu,
que nous sommes appelés à l’inouï :
devenir fils et filles bienaimés du Père.
C’est l’affirmation qui est au cœur du prologue de saint Jean :
« A ceux qui ont reçu Jésus-Fils de Dieu,
il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu,
Ceux qui croient en son nom, ils ne sont pas nés du sang,
ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme :
ils sont nés de DIEU. » (Jn 1, 12-13)
Comme il est beau ce cadeau que Dieu nous offre,
un cadeau de lumière, un cadeau de tendresse.

Comme il est rayonnant
ce visage de Dieu que vient dessiner la fête de Noël d’année en année !
Ce jour-là sur Bethléem apparemment
le soleil s’est levé comme tous les autres jours.
Et les gens sont allés à leurs affaires,
les soldats ont commencé à préparer leur glaive pour le massacre des saints innocents,
les femmes ont continué à aller puiser l’eau à la fontaine,
les hommes ont continué à se réunir sur la place,
et Hérode, le roi, continuait à gouverner.
Et pourtant, tout notre monde était déjà pris dans une lumière différente,
la lumière de ce regard d’enfant, de ce regard de Dieu,
posé pour la première fois sur nous,
à travers un visage d’enfant et des yeux d’enfant.

Et il est intéressant de voir qu’un enfant a toujours soif d’apprendre.
Les fameux ‘pourquoi’, dont il ne cesse de nous abreuver
en sont l’illustration la plus parlante.
Être enfant de Dieu, c’est sans cesse s’abreuver
à la source d’eau vive qui vient de Dieu notre Père
qui est la Lumière et la Vie.
Et ce divin enfant était la vraie Lumière
qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
La lumière est indispensable à la vie.
La lumière appelle la vie.
La graine de haricot que l’on enfouit dans le jardin
ne s’enfonce pas dans la terre, il monte en surface vers la lumière.
Les fleurs se ferment la nuit et s’ouvrent à la clarté du matin.
L’aspiration à la lumière est universelle.
L’horizon voit chaque jour le soleil disparaître.
Le désespoir nous éteindrait s’il ne devait plus réapparaître le lendemain.
Alors, nous pouvons faire nôtre la prière du bienheureux John Newman :
« Conduis-moi, douce lumière,
À travers les ténèbres qui m’encerclent.
Conduis-moi, toit, toujours plus avant !
Garde mes pas : je ne demande pas à voir déjà
Ce qu’on doit voir là-bas :
Un seul pas à la fois
C’est bien assez pour moi.
Un seul pas à la fois. »

Et lorsque la lumière du ciel passe à travers les vitraux,
elle se charge symboliquement d’une manifestation divine.
Les vitraux sont chargés de transformer la lumière physique en lumière divine,
autrement dit : de faire entrer la présence divine dans l’église.
Nous pouvons aussi faire entrer la lumière divine,
la présence divine en nous et à travers nous, dans ce monde.
L’Incarnation du Verbe de Dieu dans la chair est le pivot de l’histoire.
Ce miracle, qui s’accomplit dans la sainte nuit de Noël,
ne cesse de s’accomplir pour nous dans le mystère eucharistique :
« En celui qui vraiment le reçoit comme sa nourriture
s’accomplit chaque jour le mystère de Noël,
l’incarnation du Verbe »
écrit Edith Stein dans Le Mystère de Noël.

L’Eucharistie est la crèche où l’on peut adorer le Verbe incarné.
Dans l’Eucharistie, nous saluons le Dieu caché
Sous les apparences du pain et du vin.
Nous pouvons à Noël, saluer le Dieu caché sous les apparences d’un enfant.
« Je t’adore du fond du cœur, Dieu caché
Qui sous ces apparences vraiment prends corps,
à Toi, mon cœur tout entier se soumet
Parce qu’à te contempler, tout entier, il s’abandonne. »
Et que la nourriture eucharistique
nous comble de la paix annoncée par les anges à ceux que Dieu aime,
et nous transforme aussi en sources de paix et de joie
pour tous ceux qui nous entourent et pour le monde entier.

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