FMJ MtlDÉDICACE DU SANCTUAIRE DU SAINT-SACREMENT – C
Frère Antoine-Emmanuel
Gn 28, 11-18 ; Ps 112 ; Ap 21, 1-5a ; Jn 4, 19-29
14 mai 2016
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

L’adoration vraie que le Père désire

L’Évangile de ce jour nous emmène en Samarie,
tout près du terrain acheté par Jacob
lors de son retour de chez Laban.
Il y avait érigé un autel
qu’il appela « El, Dieu d’Israël » (Gn 33,20).

Mais désormais, le lieu de culte des samaritains
était au sommet du Mont Garizim.
Il avait été détruit par Jean Hyrcan en 129 avant le Christ,
mais il demeurait pour eux le lieu saint par excellence,
tout comme les juifs de Judée, de Galilée et de la diaspora
reconnaissaient comme lieu saint
le temple de Jérusalem sur le Mont Sion.
Voilà le pourquoi de la question
que la femme de Samarie pose à Jésus :
où faut-il adorer ?

Question fondamentale pour une conscience religieuse
qui veut obéir aux préceptes de la Loi
avec une précision qui exprime l’amour donné à Dieu.
Où faut-il adorer ?
Au Mont Garizim ou au Mont Sion ?
Qu’est ce qui plaît à Dieu ?
Qu’est-ce que Dieu nous commande ?

La réponse de Jésus est bouleversante.
Jésus ne méprise pas cette question :
l’obéissance aux commandements
n’est pas pour Lui périmée,
mais elle est transformée,
portée à son accomplissement.

Ce qui plaît à Dieu,
ce que le Père nous commande,
ce qui accomplit sa volonté,
c’est d’abord de Le reconnaître comme Père.
Son Nom est désormais dévoilé.
Il est « Yahvé », c’est-à-dire « Miséricorde »
et Il est Miséricorde parce qu’Il est « Père ».

Ensuite, ce qui accomplit pleinement sa volonté
toute aimante et paternelle, c’est que nous L’adorions
– littéralement que nous nous prosternions devant Lui –
dans le Souffle et en Vérité.

Cela se comprend à deux niveaux.
Tout d’abord, « en esprit et en vérité »,
cela veut dire que la vraie adoration
n’est pas liée à un lieu ou à un objet :
elle est au-delà du lieu ou de l’objet.
Elle rejoint le Cœur de Dieu d’une manière nouvelle
qui rend l’adoration possible en tout lieu,
en toute circonstance.
Et elle est en « vérité » parce qu’elle est éclairée
par la Révélation définitive que Jésus a apportée.
« En esprit » ne signifie pas « vague »,
« déconnectée », sans référence :
notre adoration est une participation
à l’adoration de Jésus Lui-même.

Et cela nous mène au deuxième niveau :
adorer en Esprit et Vérité,
cela signifie adorer dans l’Esprit Saint
et en Celui qui est la Vérité,
c’est-à-dire en Jésus.
L’Adoration qui accomplit pleinement la volonté du Père
est l’Adoration conduite par l’Esprit Saint
qui participe à l’adoration de Jésus.
Nous prions dans le Christ.
Nous adorons en laissant l’Esprit Saint
nous glisser, nous insérer dans la prière de Jésus Lui-même.

Nous pouvons alors nous questionner :
pourquoi bâtir des églises
et pourquoi célébrer leur dédicace ?
Pourquoi ?
Pour accomplir la volonté du Père.
Pour pouvoir nous rassembler,
pour invoquer ensemble l’Esprit Saint
et être puissamment aidés
à entrer ensemble dans la prière de Jésus !

Le lieu de culte chrétien
n’est plus le temple de Jérusalem,
mais il est nécessaire pour qu’ensemble
nous entrions dans l’adoration que désire le Père,
et que, quittant ce lieu,
nous soyons capables d’adorer le Père
en tout lieu, en toute circonstance.

Oui, l’huile sainte a été répandue sur cet autel,
mais c’est en définitive
pour que l’autel de nos cœurs soit consacré !
L’autel véritable où est offert
le sacrifice du plus grand amour,
c’est le Cœur de Jésus,
et c’est ton cœur quand tu laisses l’Esprit
Se répandre comme une onction
dans les profondeurs de ton être.

Oui, nous avons allumé un feu sur cet autel,
mais le feu que nous visions, que nous désirons
c’est le Feu de l’Esprit Saint
qui brûle dans le Cœur de Jésus
et qui veut brûler dans nos propres cœurs.
C’est le Feu que nous allons recevoir cette nuit
dans la grâce extraordinaire de Pentecôte.
Ce Feu qui consume tout ce qui n’est pas amour en nous
et qui rend nos vies brûlantes de l’Amour de Dieu.

Oui, nous avons posé et illuminé
ces douze chandelles de consécration,
mais la lumière que nous désirions et que nous attendons
est celle du Christ.
En Jésus, les ténèbres sont chassées de nos âmes obscurcies
et le jour se lève dans l’intime de notre être.
La véritable consécration est celle de notre être
qui devient un avec Jésus dans la lumière de Sa vérité.

Et tous ces rites, nous les avons vécus ensemble
parce qu’aucun de nous
ne peut devenir saint tout seul, isolément.
Il n’y a pas de consécration individuelle.
Un individu isolé ne peut jamais être consacré,
parce que Dieu est communion,
parce que Dieu est Amour.

L’huile pénètre nos cœurs dans la mesure
où nos cœurs sont ouverts aux autres.
L’huile imprègne en profondeur et transforme nos cœurs
quand notre amour devient universel.
Le Feu de l’Esprit Lui-même
brûle les cloisons, les peurs, les murs.
Il purifie l’or de nos cœurs
pour que nous devenions un,
brûlant du même Feu, du même amour.
La lumière du Christ nous attire quant à elle
en un seul corps,
en une seule louange,
en une offrande commune de nos vies.

*

Frères et sœurs, voilà ce que le Père aime faire en nous.
Le nouveau Mont Sion, le nouveau Temple
c’est tout à la fois le Cœur du Christ,
ton cœur et le cœur de l’Église ;
la communion de nos cœurs en prière avec Marie.

Voilà le miracle qui ne cesse de se produire
en ce Sanctuaire du Cœur eucharistique de Jésus.
Voilà ce que le Père va faire
en cette Pentecôte qui vient
pour que nous L’adorions dans l’Esprit Saint
et dans le Christ Chemin, Vérité et Vie !

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