FMJ MtlVendredi. 33e Semaine du Temps ordinaire – B
Frère Antoine-Emmanuel
1 M 4, 36-37.52-59 ; Ct 1 Ch 29 ; Lc 19, 45-48
20 novembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Devenir liturgie

Quel est donc le sens de l’expulsion des marchands du temple
dont nous sommes témoins en ce jour ?

Pour répondre à cette question,
il nous faut partir du Livre du prophète Zacharie.

Nous sommes à l’époque du retour d’exil
et de la reconstruction du Temple.
Voici que le prophète Zacharie voit déjà plus loin
et annonce le jour du Seigneur :
« Quand le Seigneur viendra
avec tous les saints (Za 14,5) ».

Ce sera un jour de lumière éternelle
où Dieu règnera sur toute la terre.
De Jérusalem jailliront des eaux vives (c. v. 8)
et toutes les nations viendront adorer Dieu

Ce règne se manifestera en particulier dans la vie
des habitants de Jérusalem et de Juda:
ce jour-là, tout sera fait avec Dieu, en Dieu, pour Dieu.
La vie deviendra une célébration de Dieu,
une liturgie sacrée.

Ainsi toute viande mangée en famille
sera comme la viande jusque là offerte
en sacrifice dans le Temple!

Alors ceux qui viennent de loin
pour célébrer le Seigneur
pourront simplement utiliser les marmites
des habitants de Jérusalem.

Toute la ville devient le Temple.
Tout le peuple de Jérusalem devient sacerdotal.

Et par conséquent, il n’y aura plus de marchand
dans la maison du Seigneur en ce jour-là (v. 21).
parce qu’il n’y aura plus besoin
de faire de commerce d’animaux dans le Temple.

Tout à Jérusalem sera devenu offrande,
sacrifice de louange, adoration !

*

Frères et sœurs, le geste de Jésus
expulsant les marchands
n’a rien à voir avec un coup de colère.
Son geste est un message, un signe très clair :
aujourd’hui la prophétie de Zacharie est accomplie !
Aujourd’hui avec mon entrée dans la ville sainte,
le jour de Dieu commence.
Aujourd’hui est inaugurée
cette nouvelle manière de célébrer et d’adorer Dieu :
tout va devenir liturgie !
Comment ?
Zacharie ne nous le dit pas.
Mais du matin au soir,
toute la vie va pouvoir être adoration !

*

Ce que le prophète Zacharie ne nous dit pas,
l’Évangile va nous le révéler :
comment cela va-t-il se faire ?
Comment ma vie quotidienne
peut-elle devenir sacrifice de louange ?

La réponse est dans la personne de Jésus.
Le sacrifice, l’offrande et même l’holocauste,
Jésus l’a offert sur la croix
et cette offrande est éternelle.
Or, cette offrande Jésus nous la donne.
Il nous donne son offrande au Père.

Viens !
Entre dans mon sacrifice,
dans mon holocauste d’amour au Père.
Le Père cherche des adorateurs
en esprit et en vérité (Jn 4, 23-24).
En faisant tienne mon adoration,
tu vas vraiment bénir, louer, célébrer, adorer le Père.

Alors nous n’avons plus à monter
dans un temple de pierre
à Jérusalem, au Garizim ou ailleurs (cf. v. 20).
Où que tu sois, avec Jésus, grâce à Jésus,
tu peux aimer, tu peux adorer.
À la maison, dans le métro,
à table, au Centre d’achats,
au téléphone, en bus, devant un ordinateur,
à la cuisine, au travail…
nous pouvons nous unir à l’offrande de Jésus.
Il n’y a rien d’humain
qui ne peut être uni à l’offrande de Jésus
puisque Jésus est venu s’unir
à tout ce qui est humain.

Et ce qui est inhumain, c’est-à-dire le péché,
Jésus en prend le venin,
transformant le drame du péché
en une occasion de renouveau de l’Alliance avec Dieu
et d’émerveillement, d’adoration.

Voilà ce que nous célébrons chaque dimanche
et même chaque jour dans l’Eucharistie.
Nous déposons sur l’autel toute notre vie
pour qu’elle soit emportée dans l’offrande de Jésus,
pour que soit consommée
la liturgie du service au travail et en famille,
la liturgie du sourire dans le bus et dans le métro,
la liturgie du silence dans le fracas de la ville,
la liturgie de la persévérance
et de l’espérance dans la maladie ou la dépression,
la liturgie de nos lectios et de nos oraisons,
la liturgie de la paix dans le sommeil
et de la joie partagée dans le loisir,
la liturgie du don de soi dans la sexualité,
la liturgie de la compassion
et de la miséricorde en toute occasion,
En un mot, la liturgie de l’amour.

Regarde Seigneur le sacrifice et ton Église
et daigne y reconnaître Celui de ton Fils.
Que l’Esprit Saint fasse de nos vies une sainte liturgie,
qu’il fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire. (P.E. n° III).

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