FMJ MtlMercredi, 5e Semaine de Carême – A
Frère Antoine-Emmanuel
Dn 3, 14-20.91-92.95 ; Ct Dan 3 ; Jn 8, 31-42
9 avril 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Exilé loin de l’amour

Sidrac, Misac, Abdenago ont refusé d’adorer la statue d’or
du roi Nabuchodonosor
quand ont retenti le cor, la flute,
la cithare, la harpe, la lyre, la cornemuse.

Et toi, mon âme qu’as-tu fait ?

Les mélodies de notre monde, je les ai entendues.
Elles m’ont invité à entrer dans la course
au plaisir, aux honneurs, au pouvoir.
Et je me suis laissé prendre à ce jeu.

J’ai bien entendu ta voix, Seigneur,
qui de la croix m’appelait
mais j’ai préféré la statue d’or.
Ce qui brille m’a séduit et ne cesse de me séduire.

J’ai adoré la statue d’or de la consommation.
J’ai aimé posséder.
J’ai aimé le pouvoir d’achat.

J’ai adoré la statue d’or de la notoriété.
J’ai aimé être vu, être célébré, être admiré.

J’ai adoré la statue d’or du plaisir.
J’ai aimé jouir, être puissant sur mon corps
et sur celui des autres.

J’ai adoré la statue d’or du pouvoir.
J’ai aimé ma volonté propre,
mon indépendance de Dieu et des autres.

En tout cela, je me suis cru libre.
Je me pensais libre.
Je m’affirmais à moi-même que j’étais libre.
Mais ton Évangile, Seigneur, m’a ouvert les yeux :
Le péché n’est jamais, jamais, un acte de liberté.
Je suis captif.
Captif de toutes mes passions.

Les mélodies du monde m’ont lié.
Les statues d’or m’ont ligoté.

Sidrac, Misac et Abdenago chantent
et Te bénissent dans la fournaise.
Et moi je pleure.

J’ai perdu la beauté et la liberté
que le Baptême m’avait donné.
Je suis le jouet de mes passions.
Elles m’embarquent à droite, à gauche
sur des chemins qui semblent avenants et réjouissants
mais qui me lient toujours d’avantage.

J’ai délaissé ma qualité de fils.
Je n’ai ai fait qu’à ma tête.
Et je me retrouve loin de la maison.
Exilé loin de l’amour,
exilé loin de la chasteté, exilé loin de la joie…

Tu avais imprimé en moi le visage du Fils,
tu m’avais ouvert ta maison pour y demeurer à jamais.
Moi, j’ai perdu la mémoire de ton nom de Père, de ‘tendre Père’,
et mon ‘Notre Père’ a perdu sa tendresse et sa joie.

Je m’égare brebis perdue, viens chercher ton serviteur…

Que ton Fils, ton Unique, ton Bien-Aimé
vienne me re-mettre en liberté,
Qu’Il me donne Sa liberté.
La liberté de ne pas pécher.
La liberté de revenir tout de suite à Toi si je m’égare à nouveau.
La liberté d’aimer.
La liberté de Te choisir, de Te recevoir, de T’aimer.
La liberté d’être moi-même.
La liberté d’être fils.
La liberté d’être frère.

« Si le Fils vous libère, vous serez vraiment libres »,
Vraiment libres.
Voilà ce que nous venons puiser dans ton cœur, Seigneur,
en cette Eucharistie.

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