FMJ MtlSamedi, 33e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
1 M 6, 1-13 ; Ps 9 ; Lc 20, 27-40
23 novembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

 

Ranimer ta lampe au cœur lumineux de la Vierge

« Pour eux, il n’y a pas de résurrection ». (cf. Lc 20,27)

Les sadducéens sont des hommes très religieux,
mais pour eux, il n’y a pas de résurrection.

Ils croient en ce qu’ils font pour Dieu
puisque ce sont les grands organisateurs des sacrifices,
gérants du temple,
qui se remplissent les poches de ce grand business religieux.

Ils croient en ce qu’ils font pour Dieu.
Mais ils ne croient pas
en ce que Dieu peut faire pour eux dans l’invisible.
Qu’il y ait des anges est pour eux impossible.
Comme est impossible la Résurrection.

Jésus, comme l’Évangile de Matthieu
et de Marc nous le rapportent,
dévoile le pourquoi de cette incroyance :
« Vous ne connaissez ni les Écritures
ni la puissance de Dieu » (Mt 22,30).

Ceux qui connaissent les Écritures
sans connaître la puissance de Dieu
sont de grands savants
mais qui interprètent l’Écriture
à la mesure de leur propre horizon,
aplatissant l’Évangile pour qu’il ne dérange pas
nos concepts mondains.

Ceux qui connaissent la Puissance de Dieu
sans connaître les Écritures
sont des chrétiens sans racines
qui font beaucoup de bruit
mais fabriquent une toute puissance
à leur image et ressemblance.
Les premiers ont une espérance toute plate.
Les seconds ont une espérance désincarnée.
Notre espérance sera vivante
si nous permettons à la Parole de Dieu de nous habiter
en laissant l’Esprit Saint nous féconder.

D’ailleurs, là où l’Esprit n’est pas accueilli,
la Parole n’est plus qu’une lettre morte
comme un vieux journal jauni.

Là où la Parole n’est pas accueillie
l’Esprit Saint est confondu
avec nos projections et nos manipulations

*

Qui a su vraiment faire place en soi
et à la Parole et à l’Esprit De Dieu ?
Qui a accueilli en soi la mission du Verbe
inséparable de la mission de l’Esprit ?
Marie !

Alors Marie serait-elle l’icône de l’espérance ?
Oui, sans aucun doute !

C’est ce que le Pape François a dit aux moniales camaldules
avec lesquelles il est allé prier jeudi.

« Qu’il me soit fait selon ta Parole » (Lc 1,38) :
Ces mots de Marie ne sont pas seulement une acceptation,
ils constituent une ouverture confiante à l’avenir :
ce sont des mots d’espérance.

Marie ne savait pas comment elle deviendrait maman
mais elle a fait totale confiance au mystère
qui allait s’accomplir,
et elle est devenue la femme de l’attente et de l’espérance.

Et si nous regardons la vie de Marie,
nous nous rendons compte
que jamais son espérance n’a vacillé.
Et cela bien que la mission et l’identité de Jésus
dépassent totalement sa maternité humaine
et lui causent d’immenses appréhensions…

Qui saura raconter la Passion de Marie ?
Il faut être mère et avoir perdu son fils unique
pour en avoir une petite idée…

Et pourtant aux pieds de la croix,
l’espérance de Marie ne s’est pas éteinte
comme une flamme soufflée par le vent de la peur.
Elle a continué à espérer
l’accomplissement d’un mystère plus grand que sa douleur.

Quand humainement, il n’y avait plus d’espérance,
elle aurait pu s’effondrer et dire :
j’ai été trompée…
Non…
Sa foi lui a fait attendre le demain de Dieu.
Sa foi était à côté du tombeau
comme la lampe du tabernacle,
la seule lumière allumée…

Son espérance s’était nourrie d’écoute, de contemplation
de patience, laissant venir, laissant mûrir, le temps de Dieu…

Et son espérance a été comblée…
Le pape invitait jeudi les moniales
à contempler l’embrassade du Fils et de la Mère
dans la Résurrection…
Et il posait la question :
cette lampe de l’espérance accrochée au tombeau,
est-elle encore allumée dans les monastères ?
Est-ce que dans les monastères
on attend le lendemain que Dieu fera surgir ?

Chers frères et sœurs,
si notre espérance vacille
c’est vers Marie qu’il nous faut nous tourner…
C’est Marie qui nous apprend à accueillir
et la Parole et l’Esprit de Dieu…
En nous confiant à son Cœur immaculé,
comme notre évêque nous y invite ce soir,
nous deviendrons ensemble cette petite lampe allumée
qui proclame que la mort est désormais un passage vers la vie.

Marie apprend nous à mettre notre confiance
non en ce que nous faisons pour Dieu
mais en ce que Dieu fait et fera pour nous.

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