FMJ MtlLE CHRIST ROI DE L’UNIVERS – C
Frère Thomas
2 S 5, 1-3 ; Ps 121 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43
24 novembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus, le Roi qui donne sa vie par amour

Quel roi est donc Jésus ?
Il y a les chefs des prêtres,
il y a Ponce Pilate :
ils font chacun sentir leur pouvoir, leur domination.
Il y a le roi David, oint par le Seigneur,
choisi par les anciens d’Israël,
qui fait un pacte avec eux pour gouverner dans la paix.

Et il y a Jésus, qui est venu tout réconcilier
sur la Terre et dans les Cieux…
en faisant la paix par le Sang de sa croix.

Les chefs des prêtres avaient fait crucifier Jésus.
Le grand prêtre Caïphe avait dit :
« Il vaut mieux qu’un seul homme meure
pour tout le peuple
et que la nation entière ne périsse pas ». (Jn 18,14)

En effet les chefs des prêtres
pensaient que le ministère de Jésus
auprès du peuple, qui avait tant de succès,
allait amener les Romains
à opprimer encore davantage les Juifs.
C’est pourquoi ils ont présenté Jésus à Pilate
comme le roi de Juifs,
comme un fauteur de trouble.

En réalité les chefs des prêtres
ont ainsi flatté la domination de Pilate,
en présentant faussement Jésus comme un dominateur,
afin d’asseoir eux-mêmes leur domination sur le peuple.
Lorsqu’un roi, lorsqu’un responsable, est dominateur,
il n’est pas dans la vérité.
Il ne tient pas compte de la réalité du peuple
qu’il a à sa charge.
Il n’écoute pas ses aspirations.
Il utilise le peuple pour ses propres satisfactions.
Il n’a pas non plus conscience
d’avoir reçu mandat d’un autre,
à qui il doit de rendre des comptes.

Le roi messie annoncé par Dieu dans l’Ancien Testament,
reçoit son autorité de Dieu
et a le sens de la justice, du bien commun.
Ô Dieu, donne au roi ton jugement
– dit le psaume 71 –
au fils de roi ta justice,
qu’il rende à ton peuple sentence juste
et jugement à tes petits. (1-2)

Beaucoup de nos pays se félicitent d’être des démocraties ;
et cela est bon que les dirigeants
doivent rendre des comptes au peuple qui les a élus.
Mais trop souvent les dirigeants se laissent mener en fait
par des groupes de pression aux intérêts particuliers
dont le pouvoir reste fondé sur l’argent.

Je voyais il y a deux jours dans le centre de Montréal
une grande affiche publicitaire qui disait :
« Vivez dans le luxe ».
Comment alors le peuple peut-il vivre dans la justice
si son appât du gain primaire est sans cesse excité ?
Du temps de Jésus,
les grands prêtres croyaient servir le peuple Juif.
En fait ils servaient leurs propres intérêts.
Les Romains, eux croyaient offrir aux peuples la paix.
En fait ils leur imposaient leur domination.

Le roi David fait la joie du peuple Israël.
Il a été choisit par Dieu, oint par le juge Samuel,
puis il a été choisit par le peuple
qui a reconnu en lui un dirigeant digne de ce nom.
Il a fait un pacte avec eux.
David a réussit à rassembler autour de lui tout un consensus.
Consensus fragile cependant,
quand nous savons comment plus tard
son fils Absalon s’est rebellé contre lui.
Et nous savons aussi comment le roi David
a un jour commis le double crime de l’adultère et du meurtre :
ce qui a mis à mal la stabilité de sa royauté.
La royauté, l’autorité, quand elles sont fondées sur un consensus
assurent la paix et la justice.
Pour un temps seulement.
Si David est un roi exemplaire,
Dieu lui a cependant annoncé,
Dieu a annoncé à tout le peuple d’Israël
la venue prochaine d’un descendant de David,
dont la royauté sera véritablement stable. Le roi-Messie.

Les consensus humains sont bons, mais ils ne durent pas.
Tôt ou tard reviennent des désaccords,
des divisions bien difficiles à gérer
s’il n’y a pas une perspective transcendante.
Nous pouvons aujourd’hui considérer par exemple
les guerres ou affrontements
dans bon nombre de pays du Moyen-Orient
qui autrefois ont connu la paix.
Ou encore les difficultés actuelles de l’Union européenne
à trouver une perspective pour durer.
Qui est le roi de paix et de justice promis par Dieu ?

Jésus est suspendu à la croix.
Les chefs des prêtres ricanent :
« Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même,
s’il est le Messie de Dieu » (Lc 23,35)
Les soldats romains se moquent :
« Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même ! » (37)
Un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injurie :
« N’es-tu pas le Messie ?
Sauve-toi toi-même, et nous avec ! » (39)

En fait que reproche-t-on à Jésus ?
On lui reproche de ne pas se sauver lui-même.
C’est comme s’il avait été mis en croix
pour tester sa puissance de roi.
Un messie, un roi, n’a pas sa place sur une croix !
Un roi – selon un grand nombre –
doit montrer sa puissance, sa domination.
Les chefs des prêtres et les soldats romains le raillent
parce qu’apparemment c’est eux qui le dominent.
Jésus n’a pas trouvé de consensus.
Il n’a pas réussi à s’entendre avec les chefs d’Israël.
La croix de Jésus reste un scandale hier comme aujourd’hui.
Aujourd’hui, dans bien des pays,
lorsqu’on veut enlever la croix de Jésus de l’espace public,
bien des raisons sont invoquées.
Mais la véritable raison ne reste-t-elle pas
qu’on ne veut pas d’un roi sur une croix !

Le deuxième malfaiteur suspendu à la croix, à côté de Jésus,
reconnaît qu’il mérite ce châtiment,
en raison de ce qu’il a fait.
Puis il se tourne vers Jésus : « Souviens-toi de moi
quand tu viendras inaugurer ton Règne. » (42)
Lui reconnaît en Jésus le roi !

« Rendez grâce à Dieu le Père,
qui nous a arrachés au pouvoir des ténèbres.
Il nous a fait entrer dans le Royaume de son Fils bien-aimé.
Lui, le Fils, il est l’image du Dieu invisible,
le premier-né par rapport à toute créature,
car c’est en lui que tout a été créé (…)
Il est avant tous les êtres,
et tout subsiste en lui (…).
Car Dieu a voulu que dans le Christ
toute chose ait son accomplissement total.
Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui,
sur la Terre et dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix. » (cf. Col 1, 12-20)

Voilà frères et soeurs notre roi.
Ni un roi dominateur, ni un roi du consensus,
mais un roi qui donne sa vie pour nous
parce qu’Il est avec nous dès le commencement du monde !

Au terme de cette année de la foi,
qu’il nous est bon de célébrer le Christ roi,
dont l’amour pour nous surpasse tout amour !
Qu’il nous est bon de renouveler notre foi en un tel roi !

Qu’il nous et bon de nous consacrer ensemble,
au coeur de notre diocèse de Montréal,
au Sacré Coeur de Jésus, doux et humble,
qui a tant aimé le monde,
et d’où jaillissent l’Eau et le Sang
qui donnent au monde la Vie véritable.

Qu’il nous est bon de nous consacrer ensemble,
au coeur de notre diocèse de Montréal,
au Coeur immaculé de Marie,
qui nous apprend à accueillir un tel Roi dans nos vies !

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