HoimgDIMANCHE DE RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR – A
Frère Thomas
Is 50, 4-7 ; Ps 21 ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26, 14 – 27, 66
13 avril 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La Passion volontaire de Jésus sur la croix

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ
est au cœur de notre foi chrétienne.
Il importe donc que nous en ayons une bonne intelligence.
Si Jésus est arrêté, condamné, malmené,
humilié jusqu’à l’extrême
et mis à mort avec une cruauté sans égale,
il n’en demeure pas moins que sa mort sur la croix
constitue une décision libre de sa part.

Sa Passion revêt aussi un sens très large :
accomplir les Écritures, faire la volonté du Père
et donner sa vie à tous les humains.

La Passion est par ailleurs
l’acte d’amour universel par excellence,
par lequel Dieu S’ouvre à tous les humains
de tous les lieux et de tous les temps,
les rejoignant au plus bas qu’ils soient tombés !

Un certain regard sur la mort de Jésus en croix
consisterait à y voir de l’imprudence,
voire de l’inconscience.
En effet, Jésus savait très bien que les chefs des prêtres
qui étaient à Jérusalem avaient décidé de le mettre à mort.
Pourquoi donc est-Il allé à Jérusalem ?
Ne S’est-Il pas ainsi jeté dans la gueule du loup ?

Mais alors nous pourrions nous interroger
sur bien des aspects de son ministère et de sa prédication.
Pourquoi Jésus faisait-il des guérisons le jour du sabbat,
et même en pleine synagogue ?
Il savait bien que cela ne plaisait pas aux notables Juifs.
Pourquoi Jésus fréquentait-Il les publicains et les pécheurs ?
Pourquoi Jésus parlait-Il comme s’Il était Dieu,
en pardonnant par exemple les péchés,
ou en proclamant Dieu son Père ?
Pourquoi Jésus invectivait-Il
les scribes et les pharisiens comme hypocrites ?

Jésus savait très bien qu’avec de telles actions,
de tels comportements et de telles paroles,
Il ne se ferait pas beaucoup d’amis
parmi les responsables religieux de son peuple.
Jésus était-Il un homme inconscient, naïf,
sans aucun sens de la diplomatie,
ni du « politically correct » ?

Non ! Jésus avait un objectif :
celui précisément de mourir sur la croix.
Il l’a annoncé par trois fois à ses disciples.
Et à Pierre, qui voulait L’en empêcher,
Il a dit : « Passe derrière Moi Satan ! » (Mt 16,23)
Nous avons du mal à comprendre une telle attitude de Jésus.
Ou bien alors Jésus n’aurait-Il pas provoqué les pharisiens,
les scribes, les chefs des prêtres à Le mettre à mort ?
Nous dirions alors : « Il l’a cherché, Il l’a eu ! »
comme un enfant finit par recevoir des coups
d’un camarade qu’il provoque.

Nous n’en finirions pas d’approfondir le sens
de la Passion volontaire de Jésus sur la croix.

Lorsque Jésus est arrêté,
Pierre dégaine l’épée pour défendre Jésus.
Décidément Pierre ne veut pas
qu’il arrive du mal à son Maître.
Jésus lui répond :
« Comment s’accompliraient alors les Écritures ? » (Mt 26,54)

Par sa mort sur la croix,
Jésus vient donc accomplir les Écritures.
« J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient » (Is 50,6).
disait le prophète Isaïe près de 500 ans avant.
Et c’est bien ce qui est arrivé à Jésus.
« Je n’ai pas protégé mon visage
des outrages et des crachats. » (Id.)
C’est pour cela que Jésus, dans sa Passion volontaire,
désire passionnément faire la volonté de son Père.
Non pas d’une obéissance servile ou aveugle.
Jésus fait totalement sienne, et librement,
la volonté du Père.
Jésus passe une nuit entière à prier
pour que cette volonté s’accomplisse,
pour que sa faiblesse humaine ne prenne pas le dessus.
Jésus S’abaisse en devenant obéissant
jusqu’à mourir sur une croix.
Ce n’est pas le Père qui enverrait son Fils à l’abattoir.
C’est le Fils qui décide librement d’entrer dans le plan du Père.
Et ce plan… c’est le Salut du genre humain.
Avant de mourir, Jésus institue l’Eucharistie,
où le pain qui devient son Corps
et le vin qui devient son Sang,
signifient à jamais que c’est pour nous que Jésus donne sa Vie.
« Je donne ma vie pour mes brebis » a dit Jésus (Jn 10,15).
Ou encore : « Le Fils de l’Homme est venu pour servir
et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10,45).

Ainsi, en mourant sur la croix,
Jésus ne Se jette pas bêtement dans la gueule du loup,
ni ne provoque ses adversaires d’une façon téméraire.
Jésus accomplit les Écritures du peuple d’Israël,
Jésus fait la volonté du Père,
Jésus donne la vie à tout le genre humain.

Mais nous pouvons encore considérer
comment dans sa Passion
Jésus embrasse toute l’humanité.

Si la mort de Jésus sur la croix est appelée « Passion »,
c’est que véritablement par elle
Jésus aime passionnément toute l’humanité.
Jésus aime passionnément son peuple Israël.
Jésus reste Juif parmi les Juifs.
Il monte avec son peuple à Jérusalem pour célébrer la Pâque,
la fête de la sortie de l’esclavage d’Égypte.
Jésus aime passionnément les chefs de son peuple :
si eux veulent sa mort,
Lui reste disponible pour échanger avec eux,
et ne leur rend pas l’insulte pour l’insulte,
ni le coup pour le coup.
Jésus aime passionnément ses disciples,
à qui Il confie le sacrement de l’Eucharistie avant de mourir,
et qu’Il protège de ceux qui viennent l’arrêter.
Jésus aime passionnément Judas, à qui Il offre une occasion
de se repentir de sa trahison pendant le dernier repas.
Jésus aime passionnément les soldats romains qui l’exécutent.
Il aime passionnément la foule qui assiste à sa mis à mort.
Il aime passionnément les malfaiteurs crucifiés avec Lui
et tous ceux qui se moquent de Lui.

Dans sa Passion, Jésus, vidé de Lui-même,
abandonné entre les mains du Père,
est devenu pur Amour.
Il rejoint tous ceux et celles qui en tous lieux et en tous temps
sont vidés de leur dignité par leurs semblables
ou par la dureté de la vie sur cette Terre.
Jésus vient nous rendre notre dignité.
Désormais Dieu n’est inaccessible à personne sur la Terre…
puisqu’Il a décidé d’imprimer Sa vie
au cœur de chacune de nos morts !

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