FMJ Mtl6e DIMANCHE DE PÂQUES – C
Frère Thomas
Ac 15, 1-2.22-29 ; Ps 66 ; Ap 21, 10.22-23 ; Jn 14, 23-29
1er mai 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Descendre en nous-mêmes pour y rencontrer Dieu

Nous sommes au cœur du discours
des adieux de Jésus à ses apôtres.
Jésus est amené à leur dire des choses très intimes.
Il leur dit comment, avec le Père,
Il Se plaît à venir demeurer
auprès de ceux qui L’aiment.

Puis, Jésus leur parle de l’Esprit Saint
que le Père enverra en son Nom
et qui leur fera souvenir de tout ce qu’Il leur a dit.
Jésus leur donne sa paix.
Puis, Jésus les rassure en les invitant
à se réjouir de son départ vers le Père,
puisque le Père est plus grand que Lui.

Jésus révèle à ses disciples,
Jésus nous révèle, la profondeur d’intériorité
de la relation qu’Il veut établir avec les humains.
Notre religion est d’abord une religion de l’intériorité.
Si Dieu se plaît à faire sa demeure en nous,
c’est qu’Il est follement amoureux de nous.
Qui que nous soyons,
quoique nous ayons vécu,
Dieu voit en nous une part inaliénable,
cette part inondée où Il se plaît à demeurer.

Ce regard si bienveillant de Dieu sur nous
nous invite par voie de conséquence
à avoir un regard bienveillant sur nous-mêmes.
Regardons donc toute l’attention
de Dieu-Trinité à notre égard :
si nous aimons Jésus avec le Père,
Jésus vient demeurer auprès de nous.
Puis, le Père nous envoie l’Esprit Saint.
Et tout cela pour nous !
Pour l’amour de nous !
Quel prix nous avons aux yeux de Dieu !

On entend dire parfois
que Dieu doit être bien découragé des humains,
avec toutes les mauvaises choses qu’ils ne cessent de faire.
L’Évangile de ce jour nous montre
que non seulement Dieu n’est pas découragé,
mais qu’Il continue inlassablement à nous chercher.

Car Dieu ne veut pas forcer la porte de notre cœur.
« Voici, Je me tiens à la porte et Je frappe »
dit encore Jésus dans le livre de l’Apocalypse.
« Si quelqu’un entend la voix et ouvre la porte,
J’entrerai chez lui pour souper,
Moi près de lui et lui près de Moi » (Ap 3,20).

Et aujourd’hui Jésus dit : « Si quelqu’un m’aime,
mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui » (Jn 14,23).

C’est donc d’abord à l’intérieur de nous
que nous pouvons trouver Dieu.
Est-ce bien là que nous le cherchons ?

Le piège serait de chercher Dieu
d’abord dans toutes sortes d’actions éclatantes
que nous attendrions de Lui.
Certes, Dieu fait des merveilles,
et il importe de savoir les voir et de Lui en rendre grâce.
Mais Dieu est d’abord en nous
pour que nous passions du temps avec Lui,
comme un ami avec un ami.

Et d’autre part, cherchons-nous Dieu
quand nous descendons à l’intérieur de nous-mêmes ?
Car nous pouvons aussi descendre en nous-mêmes
en recherchant un bien-être,
en nous recherchant nous-mêmes sans chercher Dieu.
Dieu a ceci de particulier,
c’est qu’Il ne S’impose pas à ceux qui ne veulent pas de Lui.

Il y a aujourd’hui beaucoup de techniques de méditation,
de descente en soi qui nous sont offertes
dont beaucoup viennent
des traditions religieuses de l’Extrême-Orient.
Il est certes bon de descendre en nous-mêmes
pour mieux nous connaître,
mais voilà que Jésus nous invite Lui-même à cette descente
pour connaître Dieu et par là même,
nous connaître nous-mêmes.

Connaissons-nous tous les trésors de la prière intérieure
que recèle la Tradition de l’Église :
l’oraison, la lectio divina, l’adoration,
le chapelet médité, la prière de Jésus et bien d’autres ?
Tout cela constitue des moyens
pour nous mettre en relation
avec Celui qui habite notre cœur.
Quand nous nous mettons en relation avec Lui,
nous nous découvrons êtres de relations,
aimables et capables d’aimer.

C’est dans la prière intérieure
que tous les grands saints
de l’Histoire de l’Église ont puisé.
C’est en puisant à la prière intérieure
qu’ils ont pu réaliser bien des œuvres de charité.
Nous en avons un exemple
dans sainte Marie de l’Incarnation qui a vécu,
ici au Québec au 17e siècle et que nous avons fêtée hier.
D’autres, comme par exemple
sainte Thérèse de l’Enfant Jésus,
par leurs prières intenses et leur don d’eux-mêmes,
ont pu permettre à bien des hommes et femmes dans le monde
de s’engager auprès de leurs semblables.

La prière chrétienne, pour être authentique, doit être intérieure.
Elle ne saurait être une prière du bout des lèvres,
que nous dirions de façon superficielle
pour simplement faire notre devoir.
À cet égard Jésus est sévère :
« Ce n’est pas en me disant Seigneur Seigneur
qu’on entrera au Royaume des Cieux,
mais en faisant la volonté de mon Père
qui est aux Cieux » (Mt 7,21).

Jésus donne la Paix à ses apôtres.
Il leur donne sa Paix et non pas à la manière du monde.
Il ne s’agit pas d’une paix qui serait une tranquillité.
Il ne s’agit pas d’une absence de souffrances et d’épreuves.
Jésus ne promet pas cela.
Jésus nous met en garde contre l’illusion
d’un monde souffrance zéro sur cette Terre,
ce qui est souvent une tentation de notre époque.
Si nous aimons dans un monde
qui n’accueille pas toujours l’amour,
nous ne ferons pas l’économie de la souffrance.
Il n’est que de lire le récit des Actes des Apôtres,
de la primitive Église, pour voir combien la souffrance
ne leur a pas été épargnée.
Mais quelle paix profonde, quelle joie véritable !

Et si nous descendons en nous-mêmes
pour aller à la rencontre de Dieu,
nous rencontrerons aussi toutes nos résistances
à nous laisser conduire par Dieu.

Nous serons amenés à entrer dans tout un combat spirituel.
Mais quelle paix au-delà d’un tel combat !

Jésus appelle aussi ses apôtres à se réjouir,
car Il part vers le Père.
Jésus nous rassure ainsi
devant ce que nous pouvons ressentir parfois
comme son absence dans nos vies.
Nous nous imaginons qu’Il nous a abandonnés,
mais Il est là, au cœur de nos vies ;
Il est là, auprès du Père, intercédant pour nous ;
Il est là, par son Esprit Saint que le Père nous envoie en son Nom.

À nous de descendre en notre cœur
pour Le laisser nous manifester sa présence.

Un jour, nous verrons Dieu face à face.
Dans la cité sainte, la Jérusalem céleste,
il n’y aura pas de temple, car son temple ce sera l’Agneau.
Et la cité n’aura pas besoin
de la lumière du soleil et de la lune,
car sa source de lumière ce sera l’Agneau.

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