FMJ MtlMercredi, 6e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Jc 1, 19-27 ; Ps 14 ; Mc 8, 22-26
19 février 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Dis-moi, miroir, ce que je ne vois pas …

Imaginez que ce matin
je me sois regardé dans le miroir de la salle de bain.
Je vois que j’ai une grosse tache sur le visage…
à faire peur.
Je le vois… je regarde… j’observe.
Et je m’en vais au travail, oubliant complètement
que mon visage est défiguré.

À quoi cela a-t-il servi
de me regarder longuement dans le miroir ?
À rien !

C’est cela qui se produit souvent
quand nous lisons la Parole de Dieu.
La Parole de Dieu est comme le miroir :
elle me révèle ce qui est en moi
et que moi je ne vois pas.
Elle me révèle ma misère, et celle du monde;
et elle me révèle notre vraie beauté, notre espérance,
celle qui est cachée dans les profondeurs de notre être.

Mais que faisons-nous de ce que la Parole nous a révélé
au moment où nous fermons notre Bible ?
À ce moment précis, nous avons trois possibilités.
En termes informatiques, on pourrait dire que je peux
soit « sauvegarder » ;
soit « sauvegarder et mettre en pratique » ;
soit « oublier »…

L’apôtre Saint Jacques nous appelle aujourd’hui à
à mettre en pratique la Parole (Jc 1,22).
Ce que le Seigneur m’a révélé, je veux en vivre.
Si le Seigneur m’a montré ma misère et celle du monde,
c’est qu’Il veut prendre la route avec moi
et me conduire sur un chemin de libération et de salut.
Saint Jacques nous le dit d’une manière bien précise :
Accueillez humblement la Parole semée en vous (V. 21).
La Parole de Dieu est une semence pleine de vie,
une petite semence qui a des potentialités divines incroyables…
Mais elle ne peut donner tout son fruit
que lorsqu’elle est accueillie humblement.
L’humilité devant la Parole, voilà la bonne terre…

Seigneur que suis-je devant ta Parole…
Je ne suis que poussière et cendre.

Et Jacques poursuit :
la Parole est capable de vous sauver (id).
Jacques ne parle pas d’une petite consolation sensible :
il parle de salut.
Cette Parole que tu reçois,
elle contient mystérieusement le salut du monde…
Quelle merveille !

*

C’est de cette manière que nous pouvons accueillir
l’Évangile de ce jour.
Le miroir de ce jour…
Et que voyons-nous de nous-mêmes et du monde
dans ce miroir évangélique ?

Nous voyons… que nous sommes aveugles !
Nous sommes si loin de voir toute la grandeur de l’œuvre de Dieu,
toute la beauté du visage de Jésus,
toute la démesure de la tendresse de Dieu
qui se penche sur nous.

Nous voyons aussi
que le Seigneur se laisse rejoindre par notre appel
quand nous Lui présentons nos frères et sœurs,
quand nous Lui présentons notre besoin
de trouver ou retrouver la vue.

Et que fait-Il ?
Il nous « touche » !
Il vient toucher nos yeux, notre corps, notre vécu.

Et au rythme qui est adapté à ce que nous pouvons vivre,
Il nous guérit,
Il ouvre nos yeux fermés,
nos cœurs barricadés,
nos vies renfermées…
C’est magnifique de voir
que Jésus opère par étape.
Non qu’Il ne soit pas capable d’ouvrir d’une seule Parole
les yeux de l’aveugle,
mais parce qu’Il entre étape par étape dans notre vie.

Toute l’œuvre du Christ est une œuvre patiente
qui se déploie dans le temps
chaque étape, chaque toucher de Dieu
prépare une nouvelle étape, un nouveau toucher,

*

Alors, comment mettrons-nous en pratique cet Évangile ?
Par la confiance en ce travail patient du Christ,
dans le monde et en nous-mêmes.

Nous tenons et nous tiendrons, ensemble,
dans la prière et dans la foi,
et nous nous pencherons vers la loi parfaite,
celle de la liberté,
et nous nous y appliquerons (Jc 1,25).

Jour après jour nous écouterons la Parole,
la recevant comme une Loi,
c’est à dire comme le chemin sur lequel nous voulons marcher…
Et le Seigneur peu à peu nous refaçonnera
rendant notre visage, notre regard,
notre vie de plus en plus semblable
à Son visage, à Son regard, à sa Vie.

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