DIMANCHE DE PENTECÔTE – B
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Gal 5, 16-25 ; Jn 15, 26-27.16, 12-15
27 mai 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
Que l’Esprit nous fasse agir !
La Pentecôte est une bonne nouvelle !
La Pentecôte,
c’est la vie de la résurrection qui entre en nous,
c’est Dieu qui nous imprègne de Sa Vie :
« Exalté par la droite de Dieu,
Il [Jésus] a reçu du Père l’Esprit Saint promis
et Il L’a répandu » (Ac 2,33).
proclame aujourd’hui l’apôtre Pierre.
De l’intérieur, l’Esprit nous transforme.
L’Amour, la joie même de Dieu, S’unit à notre esprit, (Rm 8,16)
c’est-à-dire à la profondeur mystérieuse de notre être
pour faire de nous des créatures nouvelles.
Nous n’obéissons plus à la chair, dit Paul,
– la chair c’est l’humain qui vit sans Dieu –,
nous obéissons à l’Esprit !
Mais, si l’Esprit transforme notre vie personnelle,
comme tant de saints en témoignent,
est-ce que l’Esprit Saint transforme aussi la société ?
Oui !
Les Actes des Apôtres le montrent très clairement.
Le premier fruit de Pentecôte est, avec la prière,
une manière nouvelle d’être ensemble :
tous ceux qui étaient devenus croyants étaient uns
et mettaient tout en commun.
Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens
pour en partager le prix entre tous,
selon les besoins de chacun (cf. Ac 4,32-35).
La Pentecôte suscite une vie sociale toute nouvelle !
Déjà les prophètes – Amos en particulier –
avaient prêché en faveur de la justice sociale
dénonçant ceux qui faussaient les balances.
Jean Baptiste lui-même appelait à la justice.
La Pentecôte, maintenant, nous donne la force
de vivre selon la justice,
et même nous entraîne plus loin,
ouvrant la perspective de la communion
où l’on met en commun
non seulement ce que l’on a mais aussi ce que l’on est.
La Pentecôte c’est le contraire de la cacophonie de Babel
où l’on ne se comprend plus,
où l’on ne s’entend plus.
Aussi la Pentecôte est fondement de l’espérance sociale.
Non pas le vague espoir d’un monde meilleur,
mais la certitude que le don de Dieu est là
pour transformer la société
parce que les cœurs peuvent se laisser imprégner
de la vie de Dieu
qui est une vie sociale dans l’Amour vrai.
*
Frères et sœurs, voilà qui nous appelle à prier
pour notre société.
L’oraison d’entrée de la messe de Pentecôte
nous a fait prier le Père
de « répandre les dons du Saint Esprit
sur l’immensité du monde ».
Prions pour que les âmes se laissent imprégner par Dieu.
C’est là un grand combat spirituel
parce que le démon fait miroiter l’idée
d’une espèce de monde sans Dieu
où l’on décide soi-même
ce qui est bon et ce qui est mal.
Prions pour notre société !
*
Je vous propose en cette Pentecôte
de prier particulièrement pour les jeunes :
tous… qu’ils portent un carré rouge, vert, blanc ou noir.
Demandons pour eux l’Esprit Saint
pour qu’ils ne s’arrêtent pas au militantisme bruyant
et qu’ils aillent jusqu’à l’engagement,
jusqu’au don de soi dans l’Amour.
Les vrais prophètes arrachent, mais ils plantent aussi ;
ils dénoncent, mais ils construisent aussi,
et l’on ne construit du solide qu’en se fondant sur le Roc.
Tout ce qui ne se construit pas sur Dieu s’écroulera.
La démocratie elle-même, privée de valeurs transcendantes
est en proie aux intérêts et aux égoïsmes des plus rusés.
Prions pour les jeunes !
Qu’ils deviennent les artisans d’une civilisation de l’amour.
Et ce n’est pas une utopie
parce que le don de l’Esprit Saint nous est offert.
Mais cela ne peut advenir
sans que des jeunes s’engagent
dans un don total de leur vie dans l’Amour.
*
L’espérance sociale de Pentecôte est pour les jeunes.
Mais qui le leur dira ?
Et surtout : qui le leur montrera ?
Nous portons là une vraie responsabilité.
Le vrai drame de l’humanité
dit souvent frère Pierre-Marie, notre fondateur,
est la médiocrité des chrétiens que nous sommes.
Est-ce que nous donnons aux jeunes le goût de l’Évangile ?
Frères et sœurs, nous chrétiens de Montréal,
le Seigneur nous demande de manifester,
de manifester au monde sa présence,
son amour, son espérance.
Nous ne le manifesterons pas par des casseroles
mais par une vie transformée,
une vie qui renonce aux compromis
avec le pouvoir, avec l’argent,
une vie qui donne le goût de Dieu.
L’Esprit Saint est le grand libérateur de nos compromissions.
Il vient dénoncer le péché du monde qui est en nous
et Il vient nous révéler
la beauté, la lumière du Mystère pascal
parce qu’Il est l’Esprit de Vérité
qui nous conduit à la vérité tout entière.
Sans l’Esprit, nous sommes incapables
de manifester Dieu au monde.
Mais si nous nous laissons conduire par l’Esprit,
nous seront des témoins crédibles.
Nous montrerons que la foi chrétienne
n’est pas une chose du passé,
mais qu’elle est l’avenir radieux de l’humanité.
Dans un monde malade,
car un monde qui multiplie les lois
est un monde malade,
le Seigneur nous envoie en témoins
de la liberté et de la joie de l’Esprit Saint !
*
Je vais finir par un troisième appel.
Nous vivons une fracture sociale,
un conflit de générations,
une incapacité de dialoguer
qui suscite la colère et même la violence.
Or que se passe-t-il à Pentecôte ?
L’Esprit Saint rend les apôtres capables
de parler la langue des autres.
L’Esprit Saint conduit l’humanité
d’un monde fragmenté vers une unité
qui n’est pas seulement un tissu de compromis :
c’est une unité qui est don de Dieu.
La diversité n’est plus motif de peur
et donc de violence :
elle devient dans l’Esprit Saint
une source de joie.
Nous demandons l’Esprit aujourd’hui
pour devenir des artisans de cette unité.
Et cela commence dans le plus quotidien :
le cœur des pères se tournant vers leurs fils
et le cœur des fils se tournant vers leur père.
C’est cela l’œuvre de l’Esprit.
Là où le stress monte, où l’hostilité se noue,
l’Esprit Saint veut faire de nous des instruments de paix.
Et cela ne sera vrai
que si nous commençons en famille, en communauté.
*
Frères et sœurs,
prier pour les jeunes,
manifester au monde la tendresse de Dieu
et travailler à l’unité,
voilà ce que nous pouvons vivre ensemble
sous la mouvance de l’Esprit.
Puisque l’Esprit est notre vie,
que l’Esprit nous fasse agir. (Ga 5,25)
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