FMJ MtlLA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR – B
(Frère Thomas)
Ac 10, 34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9
5 avril 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

L’Amour ne peut pas mourir !

C’était tout ce qui restait de Jésus : un tombeau !
Encore le corps de Jésus mort sur la croix
avait échappé à la fosse commune,
grâce à la sollicitude et à l’insistance
de Joseph d’Arimathie auprès de Pilate.
Ainsi, Marie Madeleine, une fois le sabbat terminé,
vient visiter le tombeau pour rendre au corps de Jésus
les soins funéraires qui lui sont dus.

Jésus rejoint donc la liste des justes assassinés
parce que leur prédication ou leur exemple dérangeait.
Peu de temps avant Lui, il y a eu Jean Baptiste,
le précurseur, décapité par Hérode.
Jésus avait une fois rappelé aux scribes et aux pharisiens
– d’une manière virulente – comment leurs pères
avaient tué les prophètes (depuis Abel jusqu’à Zacharie),
et comment eux avaient bâti et décoré leurs tombeaux.
Jésus avait ainsi dénoncé leur hypocrisie.
C’était bien là ce qui risquait de se reproduire
avec le tombeau de Jésus :
pour bien se faire voir de la foule,
les chefs des prêtres, les pharisiens et les scribes
auraient participé à son entretien.

Mais voilà que Marie Madeleine trouve le tombeau ouvert
(nous savons pourtant que les chefs des prêtres
l’avaient fait garder) et vide.
La première chose qui monte en elle,
c’est que le corps a été enlevé.
Enlevé par qui ?
En vue de quoi ?
Une peur montait chez les disciples.
Les chefs des prêtres les avaient soupçonnés
de vouloir enlever le corps de Jésus en cachette,
pour pouvoir ensuite annoncer qu’Il est ressuscité des morts.
Les disciples pourraient donc être accusés
d’avoir enlevé le corps.

Les chefs des prêtres eux se souvenaient
que Jésus avait dit qu’Il ressusciterait d’entre les morts.
Cependant, ils n’en croyaient pas un mot.
Ils utilisaient cette affirmation de Jésus
pour leurs stratégies en vue de mettre fin
à l’influence de Jésus de Nazareth,
qui les dérangeait au plus haut point.

Les disciples, quant à eux, avaient tout simplement oublié
que Jésus avait annoncé sa résurrection.
Cela ne leur est même pas venu à l’esprit
au moment où ils ont découvert le tombeau vide.

Jusqu’ici tout se passe
comme si la prédication et la vie
que Jésus avait menées avant sa mort avaient disparu.
Il n’y a plus que des intrigues, des rapports de force,
autour du tombeau et du corps de Jésus.

Bien souvent, quand un proche meurt,
les disputes sur son héritage matériel
prennent le dessus sur le souvenir de l’héritage spirituel
que la personne laisse à tous ses héritiers.

Quelque chose de semblable
s’est produit après la mort de Jésus.
Les chefs des prêtres voulaient s’emparer
de la tombe et du corps de Jésus
pour étouffer son enseignement.
Et il semblerait qu’ils aient réussi.
Ils ont arrêté par ruse
et fait condamner de façon expéditive Jésus
comme blasphémateur – aux yeux de la Loi –
et comme roi des Juifs – aux yeux de l’occupant Romain.
Ils avaient peur pour la parcelle de pouvoir
qu’ils s’étaient taillée auprès du peuple,
dans leurs négociations avec l’occupant Romain.

Puis, lorsque ses disciples ont décidé
de mettre Jésus dans un tombeau,
ils ont aussi mis la main sur le tombeau.
Apparemment, les disciples de Jésus avaient tout perdu.

Mais c’était sans compter sur la puissance de l’amour
dont Jésus n’a cessé de vivre
et qu’Il n’a cessé de déployer.
L’amour, quand il est véritable, ne peut pas mourir.
L’amour mise sur la durée.
Aimer quelqu’un en vérité, c’est lui dire :
« Tu vivras ».

Repassons les paroles de vie
que Jésus a dites à ses disciples :
« L’eau que Je lui donnerai deviendra en lui
source d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jn 4,14).
« Le Fils donne la vie à qui Il veut » (Jn 5,21).
« Qui mange ma chair et boit mon sang
a la Vie éternelle et Je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,54).
« De son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,38).
« Je suis la Lumière du monde » (Jn 8,12).
« Je suis venu pour qu’on ait la Vie
et qu’on l’ait surabondante » (Jn 10,10).
« Qui croit en Moi, même s’il meurt, vivra,
et quiconque vit et croit en Moi
ne mourra jamais » (Jn 11, 25-26).

Jésus qui a réveillé du séjour des morts
le fils de la veuve de Naïm,
la fille de Jaïre ainsi que son ami Lazare,
pouvait-Il rester longtemps prisonnier du séjour des morts ?

Regardons à présent comment les apôtres Pierre et Jean
sont passés de la peur face aux chefs des prêtres
à la foi en la résurrection de Jésus.
Tout de suite après que Marie-Madeleine
leur eut annoncé que le tombeau était vide,
ils se mettent en route vers le tombeau, en hâte,
pour voir ce qui s’est réellement passé.
Jean arrive le premier au tombeau,
mais il donne la préséance à Pierre
pour entrer le premier.
Pierre, puis Jean, voient les linges qui avaient servi
à envelopper le corps de Jésus, bien en ordre.

Ils voient tous les deux…
mais il est seulement dit de Jean qu’il vit et qu’il crut.

D’abord cela signifie que la foi des apôtres
en la résurrection de Jésus
ne vient pas d’hallucinations subjectives
– comme parfois on peut l’entendre dire –
mais bien d’observations objectives.
En effet, si les linges sont bien rangés,
l’hypothèse de l’enlèvement du corps tombe.
Un voleur aurait emporté le corps
enveloppé dans les linges.

Jean est celui dont les perceptions sont le plus affinées.
Pierre reste encore traumatisé par l’exécution de son Maître…
et surtout, par le reniement qu’il a fait,
ses perceptions sont encore obscurcies.
Jean, lui, était là au pied de la croix,
avec Marie la Mère de Jésus ;
et il avait vu l’eau et le sang couler de Son côté…
au milieu du déchaînement de violences,
des injures qui pleuvaient sur Jésus.

Le même Jean qui a reconnu la vie
qui a jaillit dans l’eau et le sang
qui sortaient du côté de Jésus après le coup de lance,
a su reconnaître la Résurrection de Jésus
dans les linges bien rangés dans le tombeau.

Non ! L’amour véritable ne peut pas mourir !
Rien ni personne sur cette terre ne peuvent l’arrêter.
Si nous savons voir cet amour,
même quand il est bafoué,
même quand on veut le mettre à mort,
alors nous saurons le reconnaître ressuscité.

Avec Jésus, si nous aimons,
si nous nous engageons à aimer,
nous pourrons toujours passer de la mort à la Vie.

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